Je le vis se rapprocher de moi.
Ce garçon, je ne le connaissait pas, mais ça faisait quelques temps que je l'observais et dès qu'il tournait la tête dans ma direction, je m'empressait de tourner la mienne vers mon livre, cachant mon visage entre les pages. Toujours souriant, il avait l'air d'aimer les mouettes, étonnant d'ailleurs.
Je ne savais rien de lui, j'aimerai bien pourtant mais quelque chose m'en empêchait.Une mains tendue vers moi me sortit de mes pensées. Je ne compris pas tout de suite que s'il s'était rapproché, c'étais pour venir me voir.
Je levais lentement la tête, morte de peur à l'idée d'enfin le rencontrer pour de bon, et vis ses lèvres remuer rapidement...
Je ne compris pas tout de suite son intention, n'arrivant pas à lire sur ses lèvres vu la rapidité avec laquelle il les mouvait, mais selon la logique des chose, quand on rencontre quelqu'un pour la première fois, on lui dit bonjour et on se présente, j'en conclus donc que c'était ce qu'il était en train de faire.
Je me mis debout, hésitante, posai mon livre sur ma serviette, frottait mes jambes de sorte à en enlever le sable et une fois prête, lui serrait finalement la main, mon plus beau sourire au lèvres.
Il me dit alors quelque chose, et quand je vis ses lèvres se refermer, je fis ces gestes que je répétait à tout le monde, si simples mais si lourds de sens. Je lui fis un geste de main au niveau de ma gorge, la bouche ouverte, lui pointant ensuite mes oreilles en faisant non de la tête.Je suis sourde et muette.
Mais je ne l'ai pas toujours été.
La moitié de ma courte vie, qui sera surement le meilleur moment de mon existence toute entière, avait été ponctuée de rires sonores, de bavardages incessants en classe, de musique écoutée à fond dans mes écouteurs blancs, du bruit des voitures en bas de chez moi, de vie.Tout ça était fini, le même silence morbide retentissait sans relâche, comme un avant-goût de la mort.
Seul un sifflement strident était ce que le monde me permettait d'écouter.J'était une grande passionnée de guitare et de musique en général. Cette maladie avait brisée tout mon monde. Je me souvient aussi qu'on m'appelait "la pipelette", je parlais beaucoup, racontant mes histoires à ceux qui voulaient bien les écouter.
Je pouvait toujours lire et écrire, ces moyens étaient ceux qui avait remplacés la musique, je pouvais alors m'évader.
Puis j'appris la langue des signes, mes proches aussi, et puis dans ce genre de rencontre où la personne en face n'était pas préparée, je pouvais toujours lire sur les lèvres et je gardait toujours un petit bloc note sue moi au cas où.Mais ça allait mieux depuis ces quelques années, il fallait bien que je m'y habitue, après tout, je ne contrôlait pas le temps.
Le bruit des vagues me manquait, le chant des mouettes aussi.
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•La serviette bleue•
ContoIl était là, elle était là aussi. La plage témoin de leur rendez vous secret, tellement secret qu'elle n'en était même pas au courant. La difficultée pour lui, un simple mot, bonjour. Pour elle, tous les mots du monde, tout à dire. On nous dit souv...