Le début de la fin. (Terminé)

9

Il n'est plus là.

Ce fut comme un coup de fusil. J'avais envie de le prendre dans mes bras et de lui dire que tout allait bien, que j'étais là mais c'était impossible.

Je ne pouvais plus parler, ni même bouger, je voyais cette scène comme pétrifié.

Puis tout parti en particule le même brouhaha, les même cris; le même tourbillon, avec la pression de cette tempête je refermais les yeux, puis le même calme s'ensuivit.

J'étais au même endroit que tout à l'heure sur ce même trottoir. L'instinct m'indiqua de rentrer dans ma maison. Cette fois-ci je n'y allais pas en courant, je redoutais de voir ou d'entendre quelque chose qui allait me crever le cœur une seconde fois.

J'entrouvris délicatement la porte. 

Il n'y avait personne dans la cuisine. Je continuais jusqu'au salon. Lena venait d'éteindre la télé. La voir une deuxième fois passé à côté de moi sans un regard était un supplice.

Elle était cette fois-ci rayonnante pleine de vie, un homme assis dans un canapé dos à moi pliait un journal. Je ne reconnu pas tout de suite qui c'était.

L'homme se leva, se tourna et passa à côté de moi sans un regard. Ce fut un énorme choc le plus grand de tous, je délirais, j'étais fou, la personne c'était moi ! Comment pouvait-on se voir ? C'était impossible !

Ils discutaient tout les deux en rigolant,  se dirigeant vers leur chambre, MA chambre. Je passais devant un calendrier qui indiquait la date d'aujourd'hui 9 février 2008, je me souviens de cette journée j'avais eu une promotion à mon trav...

Puis soudain tout fut clair. Ce que je vivais était un souvenir, j'avais vécu cette journée. Nous avions regardé un vieux film de cow-boy avec Lena... Bizarrement le souvenir semblait incomplet.

C'était si étrange et improbable que ça confirmait la thèse que j'étais fou.

Je me glissais dans la chambre, ma femme éteignait la lumière avec un "bonne nuit" rempli d'amour à mon "moi du souvenir"

Les heures du réveils s'accélèrerent comme si une force inconnue voulait me montrer quelque chose. L'aiguille s'arrêta de tourner; il était 4h30. 

A ce moment là, mon moi du passé ouvrit grands les yeux, haletant, cherchant de la main le bras de sa femme, qui se réveilla en douceur puis voyant son mari en sueur devenant de plus en plus blanc, elle compris que quelque chose n'allait pas, elle se releva d'un coup dans le lit. 

-qu'est-ce qu'il y'a ? Demanda-t-elle inquiète. 

Lui essayait de répondre en vain, haletant de plus en plus rapidement et cherchant de l'air. Lena criait, cherchait quoi faire pour l'aider quand soudain il se raidit ne respirant plus, la tête retombé d'un seul coup sur l'oreiller.

Alors Lena appela le SAMU tout en faisant un massage cardiaque à son homme. 

Je voyais ça et je comprenais tout. Je savais la fin de cette histoire, je compris.

Les pompiers arrivèrent, reprirent le massage cardiaque quelques minutes puis arrêtèrent, jugeant qu'il n'y avait plus rien à faire. Lena, choquée, pleurait tandis que mon corps était drapé puis posé sur une civière. J'étais comme aspiré de cette scène, les voix, les cris devenaient des échos. Tout était fini. 

J'étais mort. J'étais mort. J'étais mort.

Comment pouvait-on accepter une réalité pareille, c'est donc ça ce qu'il y'avait après la mort? Le néant ? 

Ayant été raccompagné par un tourbillon dans ma cellule, je pleurais, je criais et en même temps ce fut l'oubli total; 

L'oubli de tout ce qui me caractérisait, de tout mes souvenirs, de toutes mes connaissances. Adieu Lena, Antoine, Charlotte. Adieu ma vie. Je ne me rappelais de rien. Je n'étais rien. Je n'étais personne....

....

- Félicitations madame c'est un très beau bébé, un petit garçon! Dit le médecin tenant un bébé qui criait de tout ces forces. 

On donna le bébé à la dame qui pleurait de joie.

-Comment allez vous l'appeler? Demanda une des infirmières. 

- Avec mon mari nous avons choisi Eliot. 

- Et bien bienvenue au monde Eliot ! Dit une des sages femmes souriante.

Ainsi la fin d'une vie en fait débuté une autre. Le malheur des uns fait le bonheur des autres.

FIN.