Ambroise arriva essoufflé au gymnase. L'entrée principal lui était interdite car il n'avait pas été en cours, il devait donc passer par l'entrée interdite, réservé pour les comédiens en retard. Le temps de se changer, il était déjà 18H35.
" Oh regarde, Juliette, voici ton Roméo ! Et à mon avis, il a louper son cheval blanc !"
Le jeune homme remercia intérieurement le professeur Shakes pour son humour à toute épreuve. Après une journée si rude, se fait rabrouer encore une fois aurait été la goutte de trop.
"- Bon, c'est pas grave Ambroise. Tu aideras à ranger le matériel. "
Ambre s'assit donc sur le côté et contempla sa Juliette. Son visage se détentait, et ses joues reprirent un colori rose normal. Que serait une Juliette sans son Roméo ?
A la fin des dix minutes qu'il avait à attendre, Ambroise se leva et commença à ranger les affaires. Quand il eut finit, il ne restait que lui et monsieur Shakes, alors après de multiples excuses, il marcha machinalement vers les vestiaires. Il avait la tête dans les nuages, toujours aussi déprimé. Les effets de ses cachets commençaient à se faire ressentir, et bientôt il rentrait dans une transe qui lui était bien connut.
Devant ses vestiaires, il ouvrit la porte. Soudain, il réalisa qu'il n'était pas dans les bons vestiaires et il vit sa Juliette voilée, tentant vainement de se mettre des lentilles. Et c'est là qu'il comprit.
"- Fleur ? s'écria Ambroise Mais qu'est-ce que tu fais avec ses lentilles ?!
-Framboise ! Mais qu'est-ce que tu fais ici !
Fleur semblait être prit sur le vif. Elle ne savait pas où se mettre, et regardait à droite et à gauche.
-Fleur mais, pourquoi tu...
-Entres et fermes la porte ! Monsieur Shakes arrive !
Il l'écouta sans réfléchir et voilà qu'il se trouva, dans le noir, à côté de sa Juliette. Qu'est-ce qui pourrait se passer de pire, après tout ? Quand Ambre entendit le cliquetis de la porte, il regretta immédiatement sa phrase. Les pas s'éloignèrent et toutes les lumières s'éteignirent.
-Fleur ? chuchotta Ambre.
-Framb ? répondit Fleur.
Ambroise sourit. " Framb, c'est vraiment riducule. "
"- Euh et bien, alors, sans vouloir te brusquer, il semble que nous soyons euh... comme qui dirait, héhé, enfermé dans les vestiaires.
Fleur soupira. Elle tâta les murs, alluma la lumière, puis se dirigea vers son sac et rangea ses lentilles de contact.
"-Fleur, c'est très mauvais pour tes yeux de mettre des len...
-Je sais, coupa-t-elle. Seulement c'est soit ça, soit on me traite de monstre.
Ambre s'arrêta de respirer.
- De monstre...?
-T'en vois beaucoup, toi, des jolies filles, toutes pimpantes, avec leurs si belles robes qui coûtent un bras, ou leurs bikinis si petits que leurs peaux dépassent, avec leurs longs et beaux cheveux bruns...et des yeux blancs ? Evidemment que non. Les jolies filles ont des yeux.
-Les jolies filles dont tu parles se ressemblent toutes. Si c'est ça, ta vision de la beauté féminine, c'est vraiment triste.
C'est au visage interloqué de Fleur qu'Ambroise regretta immédiatement d'avoir dit cela de la sorte. Il sentait sa tête tourner, ses mots allaient plus vites que sa pensée. Cependant, ce n'était pas pour ça qu'elle était figée.
-Je... Enfin, tu, toi, en tant que garçon, tu trouves les filles avec les yeux blancs, jolies ?
-Ce n'est pas le côté esthétique qui me dérange...
Sa tête s'alourdissait de plus en plus et il regrettait chaque mot qu'il disait. Il laissa sa phrase en suspens, et même si il avait opté pour quelque chose de pas trop truculent, les sous-entendus étaient bien explicitent. Et Fleur les avaient comprit.
-Alors, c'est quoi ? Le fait qu'on aura besoin d'aide toute notre vie ? Tu sais, je sais très bien me débrouillée toute seule, de toute façon on a pas le choix, sinon on est balancé dans des écoles où on apprend rien, a part 2+2 = 4 toute notre vie! Enfin, si toi t'appelles ça une vie.
Ambroise se sentit de plus en plus hors de lui. Les cachets faisaient enfin effet, et ce fut la première fois qu'il regretta de les avoir prit. Il se tut pour éviter de faire glisser son esprit sur le bout de sa langue.
-On t'accompagne au toilette en tenant ta main, te force à parler de tes ressentis aux autres, et tu ne peux pas pousser tes émotions, sinon personne ne comprend et on te répond comme à un enfant.
-Comment tu sais tous ça ? répondit sobrement Ambroise.
Fleur souffla une seconde fois.
-Avant d'être au lycée j'étais dans une de ses écoles mais mon père a fait les procédures nécessaires pour que je puisse changer. Mais au fond, je regrette.
-Pourtant c'est un très bon lycée.
-Probablement...
Encore une fois, elle se faisait floue. Elle regardait dans le vagues, la tête perdue dans les nuages. Ambroise s'approcha d'elle, lui prit le bras et lui dit, à voix basse :
"-On devrait y aller, nan ? "
Fleur inspira un grand coup. Elle se tourna vers lui, son visage se tordant en une moue douloureuse. Ambroise se demanda ce qu'il y avait. La tête de sa Juliette se pencha, mais elle ne dit rien d'autre qu'un " oui " sur une voix monotone.
Comme prévu, quand il tenta de tourner la poignet, rien ne se produisit. Il avait repéré la petite fenêtre en se dirigea vers elle.
- Fleur, il va falloir passer par la fenêtre.
La demoiselle esquissa un joli sourire. Cette idée semblait lui plaire. Elle prit son voile, commença à le mettre mais Ambroise ne dit rien. Si il avait su que cette fille du bus était en faite, sa Juliette, il ne l'aurais jamais cru.
Il ouvrit la fenêtre, passa discrètement et interpella Fleur.
-Fleur, tu viens ? Je vais t'aider à passer.
-Euh, d'accord.
Elle passa ses mains sur le cadran pour tâter la fenêtre et glissa ses mains froides dans celles chaudes d'Ambroise. Elle sauta et eut peur. Elle se releva et sourit.
-C'est un bon excercice de confiance.
Ambroise enleva ses mains des siennes, et ils partirent prendre le bus. Le trajet semblait si court, et les lascars les regardaient de loin, d'un œil malveillant. Mais aujourd'hui, ils ne viendraient pas l'embêter.
Au moment de partir, Fleur écrit son numéro dans le téléphone
d'Ambroise grâce à la commande vocale. Puis, elle s'enfuit, toujours ce petit sourire au lèvre.
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OSEEAN.
Teen FictionIl est un garçon comme les autres, aussi perdu que les autres. Il hait sortir, mais il doit aller à l'école. Les jours sont les mêmes, encore et éternellement les mêmes. Cela aurait pu continuer encore et encore, si, dans sa vie, il n'y avait pas eu...