--Prologue--

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« L'espoir de la nuit, s'essouffle à l'aurore... »

    Il arrive parfois que les rêves de la nuit, restent enchaînés aux étoiles. Que les espoirs, s'accrochent à la lune, pour que lorsque le soleil se lève, il ne reste que poussière aux rêveurs tels que moi. Mais mon sourire, ne semble pas me quitter, il reste toujours enlacé à mes lèvres, comme pour prouver à ce monde que la lumière est toujours présente en nous. Je crois en mes espoirs, en mes rêves, en mes lumières. Et cette nuit, plus que toutes les autres.

    Recroquevillée sur un matelas moelleux, blottie contre une peluche à l'odeur de vanille, enroulée dans une couverture voluptueuse, rien ne pourrait être plus agréable pour sombrer dans le pays des rêves. Pourtant, l'excitation qui me noue les entrailles, fourmille dans mes jambes, grimpe sur mes hanches, longe ma colonne d'ivoire pour atteindre ma tête emplie de mille et une pensées plus rocambolesques les unes que les autres m'en empêche. J'attends cette délivrance que m'apportera l'aurore. Ce que les étoiles ne peuvent m'offrir, le soleil le peut. Mais cet astre, ne peut rivaliser de beauté avec ces petites boules de feu qui scintillent par millier lorsque la voûte bleue, se peint d'un noir mélancolique.

    L'irrépressible envie de les étudier pour m'apaiser, enserre mon estomac de son étau glacé. J'ai le besoin de les voire, de leurs remettre mes espoirs pour Demain, mes rêves pour Demain. Alors, prise de cette envie fugace, je bondis hors de mon matelas, me recouvre en vitesse d'un manteau, enfile mes bottines de cuir puis me glisse hors de ma chambre sur la pointe des pieds. Je parviens à éviter les lattes grinçantes et heureusement pour moi, j'arrive à la porte d'entrée sans encombres. J'attrape mes clés sur la console du salon, pour enfin sortir de mon foyer avec la plus grande discrétion. L'air frais de la nuit m'enrobe de sa douceur, il apaise mon esprit bouillonnant. Un soupir de contentement s'échappe d'entre mes lèvres, puis est emmené loin par la brise automnale.

    J'enfourche avec difficulté mon vélo rouge, puis m'assois sur la selle qui couine sous mon poids, je soupire et commence à rouler dans les rues paisibles de mon village. Les lampadaires éclairent faiblement ma route, mais je continue, le bruit des rouages de mon vélo rouge rythmant mon souffle. J'arrive essoufflée, après plusieurs longues minutes d'efforts sur les falaises vertigineuses de la côte. Mon vélo coincé entre deux pierres, je m'écroule sur la pelouse fraîche qui vient me chatouiller les joues, alors que mon regard, lui, se perd dans la voûte noire.

    C'est époustouflant, tout les points lumineux semblent tourbillonner autour de la lune dans une danse irréelle. Le monde est si vaste, si intriguant, je me sens terriblement minuscule. Cependant, j'ai également la sensation d'être si proche des étoiles que d'un seul bond, je pourrai les effleurer. Je suis obnubilée par ce spectacle céleste, les étoiles, les constellations, les planètes et les astres : je ne peux m'en passer. Mon père m'a transmis cet amour incommensurable pour la voûte étoilée, il m'a appris à les différencier, à les observer, à les apprécier. C'est pourquoi, l'astrologie m'a toujours passionnée et j'aimerai plus tard, en devenir une. Pourquoi pas ?

Chers étoiles, je vous offre mes vœux pour Demain...

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-Elfie dépêche-toi, tu vas être en retard pour la rentrée !

Mon père ouvre la porte avec précipitation, puis sort de mon armoire une pile de vêtements qui tombent pêle-mêle sur le sol.

Mon réveil ne peut être pire...

-Allez Elfie ! Me presse-t-il en tirant soudainement les rideaux.

La lumière m'aveugle violemment, et je grogne en me cachant sous la couverture que mon père m'arrache des mains en soufflant d'exaspération.

-Elfie, c'est la rentrée fait un effort !

Soudain, ça fait tilte dans ma tête. La rentrée ! Je bondis hors du lit en bousculant mon père au passage puis cours jusqu'à la salle de bain.

-Sort ! Je suis en train de me préparer !

Évidemment, ma sœur se maquille face au miroir, son geste est suspendu dans l'air, elle s'apprête à appliquer sur ses cils déjà interminables une couche de mascara. Je lève les yeux au ciel, puis attrape ma brosse et un élastique pour dompter cette tignasse indisciplinée après le réveil.

-Adèle, arrête de faire ta diva et laisse moi de la place, je m'agace.

Ses yeux noisettes roulent vers le ciel avec insolence mais elle se décale tout de même pour que nous puissions toutes deux voir nos reflets. Nos reflets si différents. Ma sœur est aux antipodes de ce que je peux être, autant dans le physique que dans la psychologie.

-T'es vraiment une grosse vache ! T'as vu la place que tu prends ? Cingle ma sœur avec ses mots soigneusement trempés dans de l'acide.

Je presse fermement mes paupières sur mes yeux, serre les dents pour ne pas m'énerver contre ses piques qu'elle lance à longueur de journée, puis inspire longuement. J'ouvre de nouveau mes yeux en plaquant sur mes lèvres un faux sourire, puis emprisonne ma chevelure dans un élastique noire, la montant en chignon. Une fois, ma toilette matinale finie, je retourne à la chambre dans laquelle je m'habille de nouveaux vêtements soigneusement choisis pour une rentrée spectaculaire. J'attrape mes bottines de cuir à faibles talons, mon sac à dos en main, mon manteau noire sur les épaules, je dévale les escaliers en bois. Je vide d'une traite mon verre de jus d'orange puis dévore ma tartine recouverte d'une épaisse tranche de pâte à tartiner.

-Arrête de bouffer ça tu vas grossir !

De nouveau ma sœur apparaît derrière moi, maquillée comme une mannequin, vêtue d'un pantalon fluide qui met parfaitement en valeur ses interminables jambes, en haut elle a rentré un débardeur moulant d'un gris perle dans son bas. Pour finir sa tenue, elle a ajouté des bijoux dorés et une veste en cuir anthracite. Je repose ma tartine en soufflant, puis me lève en enfilant mon manteau et mon sac, resserrant les lanières de ce dernier. Ma sœur ricane, puis vient se placer à mes côtés en posant une main amicale sur mon épaule.

-C'est bien, Elf'. Tu sais si je dis ça, c'est pour toi.

Mon œil.

-Papa, on y va ! Je crie à travers la maison.

-Bonne rentrée mes poussins !

Adèle souffle avant de pousser la lourde porte, que je viens par la suite claquer derrière moi. Mon vélo rouge, toujours fidèlement posé contre la haie, grince lorsque je m'assois dessus. Je ne perds pas de temps et pédale à toutes vitesses dans mon village des Rosaires. Derrière moi, j'aperçois Adèle rejoindre ses amies sous un arrêt de bus.

Je soupire puis continue mon trajet vers mon nouveau lycée, terriblement excitée à l'idée qu'une nouvelle vie commence pour moi. Et j'ai hâte de commencer cette vie qui -je le sens, prendra un tournant de ma vie renversant...

A nous deux nouveau monde...

Sombre Est Ma LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant