Chapitre 3 (suite)

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Mon portable vibre et me coupe dans mes pensées. C'est Jules.

- Salut toi.

- Enfin tu prends de mes nouvelles, je pensais que tu m'avais déjà oublié.

- Dis pas de bêtise, j'étais super occupé, dit-il d'un air préoccupé.

- Toi ça va pas, je te connais par cœur, raconte.

Je l'entends pleurer tout d'un coup. C'est la première fois.

- Écoute je t'en parle parce que je sais que tu peux me comprendre. Mes parents divorcent, pourtant tout allait bien, je ne comprends pas. Je sais que je suis grand et capable de comprendre mais ça me fait un mal de chien. Dit-il en sanglot.

Quand j'entends son histoire, j'ai l'impression de me revoir des années plutôt. Le moment où on m'annonce que ce bonheur familial est fini à jamais. Je me souviens, ma mère était parti seule chez sa cousine, Alice. Avec Aden, mon frère, on ne comprenait pas, enfin avec le recul je pense qu'Aden avait compris depuis longtemps. Quand on est allé voir notre mère, elle nous a dit que c'était fini, que mon père partait, que tout était fini. Elle nous a dit que c'était la routine, qu'il ne l'aimait plus, encore un de ces mensonges. Je ne veux plus y penser.

- Je suis tellement désolée Jules, je sais à quel point c'est dur mais on s'en sort, je te le promets.

Je n'en croyais pas un seul mot mais qu'est ce que je devrais dire ? Je suis désolée pour toi mais cette douleur va te poursuivre. On idéalise le divorce, on le catégorise : ceux qui se passent bien et ceux qui se passent mal. Mais c'est faux, ça se passe toujours mal en réalité surtout pour les enfants, on devient des écorchés, les premières victimes.

- Je n'arrive pas à le croire Aurore, je ne m'y fait pas, rien que le fait de ne plus partager un repas avec eux deux, ça me tue.

- Je sais bien, il va falloir te créer de nouvelles habitudes, un nouveau rythme de vie, c'est le plus dur de perdre toute ses habitudes aussi banales qu'elles soient.

- J'espère que j'arriverais à m'en sortir comme toi même si je sais par quoi tu en ai passé. Fin j'espère ne pas en arriver là, désolé.

- Ne soit pas désolé, on réagit tous différemment, c'était ma manière de m'en sortir et j'essaye toujours d'ailleurs. Mais toi tu m'as, tu peux compter sur moi, t'es pas seul.

- Oui je sais, tu me manques si tu savais, tout serait plus simple si tu étais là. Mais je peux te poser une question ?

- Oui dis moi, dis-je paniquée.

- Tu as arrêté tout ça ?

Je savais exactement de quoi il parlait, c'était une des seules personnes à savoir.

- Je ne peux pas encore mais ça va aller j'ai rencontré quelqu'un au lycée et je ne suis plus seule, elle s'appelle Nina.

Je l'entends souffler dans le téléphone, il sait que j'essaye de changer de sujet.

- Aurore, j'imagine à quel point tout ça est dur, le divorce, ton frère qui est loin et nous maintenant, a-t-il dit en murmurant comme si il avait peur de ce qu'il disait. Mais est-ce que ça vaut le coup de te faire du mal ?

C'était la question que je redoutais, je me fais du mal depuis la 3e, le moment où tout devenait trop dur. Je me mutile depuis ce moment, mes amis m'ont sauvé de tout ça. Mais parfois nos vieux démons nous rattrape.

- Écoute je n'ai pas envie d'en parler, ai-je dis, vraiment pas envie.

- Bon je dois te laisser mais on aura une conversation ce week-end et tu ne pourras pas t'échapper, a-t-il dit d'un air satisfait.

En rentrant, j'ai raconté ma journée à ma mère qui était ravie que tout se soit bien passé.

Le reste de la soirée, je le passe à parler à Nina. Je pense qu'on va vraiment devenir amie.

Le lendemain, je rejoins Nina devant le lycée comme convenu. On se fait la bise, elle sent bon.

J'aime sa manière de s'habiller : elle porte une jupe rouge effet cuir, un col roulé noir et des bottines. Avec ses longs cheveux qui lui tombent en bas du dos, ça lui fait une sacrée allure. Jamais j'oserais m'habiller comme ça.

On se rends en maths. Pendant que le professeur fait l'appel, je regarde les personnes autour de moi, ce que je n'avais pas fais la veille. Au milieu de classe, je remarque un garçon à coté d'une blonde, elle a la main posé sur sa cuisse. Il me dit quelque chose.

- Liam De lys.

- Present.

Il s'appelle Liam. Tout à coup, je sens son regard, je le reconnais. C'est le garçon du café.

AbîméeWhere stories live. Discover now