White Fox

Chapitre 1 : Un Frère En Colère.

Dix-sept ans. Dix-sept ans qu'elle a disparu. Dix-sept ans que je la cherche. Dix-sept ans que j'espère la revoir un jour.

Pourtant je m'en souviendrais toujours de ce jour d'hiver. La neige était tombée toute la nuit et recouvrait l'environnement de son manteau blanc. Nous jouions dans le jardin, s'amusant à se lancer de la neige en famille. Tout allait bien.
J'avais cinq ans à l'époque, je venais d'avoir une petite sœur et j'étais heureux comme jamais. Nous étions heureux. Je venais de lancer une boule de neige sur mon père quand apparut un van blanc, couleur du temps. Tout s'était passé très vite. Des hommes armés en étaient sortis et des coups de feu avaient retenti. A cet instant la peur s'était mis à couler dans mes veines. Nous avions paniqué mais ils avaient vite pris le dessus en nous coinçant tous les quatre au milieu du jardin. Ma petite sœur s'était mise à pleurer. J'avais demandé à mon père ce qu'il se passait, étant trop petit pour comprendre. Il ne m'avait pas répondu. Les hommes avaient crié et nous avaient violemment menacé. Mes parents avaient essayé de les raisonner. Ils ne répondirent rien et ne demandèrent qu'une chose. Ma petite sœur. Mes parents avaient refusé mais sous les menaces, les hommes armés ne leur avaient pas laissé le choix. Ils avaient arraché le bébé d'un an à ma mère sans que je ne puisse réagir avec mon père. Je les avais vu l'emmener dans leur van sans que JE ne puisse rien faire ! J'avais hurlé, ma mère s'était effondrée en pleurant et mon père avait appelé la police, aussi blanc qu'un mort.

Ce jour-là tout s'était écroulé. Mes rêves, ma bonne humeur, ma volonté de vivre. Ce jour-là, mon cœur s'était fissuré et n'a toujours pas cicatrisé aujourd'hui. Maintenant, je ne vis plus qu'avec son souvenir et mes remords.

Je m'appelle Benjamin, j'ai vingt et un ans et ma vie ne ressemble à rien. J'ai très peu d'amis, j'ai eu tout juste mon bac au rattrapage et je n'ai aucun projet d'avenir. Je suis un mec paumé qui ne s'est toujours pas remis de la disparition de sa sœur et qui n'a aucune vie sociale.

Mon père et ma mère ont surmonté tant bien que mal leur douleur pour m'aider à avancer. Mais malgré leurs efforts, je suis toujours perdu, hanté par le souvenir de ma petite sœur.

Journal de 20h :
'' Aujourd'hui nous voulons rendre hommage à une petite fille disparue depuis maintenant 17 ans.
Nous pensons très fort à sa famille qui a eu beau la chercher mais qui ne la toujours pas trouvé.
Les agents de police en charge de cette enquête ont décidé avec l'accord de la famille de se rendre à l'évidence qu'il y avait très peu de chance que la jeune fille soit toujours en vie... ''

- Ils disent n'importe quoi, jamais on arrêtera de chercher ! Ma sœur n'est pas morte ! Criais-je à l'intention du journal télé qui venait de diffuser un commentaire sur la disparition de ma princesse.

Cela faisait aujourd'hui dix-sept ans que nous avions signalé sa disparition et les recherches avaient duré jusqu'à ce que mes parents décident quelques mois plutôt avec les agents de police de laisser tomber. Mon père et ma mère disent que c'est perdu, que les hommes qui ont enlevé leur fille ont gagné et qu'il faut passer à autre chose.

- Benjamin tu sais ce que disent les inspecteurs, il y a très peu de chance pour qu'elle soit encore en...

- Je t'interdis de dire ça maman, je vais continuer de chercher et je la retrouverai. La coupais je.

Je ne pouvais m'empêcher de m'énerver dès qu'on parlait d'Elle. C'était le point sensible de notre famille.

- Enfin Benjamin tu as maintenant vingt et un ans, il est temps pour toi de construire ta vie, au lieu d'inventer celle de ta sœur. Continua mon père en me prenant la main pour essayer de me calmer.

- Papa a raison Benjamin, tu dois prendre ta vie en main. Ajouta Genna, ma mère.

- D'accord je ferais des efforts mais dites-vous bien que pour moi ma sœur n'est pas morte et qu'elle ne le sera jamais. Dis-je en montant dans ma chambre.

Arrivé en haut, je m'adossais contre ma porte pour souffler. Puis, je me dirigeais vers la fenêtre de ma chambre qui donnait côté rue. Je regardais à travers la vitre et en me demandant où se trouvait ma petite sœur. Je voudrais savoir si elle va bien, si elle est heureuse et surtout si elle ne m'a pas oublié. Dès l'instant où elle était entrée dans ma vie, je m'étais juré de la protéger. Alors le fait de rester dans l'ignorance, me faisait penser à cette promesse que je n'ai pas pu tenir. Que je ne tiendrais sûrement jamais...

Je sais que mes parents s'inquiètent pour moi, mais je ne peux pas m'empêcher de penser à ce jour. Ce jour qui a foutu ma vie en l'air, nos vies en l'air. Benjamin, n'y pense pas, cela n'arrangera rien, tu dois continuer d'espérer, de te battre. Même si tu n'en as plus la force.

Pour m'apaiser je pris le doudou sur ma table de nuit en forme de renard. Il est blanc, ses jambes et sa tête orangé, ses oreilles bleues et ses pieds ont des pois blancs, un foulard rayé est autour du cou.

C'était le doudou de ma sœur que je lui avais offert pour sa naissance et elle ne le quittait jamais. Je respirais l'odeur presque effacé et une onde bienveillante m'envahit. J'adorais le prendre contre moi, il me rassurait et me permettait de tenir bon. De me dire que tout n'était pas perdu.

Une larme coulait sur ma joue et je l'effaçais rapidement avec ma main. J'aimerais tellement que ce soit elle qui soit dans mes bras et non sa peluche. Je redirigeais mon regard vers l'extérieur et me murmurais à moi-même.

- Si tu n'étais plus en vie, je l'aurais senti alors je vais continuer mes recherches même si tout le monde a abandonné. Je te retrouverais petite sœur, je te le promets. Je t'aime White.