Chapitre 10 : Les Larmes Perdues.

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Ils étaient partis. Ma famille avait quitté la pièce dans laquelle j'apprenais petit à petit à revivre. Leur départ ne m'avait pas rendu triste au contraire, il m'avait soulagé car je savais qu'ils ne m'abandonneraient pas, qu'ils ne me laisseraient pas toute seule à affronter cette épreuve. Reprendre ma vie en main.

Clara était sortie pour me laisser le temps de réfléchir ainsi que de laisser mes pensées divaguer sur cette rencontre émouvante. Lorsque ma mère m'a pris dans ses bras, je m'étais sentie plus forte, en confiance avec ces nouvelles personnes. Elle m'a murmuré des mots rassurants et c'est à cet instant que j'ai compris que mes parents avaient eu du mal à accepter le fait qu'il y avait eu peu de chance pour me retrouver, même aucune. C'est ce qu'Help avait voulu me faire comprendre pendant toutes ces années. Comprendre que des parents aimaient leur enfant quoi qu'il leur arrive et quoi qu'ils deviennent. Ainsi, le lien entre un enfant et ses parents étaient indestructibles.

J'ai aussi été touché par les réactions de Benjamin, du garçon qui m'a serré la main. Quand il a prononcé cette phrase, ces quatre mots qui ont donné du sens à mes questions et qui leur a enfin donné des réponses... Je suis ton frère. Tous ces gestes d'attention, cette assurance que je ressens à ses côtés m'a fait comprendre qu'un lien nous unissait, un lien entre un frère et une sœur. J'avais bien vu que mon grand frère était tourmenté car il s'en voulait de ne pas avoir été assez fort pour me protéger, mais qu'aurait-il pu faire ? Les hommes qui m'avaient enlevé étaient des criminels. Qu'aurait pu faire un petit garçon de 5 ans ?

Je ne voulais pas penser au passé. Si j'avais pu l'effacer, je l'aurais fait mais comment effacer dix-sept ans d'une vie ? Je me levais de mon lit pour faire taire ses interrogations et me dirigeais vers la fenêtre pour voir l'extérieur. Je ne voulais pas penser au passé, ni au futur car même si je me sentais accompagnée, je n'étais pas sûre d'avoir la force d'avancer... Clara disait que je faisais des progrès et c'était sûrement vrai mais ce n'était pas la même chose à l'intérieur de moi.

Je savais. Je savais parfaitement qu'il me manquait quelque chose ou plutôt quelqu'un. Je n'avais pas voulu y penser car ma famille me tourmentait assez mais maintenant que j'avais fait leur connaissance, j'avais peur. Ce n'était pas cette peur qui vous tord les boyaux, ni celle qui vous fait frissonner ou qui vous terrorise mais plutôt celle qui vous interroge, celle qui met le doute dans vos appréhensions. Je ne l'ai vu que quelques minutes et pourtant il hante mes nuits et mes jours. Vous connaissez peut-être une personne au quelle vous pensez tout le temps ? Eh bien moi elle s'appelle Heyron, l'homme qui m'a sauvé la vie. Celui qui s'est sacrifié pour que je retrouve ma famille. S'il était devant moi, je lui dirais qu'il a réussi mais c'est impossible pour le moment car il doit sûrement être enfermé dans un cachot comme le mien où ces monstres lui font subir les pires horreurs.

Je m'en voulais, j'ai prié pour qu'il s'en sorte mais n'ayant aucune nouvelle ce sentiment d'inquiétude ne me quittait pas. Je savais très bien que je devrais aller parler aux policiers pour leur raconter ce que j'ai vécu. Clara m'en a déjà parlé et qu'il le faudrait même si c'était dur. L'infirmière avait ajouté que je prendrais le temps qu'il me faudrait. Sauf que je ne savais pas s'il fallait que j'ajoute à mon témoignage la présence de mon sauveur. J'étais perdue, je ne savais pas quoi faire, j'avais besoin de ses conseils, j'avais besoin de lui. Tandis que je pensais au garçon mystérieux qui m'avait sauvé de mes kidnappeurs, la femme en charge de ma santé entra dans ma chambre, sûrement pour m'apporter mon repas.

- C'est moi !

Je me tournais vers elle en essayant de lui rendre son sourire.

- Alors cela t'a fait du bien de les voir ?

White FoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant