Le jardin botanique avait eu un effet apaisant sur l'adolescente, et elle était très reconnaissante envers l'Inconnue de le lui avoir fait découvrir. Le lendemain soir, ainsi que tous les autres soirs de la semaine, elles retournèrent au parc en rentrant du lycée. A chaque fois, Érine s'approchait lentement vers une nouvelle plante, et inhalait son odeur en ressentant une sensation caractéristique à chacune des plantes. Elle devinait sans trop de soucis le nom des végétaux, elle pouvait vérifier si elle avait raison sur un petit panneau à côté avec des écritures en lettres brailles.
Elle avait pris l'habitude de raconter sa journée à l'Inconnue, de se confier à elle. Elle lui vouait une confiance totale, sans trop savoir pourquoi. Elle dégageait quelque chose de si spécial, si rassurant.
Érine n'avait parlé d'elle à personne. C'était son secret, qu'elle ne voulait pas partager
Un jour, Érine se reposa cette question qu'elle ne s'était plus posée depuis un moment. Mais que lui voulait l'Inconnue ? L'adolescente la considérait comme une amie, mais rien ne prouvait que c'était réciproque. Elle n'en pouvait plus d'être la seule à parler à chaque fois, elle avait envie que l'Inconnue lui réponde quand elle se confiait à elle. Érine voulait qu'elle comprenne son agacement. Elle décida de demander à ses parents de la raccompagner en voiture tous les soirs, afin d'éviter l'Inconnue. Son plan était tout simplement de lui faire la tête en ne faisant plus le trajet avec elle pendant un certain temps, puis de revenir vers elle et de lui expliquer pourquoi elle avait fait cela. C'était vraiment stupide, ça n'avait aucun sens, elle s'en rendait bien compte, mais Érine avait toujours eu un caractère capricieux: elle ne supportait pas de ne pas avoir ce qu'elle voulait. Elle pensait avoir fait preuve de beaucoup d'indulgence envers l'Inconnue en ne lui reprochant rien pendant plusieurs mois, mais maintenant c'était excessif.
Elle réussit à tenir une semaine. Malgré elle, elle ressentait un grand besoin de la voir. Elle se dépêcha après les cours d'aller sur la place où les deux femmes se retrouvaient habituellement. Elle attendit, attendit, jusqu'à ce que la nuit tombe. A son grand désespoir, l'Inconnue n'arrivait pas. Au bout d'un moment, elle se trouva obligée de rentrer chez elle pour ne pas trop inquiéter ses parents. Un grand sentiment de culpabilité la torturait, elle se maudissait intérieurement d'avoir agi de manière si enfantine, d'être aussi têtue. Elle passa la soirée à pleurer, elle avait enfin prit conscience de l'attachement qu'elle avait toujours eu pour l'Inconnue.
Les jours passèrent, puis les semaines, et ensuite les mois sans aucunes nouvelles. Un jour, alors qu 'Érine faisait sa rentrée en Première, elle reçut une lettre à son nom. Érine était très étonnée, étant donné qu'elle ne recevait que très peu de lettres. En effet, non seulement la technologie avait complètement dépassé ce moyen de communication, mais en plus personne aurait l'idée saugrenue d'envoyer une lettre à un aveugle. Quand ses amis voulaient lui dire quelque chose ils l'appelaient. Érine demanda donc à une de ses sœurs de lui lire:
"Chère Érine"
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Un Sens En Commun
Короткий рассказÉrine est aveugle. Elle rentre tous les soirs de chez elle à pied, avec l'Inconnue. Cette mystérieuse personne, avec un parfum aussi bouleversant que son histoire. Cette nouvelle a été écrite dans le cadre d'un concours de nouvelles dans mon lycée.