Première Partie

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Le soleil s'était couché et la nuit venait de tomber, les oiseaux regagnaient leurs demeures. Fatima avait fini de s'acquitter de son devoir spirituel : la prière du crépuscule. Debout sur son balcon, un foulard sur la tête, elle égrène son chapelet en récitant des paroles divines. Au même moment, les fidèles musulmans sortaient de la mosquée. Cette dernière se situe en face de l'immeuble où elle vit. Ils tenaient eux-aussi un chapelet. Très concentrée sur son rosaire, elle regarde ces fidèles qui avaient fini de s'acquitter de la quatrième prière de la journée.

Soudain, son téléphone mobile qu'elle avait laissé au salon sonna. Fatima se précipite pour aller répondre. Mais c'est peine perdue, car le téléphone arrêta de sonner, avant qu'elle ne décroche. C'était un numéro masqué et la personne n'avait pas rappelé. «Peut-être qu'elle a composé mon numéro par erreur», pensa-t-elle.

Après le crépuscule, elle décide alors d'aller se promener à la place publique des Thiessois, prendre de l'air. Cet endroit lui rappelle beaucoup de souvenirs. C'est ici qu'elle avait rencontré pour la première fois, son petit ami Alex. Elle rêvait de mariage, car entre elle et lui, c'était le grand amour. Le jour où cet homme lui a demandé de devenir sa femme, elle a accepté. Mais Fatima imposa une condition : faire le test de VIH. C'était la meilleure manière pour elle de lui montrer son amour. Car elle l'aimait et était prête à jurer sur le saint Coran qu'elle n'avait pas le SIDA. Aussi elle ne voulait pas risquer sa vie, malgré la confiance qu'elle avait en lui. Au début, Alex a refusé avant de se plier, par la suite, à faire le test. Ainsi ils se rendent à l'hôpital pour procéder au dépistage.

Le lendemain, ils vont de nouveau ensemble à l'hôpital, le médecin les reçoit tous les deux, il les prévient que les résultats étaient individuels. Mais ils refusent et jurent de se soutenir quel que soit le résultat des tests. «Si l'un de nous a le VIH, on se soutiendra», se promettaient-ils.

Avant de lire les résultats, le médecin les félicite d'avoir eu le courage de faire ce test.

- Avant tout, je vous félicite et j'admire le courage qui vous a amenés jusqu'ici pour subir le test de sérologie. Si les gens faisaient comme vous, le taux de prévalence de la maladie serait à la baisse. Le SIDA est une maladie qui ne se guérit pas, il n'existe que des calmants, donc il faut faire très attention.

Le médecin se tait un moment, ouvre le tiroir de son bureau et en sort deux enveloppes blanches. Sur le premier, on avait marqué le nom d'Alex, il l'ouvre, le lit à voix basse. Il regarde Alex et sourit.

- Monsieur, vous êtes séronégatif, dit-il à Alex.

Les deux jeunes restèrent silencieux, se regardèrent et se serrèrent la main. Le monsieur ouvre l'enveloppe que contenait le résultat de sérologie de Fatima. Comme pour Alex, il lit le test, mais cette fois il ne souriait pas lorsqu'il regarda Fatima. Le visage triste, il jeta de nouveau un coup d'œil sur le test, le relit une nouvelle fois et se décide enfin de parler.

- Quant à vous mademoiselle.

Fatima tremblait, elle n'arrivait plus à se contrôler. Soudain, elle éleva la voix sur le docteur qui avait du mal à parler.

- Docteur, dites moi ce qui se passe ?

- S'il vous plaît, restez tranquille, surtout ne vous affolez pas si vite.

Alex posa sa main sur l'épaule de sa petite amie pour essayer de la calmer.

- Ma chérie, je t'en prie, laisse le docteur parler.

Le médecin soupira et recommença à parler.

- Mademoiselle, ce que je dois vous annoncer n'est pas facile à entendre, ce n'est pas aussi une bonne nouvelle. Hier, quand vous avez fait le test de VIH, on a vu que votre test de sérologie n'était pas négatif.

- Que voulez-vous dire docteur ? demande Alex au médecin.

- Je suis vraiment désolé mais votre amie est séropositive, annonce enfin le docteur.

- Non ! Vous vous trompez, moi séropositive c'est une erreur, dit-Fatima à haute voix.

- Oui docteur, Fatima a raison c'est peut-être une erreur que vous avez fait au laboratoire.

Il prit la feuille qui était posée sur la table de son bureau, le donna à Alex avant de lui répondre.

- Regardez par vous-même, monsieur, en bas de la page on a noté « test vérifié trois fois », donc il n'y a pas d'erreur. Même votre test a été vérifié trois fois.

Alex posa la feuille, prit les mains de sa copine, les serra dans ses bras, lui chuchota à l'oreille : «Mon amour cesse de pleurer, je serai toujours là pour toi, je te soutiendrai et t'aimerai pour toujours»

Il se retourna une nouvelle fois vers le docteur et lui demande.

- A présent qu'est-ce qu'il faut faire ?

- La première chose à faire c'est d'aider moralement votre petite amie, c'est-à-dire la soutenir, il faut aussi l'inciter à suivre le traitement et à bien manger.

- Donc, si je comprends bien le SIDA a un traitement.

- Oui, il existe les ARV (Anti rétro viraux), qui permettent de ralentir l'évolution de la maladie.

- Quand est-ce qu'elle peut commencer ce traitement ?

- Aujourd'hui même je peux lui prescrire ces médicaments, mais vu l'état dans lequel elle se trouve, je vous conseille de revenir un autre jour.

Fatima n'arrêtait pas de pleurer. Son cœur battait plus fort. Désespérée, elle avait à présent peur et se posait des tonnes de questions sur son avenir. Heureusement que son copain était là pour la consoler.

Lorsqu'ils quittaient l'hôpital, il était environ onze heures. Comme à leur arrivée, ils prirent un taxi jaune noir de marque Peugeot 207, immatriculé TH 0523B, qui les déposa jusqu'au domicile de Fatima. Ils descendirent et entrèrent ensemble. A cette heure de la matinée, il n'y a pratiquement personne chez Fatima à part Nabou, leur bonne. Alex resta avec elle une heure et plus avant de prendre congé, en lui promettant de revenir le soir. Fatima l'obligea à lui jurer devant Dieu que jamais il ne l'abandonnera. «Fatima comment peux-tu penser une chose pareille mais c'est absurde !»

Elle le crut, car pour elle son copain était incapable de lui mentir. Fatima se renferma dans sa chambre. Ses parents n'étaient pas à la maison, ils étaient partis à un mariage à Dakar, elle était seule, elle continua de pleurer, et n'avait personne pour la consoler. Son petit ami n'était pas revenu le soir. Lorsqu'elle l'appellait, il ne décrochait même pas. Et il ne la rappelait pas non plus.

Une quinzaine de jours passa, elle avait peur que le silence d'Alex fût l'explication d'un abandon et d'une rupture. Hélas son inquiétude devint une réalité, Alex lui écrit une lettre qu'il remit à Ousmane, un de ses amis, comme intermédiaire. Il n'eut même pas le courage de lui remettre lui-même cette correspondance. Cette dernière gravée dans son mémoire contenait ceci :

Chère Fatima,

Je sais que ce que j'ai à te dire est un peu cruel mais la vie même est cruelle. Tu attends peut-être de la compréhension et du soutien de ma part, je suis désolé mais il faut que tu saches que cela est impossible. Je n'ai pas envie de partager ma vie avec une sidéenne. Je veux être heureux sans me soucier d'un quelconque risque de contamination de ce virus qui ne se guérit jamais. Aussi je veux avoir des enfants sains.

Fatima, je t'aimais et étais prêt à me marier avec toi. L'amour que je ressentais pour toi s'est transformé en une sorte de pitié, je peux même dire que c'est une haine car aujourd'hui j'ai su que tu sortais avec d'autres hommes que moi qui t'ont transmise la maladie. Tu m'as dit que tu ignores la cause, laisse-moi te dire qu'on ne se réveille pas un beau jour avec le VIH.

Fatima, je poursuis ma route et te laisse la tienne. Et si la chance est encore avec toi : Bonne chance.

Adieu

Ton ex ou ton ex Alex.

Coucou mes amours 

Vous pensez quoi de mon histoire?

Ca vous plait? 

Est que vous voulez que je continue?

Fatima. Ma Vie De SéropositiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant