Deuxième Partie

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Alex l'a trahie, il lui a menti depuis le début. Il cherche à juger et à condamner.

A présent que l'homme de sa vie venait de la quitter, elle sentit une très forte douleur, elle avait mal. Ce jour-là était plus difficile que celui où elle a appris qu'elle était une séropositive.

Si on aime quelqu'un il faut le suivre, être près de lui, l'écouter et lui donner son cœur, si on a de la confiance bien sûre. Lui, il n'a pas respecté ce règlement de l'amour, il a préféré se retirer et laisser sa partenaire dans un chemin mal éclairé où on a besoin de quelqu'un pour illuminer sa vie assombrie par le VIH.

Aux environs de vingt deux heures, Fatima quitta la place publique où elle s'était rendue comme d'habitude pour se promener et rentra chez elle, à la cité Malick Sy. Elle préféra prendre un taxi car il faisait tard mais aussi parce qu'elle avait faim. Malheureusement sur le chemin du retour, le taxi tomba en panne, elle dut continuer à pied. Elle s'arrêta devant un kiosque pour acheter du pain pour son diner. Elle y trouva un ancien voisin qu'elle salua, mais ce dernier lui tourna le dos sans même lui avoir répondu. Cela ne lui faisait pas mal car elle s'était déjà habituée à ce comportement des gens vis-à-vis d'elle.

Arrivée chez elle, elle prit le repas du soir et alluma sa télévision. Elle zappa sur les programmes des chaînes sénégalaises et africaines, jusqu'à tomber sur une émission qui attira son attention. 

Fatima suivit ce programme jusqu'à la fin, elle éteint sa télévision et alla se coucher.

Le lendemain matin, elle se réveilla très tôt, et partit à la salle de gymnastique qui se trouve en ville, comme elle le fait chaque semaine. Elle y va faire du sport mais aussi et surtout pour se changer les idées. Son moniteur est un homme de grande taille, musclé et un peu sévère, il lui fait subir toutes sortes d'activités physiques. Parfois si elle le dit d'observer une pause il lui répond invariablement : « Vous réclamez la parité alors subissez ses conséquences. »

La parité. Nous la réclamons sans savoir son véritable sens. Nous la confondons avec l'égalité entre l'homme et la femme, c'est peut-être l'égalité des deux sexes mais en milieu professionnel. Mais ici au Sénégal, nous parlons de parité matin et soir. Parfois les hommes, au lieu de donner la dépense quotidienne à leurs épouses, se cachent derrière cela pour leur dire : « Aujourd'hui c'est moi qui a donné, demain ce sera ton tour de participer au frais de la maison. »

Fatima joue parfois des tours à son moniteur en faisant semblant de s'évanouir, alors il panique et le laisse souvent se reposer lorsqu'elle est un peu fatiguée.

Après ses exercices, elle rentre chez elle à pied en courant à petites foulées. Sur le chemin, elle s'arrête devant un supermarché pour acheter quelques provisions.

L'après-midi, en rangeant son armoire, elle trouve une vieille bague que lui avait offerte sa mère (Que l'on surnommait affectueusement Ma Khady ) le jour de ses dix-huit ans en lui disant ceci : « Ma mère me l'a donnée quand j'avais le même âge, je te l'offre à mon tour et espère que tu suivras le même chemin que moi». Elle se mit à pleurer et à penser à la dernière fois où elle a vu sa mère. C'était le jour où elle l'a annoncé sa maladie.

C'était un mois après la découverte de sa séropositivité, qu'elle décida enfin de parler avec ses parents de sa maladie. Quatre semaines, qu'elle cachait sa VIH, ses inquiétudes, son angoisse mais elle ne pouvait plus vivre avec cela, elle avait besoin du soutien et de réconfort. Fatima espérait que ses parents allaient la chérir, la comprendre et la soutenir dans cette épreuve difficile de la vie.

Elle leur expliqua tout, du début à la fin. Mais ils ne la croyaient pas.

Père Doudou: Dis-moi que c'est un mensonge, s'il te plaît ma fille, avoue que tu nous racontes des histoires, dit son père les mains levées au ciel.

Fatima. Ma Vie De SéropositiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant