La prison

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C'était le collège. Là où tous les enfants sont encore innocents. Cet institut pareil à une prison. Enfermant les souvenirs, le bonheur, le savoir, l'éducation, la politesse, la société, le règlement, la soumission, le harcèlement, les hantises.

Le grillage servant de barreaux où nombre d'enfants s'y aglutinent pour connaître la liberté. Les surveillants qui sont en fait des gardes nous considérant comme des moins que rien. Ils sont postés partout. Deux dans la cour. Trois dans les couloirs. Quatre devant les barreaux. Doublez la surveillance ! Vous êtes de garde ce matin ! Ils gueulent dans le silence d'un étage à l'autre.

Les élèves têtes baissées ne parlent pas. Pas un mot. Les murs les étouffent. Ce vert kaki assombrissant les salles, les couloirs. Oui c'est ça, l'oppression. Et ce sentiment de nager dans le sang avec ce sol rouge. Cette crasse sur les murs. Ces dessins laissés par les enfants. Délabré. La saleté des toilettes avec cette lumière semie-sombre. Lumière grise. C'est inquiétant. Qui est mort dans ces toilettes ? Combien d'enfants s'y sont cachés ? Y-ont pleuré ?

Des enfants partout. Des enfants frustrés. Même des enfants heureux, pudiques, immatures, fatigués, tristes, morts. Des enfants qui en harcèle d'autres. Dans les couloirs ils les accusent. Ils se dénoncent pour un peu de liberté. Des enfants qui mentent. Puis d'autres meurent. Les plus gentils, les plus sains. Ils les frappent. Leurs visages crispés, énervés, fermés, les fusillant du regard. Leurs voix transperçent les salles, elles les traversent, les atteint. Devant la salle à attendre le prochain cours dans le couloir. Ils entendent leurs voix. Eraillés d'insultes. Mais ce n'est pas seulement à la prison. Ils les suivent jusqu'à leur chambre. C'est le harcèlement. Dans ce collège ça l'est. Dans beaucoup de collège. Dans toutes les écoles.

Les caméras nous suivent. Nous nous cachons pour peu d'intimité. Même dans les casiers. Installées à chaque recoin, devant les barreaux. Elles nous guettent sournoisement. Avec un sourire narquois. Elles savent tout. Elles peuvent tout savoir. Elles sont devant toutes les portes de sortie. Nous sommes bloqués, coincés, contraints. On nous passerait à la guillotine de fuir. La fuite. Ce qui ont fuit ont si mal finit. Autant que l'homme au coin de ma rue avec sa bouteille de vodka, ses fringues déchirés, salit par les saisons, à traverser le même trottoir toute sa vie, la même rue. Sa barbe qu'il ne rase jamais et ses yeux fatigués de lutter, de chercher à boire et à manger. Pourtant il l'a voulu. Il a voulu avoir les mains fripés à chercher dans les poubelles. Il a autant voulu fuir que vivre. Il est seul. Seul avec son chien. Sa famille voulait aussi l'enfermer. Lui, il a voulu vivre.


24/11/17

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⏰ Last updated: Nov 24, 2017 ⏰

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