Sucre ||

Chapitre 4: Avant l'ouverture

- Fait chier, fait chier, fait chier...

La voix d'Ariane me paraît d'abord lointaine, et puis de plus en plus nette, jusqu'à ce qu'elle m'extraie totalement du rêve dans lequel j'étais.

- Ferme là, Ari..., je grogne à peine éveillée, avant d'ouvrir à contre cœur mes yeux pour voir ce qu'elle fous dans ma chambre.

Elle ouvre et referme les tiroirs dans un vacarme insupportable, apparemment en train de chercher quelque chose, et la vitesse à laquelle elle vérifie chaque recoin de ma chambre me laisse deviner qu'elle est totalement paniquée.

- Mes baskets!, elle crie presque en continuant de se déplacer dans la pièce pourtant pas très grande, Tu les a mises où?

- Lesquelles?, je lui demande en regardant l'heure sur mon téléphone.
07h20. Génial.

- Les noires, les Nike, avec le signe blanc et tout!

- Tu crois vraiment que j'aurais rangé des chaussures dans un tiroir?

Elle soupire.

- Mets en d'autres, on les cherchera ce soir..., je murmure avant de fermer les yeux et de reposer à nouveau ma tête que l'oreiller.

Je l'entends quitter ma chambre en soupirant pour la énième fois.

Après une bonne heure à tourner et à me retourner dans mon lit, je finis par conclure que je n'arriverais pas à me rendormir.

Les quelques rayons du soleil qui s'infiltrent dans ma chambre sont trop importants pour que je ne m'assoupisse à nouveau.

Je me lève alors et entre dans le salon où une dizaine de cartons sont encore éparpillés au hasard.
J'ai encore jusqu'à samedi pour que tout soit parfait, et après je n'aurais plus le temps de m'occuper d'autre chose que du fonctionnement du bar.

Après plus d'une heure et demi à me préparer en regardant des dessins animés niais sur la télé, je décide d'ouvrir quelques cartons pour pouvoir me consacrer totalement au bar le reste de la semaine.

Ça devrait me prendre pas mal de temps, vu tout les bibelots inutiles qu'il y a dans chaque cartons.

Je crois que nous n'avons même pas assez d'étagères pour tout mettre dessus, entre tout les CD d'Ariane qui remplissent à eux-mêmes pratiquement un carton, sans parler de tout les livres qui se retrouvent éparpillés dans les recoins de la maison tant la bibliothèque est pleine à craqué.

Bref, on a abusé.
On était pas obligé de prendre tout, mais on avait pas le cœur de jeter.

Après avoir fini de ranger tant bien que mal l'intégralité - ou presque, des objets, je descends au rez-de-chaussée pour m'occuper du bar.

Nous avons décidés d'acheter l'appartement qui se trouve juste au dessus de notre bar.

Si c'est pratique et sympa à vivre pour le moment, ça le sera moins pour Ariane lorsqu'il sera 2h du matin et qu'elle devra aller en cours le lendemain alors que les voix fortes des clients résonneront encore dans tout l'immeuble.

Je descends les escaliers qui mènent au bar et après avoir ouvert la porte, j'admire notre travail presque achevé.

Les néons violines dont je suis si fière sont éteints, mais le café reste éclairé par la lumière du jour.

Je m'assoie sur un tabouret un instant en regardant autour de moi, essayant d'évaluer ce qu'il me reste à faire.

L'essentiel est mis, il ne me reste plus qu'à acheter une lampe au style un peu rétro et d'autres bouteilles d'alcool pour remplir le bar.

J'ai vraiment hâte d'être samedi, hâte que notre rêve de gamine puisse enfin se réaliser, et hâte de pouvoir exercer ce métier.

Mon téléphone sonne dans la poche de mon sweat.
Message de Maxence:
"C'est okay pour samedi alors? 👀 "

Je prends quelques secondes à chercher ce qu'il veut bien dire par "C'est okay?", avant d'ouvrir directement Spotify pour écouter ce qu'il fait.

Je tape VSO dans la barre de recherche et mets leurs sons en aléatoire à fond dans la bar, tout en admirant l'agitation dans la rue depuis mon tabouret.

Je ne sais même pas quelle musique j'écoute, mais je devine très vite qu'elle concorderait parfaitement bien avec l'ambiance de la pièce.

Contrairement à Ariane qui écoute plutôt du rock, j'aime surtout le rap.

Sauf Jul, mais on peut pas vraiment considérer ça comme du rap.
Bref.

Ce qu'ils font, c'est mon style, donc ça me plaît.

Je suis d'accord pour qu'ils fassent un petit concert à l'ouverture du bar, mais il n'y a pas que mon avis qui compte.
J'envoie un message à Ari pour lui demander d'écouter.

Je la connais, et être en cours ne vas sûrement pas l'empêcher d'enfoncer ses écouteurs dans ses oreilles pendant 5 minutes.

En attendant qu'elle me donne son accord, je range les bouteilles par couleur pour donner un aspect plus joli, ce qui me prend une bonne vingtaine de minutes.

"J'aime biennn ouais fin ça dépends lesquelles. C'est okk! Mais me fait plus chier mtn j'ai cours 🙄"

Je roule des yeux et envoie le message de confirmation à Maxence. Le bar ouvre à 17h, donc ils peuvent arriver vers 16h30 le temps de tout installer.

Enfin peut-être avant? Ou après? Ça prend combien de temps d'installer le matériel?
Roh, j'y connais rien. Il verra bien au pire.

Je passe le reste de ma journée à traîner sur les réseaux sociaux, préférant attendre le lendemain pour acheter ce qu'il manque.

Et toute la semaine, je me baladerais dans les rues de Nîmes qui m'ont vraiment manqué depuis que je suis partie, et que je n'ai toujours pas pu visiter après 4 jours passés ici.

Vendredi soir

Ça fait une heure que moi et Ari sommes dans le bar en train de siroter le même verre de Vodka en prononçant encore et toujours le même genre de phrases.

"J'ai trop trop hâte la putain de sa mère"; "Faudrait qu'on dorme non? Pour être en forme demain"; "C'est beau hein?"

Ouais, c'est un peu prétentieux comme ça de dire que notre propre bar est super beau, mais on peut pas le nier.
Il est exactement ce à quoi on s'attendait lorsqu'on s'imaginait pour rigoler ouvrir notre café à Nîmes.

Après avoir fini notre unique verre de la soirée, nous montons pour aller dormir.

Demain vas être un grand jour.
Un jour mémorable pour nous, alors il faut que nous soyons en forme.