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Poil de Carotte et montagne de cadeaux
-literharry

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«Il est des êtres dont le destin est de se croiser. Où qu'ils aillent. Un jour, ils se rencontrent.» Claudie Gallay

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La pluie tombe de plus en plus fort dans les rues de la ville mais les gouttes sont toujours aussi gelées. Je marche vite, mes cadeaux dans les bras et essaie d'éviter au maximum les passants sur le trottoir bondé et humide. Alors que j'évite une mère poussant un landeau en descendant du trottoir, je rentre dans quelqu'un. Mes paquets colorés m'échappent et s'échouent lamentablement sur le sol tandis que je tombe tout aussi lamentablement. Gêné, je passe une main de mes mains glacées dans mes cheveux de la même couleur que ceux d'Ed Sheeran.

Cheveux de la même couleur que ceux d'Ed Sheeran. Dis comme cela, on pourrait penser que c'est cool ; sauf que ça ne l'est pas. Ne vous méprenez pas, j'adore Ed Sheeran. Je n'ai malheureusement que la même couleur de cheveux que lui et pas une once de son talent. Je peux vous dire que des surnoms crétins, j'en ai entendu quand j'étais gamin. Autant les enfants peuvent être de petits anges, autant ils peuvent être les pires démons entre eux. Quand ils ont douze-treize ans, je ne vous en parle pas. Le surnom qui revenait le plus souvent durant mes années lycée était "Poil de carottes". Ils le trouvaient original en plus.. Eh les gars, réveillez-vous ! C'est le titre d'un bouquin du XIXème siècle.

Les mots d'enfants restent souvent gravés dans la mémoire. Comme une vengeance personnelle, le jour de mes dix-huit ans, j'ai donc décidé de me faire tatouer une carotte au niveau de des hanches, près d'une des lignes de ma V line. Oui, une petite carotte avec deux yeux et qui tire la langue. J'adore cette carotte. Je pense que c'est l'un de mes tatouages préférés.

Bref, je suis donc là, les fesses gelées dans mon jean humide, sur une des plus célèbres avenues de New-York, face à une inconnue. Un coup de klaxon me tire de mes pensées me faisant me relever brusquement. J'essuie rapidement mes mains sur l'avant de mon pantalon avant de tendre une d'elles vers la jeune femme que j'ai bousculé. Sa main gantée atterrit dans ma paume et je marque un temps d'arrêt quand nos regards se rencontrent. Ses yeux sont d'une couleur chocolat qui fait fondre mon cœur.

Je m'oblige à cligner plusieurs les paupières alors qu'elle toussote doucement, m'indiquant silencieusement qu'elle aimerait récupérer sa main. Je lâche cette dernière et marmonne des excuses inintelligibles tandis que mes joues virent au rouge. Avec un peu de chance, elle croira que c'est le froid.

Elle époussète son manteau en laine et je me penche pour ramasser mes paquets priant silencieusement pour que rien ne soit cassés. Je me remémore mes achats mais dans mon souvenir rien n'était fragile. Je souris de soulagement quand je m'aperçois qu'aucun ne semble abîmés.

- Je suis désolée, j'aurai pu faire attention, souffle une voix dans mon dos.

Je me tourne vers cette dernière, mes paquets dans les bras.

- Ce n'est r..

Le bruit d'un klaxon m'interrompt brutalement. J'insulte mentalement le chauffeur et monte sur le trottoir où la jeune femme me suis. Le chauffeur nous hurle des insultes depuis sa fenêtre mais je l'ignore superbement mes yeux dirigés vers la magnifique créature face à moi.

Ses cheveux noirs sont frisés et une boucle lui tombe devant ses yeux chocolats. Ses lèvres sont peintes en un rouge foncé qui rehausse la blancheur de ses dents et sa peau est d'une teinte noire unique. Je suis faciné par sa façon de sourire. Je suis submergé par la douceur qui émane d'elle.

- Sublime.

- Pardon ?, elle me questionne.

- Je disais que.. rien, je commence sentant mes joues chauffées. Je m'excuse de vous avoir bousculée.

- C'est moi qui suis désolée, elle me coupe, j'aurais du regarder où j'allais.

Elle semble si désolée et convaincue que je n'ose pas la contredire. J'avance d'un pas sur le trottoir pour m'éloigner. Je la sens soudainement s'agiter. J'hésite aussitôt à continuer ma route. À New-York, je croise des centaines de personnes chaque jour. Pourtant, certaines rencontres changent une vie.

J'humidifie mes lèvres, avant de dire :

- Voudriez-vous prendre un café avec moi pour m'excuser de vous avoir bousculée ?

Mes joues sont maintenant de la même couleur qu'une rose rouge sombre. Je m'interroge sur comment j'ai réussi à prononcer cette phrase. Je m'apprête à rire pour détendre l'atmosphère, lui expliquer que je raconte n'importe quoi et m'éloigner en courant, au moment où à ma grande surprise elle accepte.

- Je connais un petit café pas loin, poursuit-elle.

Mes paquets sous les bras, je la suis le long de l'avenue. Au bout de dix minutes de marche où nous avons parlé de tout et de rien, elle m'ouvre la porte en bois rouge d'une petite brasserie.

J'arrête la porte avec mon pied et la laisse passer devant moi. Alors qu'elle franchi la porte, elle se tourne vers moi et me murmure :

- Oh et c'est moi qui invite puisque je vous ai bousculé.

Pour Des Étoiles Dans Vos YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant