you have a last voicemail

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« Cela fait maintenant trois mois que tu es parti et deux que je ne t'ai pas appelé. J'ai entendu notre chanson hier soir à la télé. Et contrairement à toutes les autres fois, je n'ai pas eu l'impression de subir les coups de poignards que m'inflige ton absence. Nostalgie, voilà ce que j'ai ressenti sur le moment. De la nostalgie. J'ai simplement souris bêtement. Je n'ai pas pleuré comme les premières fois. J'ai souris et ai chanté les paroles, de tout mon coeur. »

Elle ferme les yeux afin de se remémorer le moment dont elle parlait.

« Je paris que tu te souviens de ces paroles au moins autant que moi écoute moi bien :

Some people spend most their lives
Looking for someone to lean on
I have had dreams once or twice
Always with no one to dream on
My world's just had to find my own line of reason
Oh mother, free them
'Cause life is a ball of twine
To be rolled up and weaved on. »

Elle s'assit à même le sol. Elle n'avait plus le choix de toute manière. L'appartement est désormais vide. Elle regarde autour d'elle et se remémore tous les moments passés avec Alex. Elle se rappelle du canapé, ce bon vieux sofa où ils avaient échangé tant de promesses dont certaines qui ne sont pas tenues...

« L'appart est vide Alex. Je pars. C'est décidé depuis mon dernier appel. J'y pensais depuis un moment et il y a un mois j'ai pris les devant. Je n'en pouvais plus de vivre dans ces quelques mètres carrés qui retenaient ma souffrance et mon mal être depuis ton départ. C'est maintenant à mon tour de partir. De quitter cet endroit. J'ai décidé d'arrêter de vivre au milieu de toutes tes affaires qui étaient à nous à un moment mais depuis ton absence je me suis dis qu'elles avaient toujours été en ta possession, mais peu importe  passons. Te dire ou même me dire que tu ne me manques pas serait un énorme mensonge. Tu me manques bien évidement et je t'aimerai toujours car tu es dans pratiquement chaque recoin de ma tête, tu constitues une partie de ma vie trop importante pour que je puisse un jour t'oublier. Tout ce que l'on a construit ensemble, tout, je ne l'oublierai jamais. Mais les choses ont pris une autre tournure et ont changées, mais je ne peux toujours pas te dire que penser à toi ne me fait plus souffrir, ou me noyer dans une dépression profonde. Parfois il m'arrive même de sourire en pensant à notre passé mais je suis toujours au bout du gouffre. »

Elle laisse tomber une larme sur le parquet de son ancien chez elle et renifle avant de se lever et de prendre ses clés, de regarder une dernière fois l'appartement, de fermer la porte et de laisser les clés dans la boîte aux lettres.

« Je l'ai fais Alex. J'ai fermé la porte ainsi que le dernier chapitre de notre magnifique mais tragique histoire. J'ai recommencer à revoir du monde aussi depuis un mois, mais tout nos soit disant amis me regardent bizarrement depuis ton départ, comme si j'étais plus fragile qu'auparavant, ils me traitent comme un bébé, mais ils ont raisons, je suis plus fragile qu'avant mais ce qu'ils ne savent pas c'est que la façon dont ils se comportent avec moi, me conduis...

A ma propre perte. »

Son absence était trop présente en elle pour revivre correctement. Elle le savait. Elle vivait pour lui. Pourrait mourir pour lui. Elle aimait la vie, elle aimait Alex. Il représentait la vie, la joie, le bonheur. Mais il était parti. Il s'était transformé en maladie pour elle, un manque, une obsession dont elle ne pourrait jamais se remettre. Mais elle ne se rendait pas compte que son état s'empirait. Elle pensait qu'au contraire il s'améliorait, c'est pour cela qu'elle avait revendu l'appartement.

« Je vais beaucoup mieux, j'espère que toi aussi mon chou. Je pense que tu as refais ta vie, avec une autre fille dans ton lit... Bah quoi il faut bien dire la vérité au bout d'un moment non ? "La vérité fini toujours par éclater" ne dit-on pas ? On s'est tout les deux aimés, blessés, pardonnées, puis disputés et détruits, enfin détruits pour ma part car toi je n'en sais honnêtement rien. Sinon, si un jour quelqu'un m'aurait dit que trop aimer une personne pourrait nous nuire, jamais ô grand jamais je ne l'aurai cru car pour moi l'amour est plus fort que tout.

Comme tu peux très bien l'entendre, je suis dehors. Oui je me promène, dans les rues de notre anciens quartiers ! Je me rend je ne sais où. Le vent me mènera où je dois aller. Juste si je ne l'ai pas dis assez ou si tu en doute, je t'aime, tu as été et restera toujours mon premier et unique amour, je suis également désolée d'avoir été qui j'étais lorsque tu es parti, cette fille incontrôlable, folle, bipolaire, je n'aime pas savoir le fait que tu m'ai vu sous cette facette et que était comme ça que tu m'as perçu la dernière fois. C'est cette face de moi ainsi que ma bipolarité qui ont gâchés notre relation. J'essaye tant bien que mal de ne pas culpabiliser ou de me rejeter la faute dessus, de ne pas m'en vouloir mais malheureusement tout ce qu'il me reste de toi, sans ton parfum, ta présence, ton amour, c'est ma haine. La haine, voilà ce qu'il me reste, c'est pourquoi je m'en vais pour de bon. Je pars pour être sûre que je pourrai accepter le faite que tu m'as quitté. Et c'est peut-être mieux comme ça. »

Elle est arrivée sur le pont, pas très loin de chez elle, il était assez tard dans l'après-midi donc il n'y avait personne.
Elle avait dit qu'elle s'arrêterait là où le vent la mène, c'est sur ce pont qu'il l'a guidé. Elle avait pris cette décision de partir, mais pas simplement de déménager non, de partir vivre dans un autre monde.

« Je suis sur le pont. Celui qui est à environ une dizaine de rue de... la maison ? Il n'y a personne autour de moi, personne pour me voir, je suis seule, encore une fois. Mais c'est fini, je ne serai plus jamais seule maintenant. Oui, c'est mieux comme ça, que je parte, que je ne t'appelle plus, que je ne vive plus ! J'ai pris ma vie en main, je vais également prendre ma mort en main. Tu n'écoutes peut être pas cela ni les trois appels précédents mais bon, ça fait du bien de parler à quelqu'un tu sais tu me comprends si bien... Mais la je te dis donc adieu Alex, pour la dernière fois. Alex, n'oublie jamais une chose, je t'aime plus que ma propre vie... Adieu mon chou. »

Elle raccroche, pose son téléphone sur le ponton, se penche en avant afin de mieux regarder l'eau couler sous ce foutu pont qui allait l'accueillir d'une minute à l'autre
Elle compte jusqu'à trois en criant pour voir si jamais quelqu'un allait venir l'arrêter et lui faire reprendre goût à la vie, comme dans les film.

« Un ! »

Personne.

« Je vais sauter ! Deux ! »

Aucune manifestation.

« Vous l'aurez décidé ! Trois ! »

Elle ne tient la rambarde que du bout de ses doigts, elle veut sauter face au sol, les yeux ouverts, pas comme les suicidaires qui ne le font qu'à moitié, dos à la mort. C'est ce qu'elle se disait. Elle est idiote en effet.
Elle avait déjà compter jusqu'à trois. Il suffit juste qu'elle lâche ses bras et fasse un pas...

...Et c'est ce qu'elle a fait.

Le pont mesurait plus de vingt mètres et juste au moment où elle détend tous ses membres et qu'elle commence à tomber, elle entend un homme essoufflé l'appeler.

« Lesly ! Lesly ! Arrête je t'en supplie ! Non ! »

Elle ne se retourne pas et elle va trop vite pour pouvoir reconnaître la voix de celui qui l'avait interpelé trop tard.

Pourtant, l'homme qui se tient derrière la barre de sécurité, sur le pont, criant, à bout de souffle, pleurant, était bel et bien...

Alex.

Alex ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant