CHAPITRE DEUX

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( pour les beaux yeux d'INÈS )

Emmeline appuya sa main contre le mur de
brique rouge et vomis. Son corps entier était saisi de hauts le cœur. Un filet de bile coula de ses lèvres.

Elle attrapa un mouchoir dans sa poche, s'essuya la bouche et se redressa. Elle jeta un regard sur le temps couvert, les pavés tâchés de sang, à la recherche de quelque chose auquel se raccrocher. Au loin une horloge sonna la demie.

Il était cinq heure trente, le premier août 1981 et Emmeline Vance se tenait droite comme un i, à côté du cadavre ensanglanté de Marlène McKinnon.

À la boutonnière de son manteau un pins doré indiquait son appartenance au Bureau des Aurors. Certains de ses collègues en uniforme quant à eux, s'affairaient déjà autour des cadavres.

Benjy Fenwick, collègue à la fois au Ministère de la Magie et dans l'Ordre du Phenix, était à ses côtés. Il semblait épuisé, les yeux cernés, mal rasé et d'une humeur de dogue.

- Toute l'équipe est dessus. On en sait pas grand chose encore, mais c'est clairement une attaque de Mangemort.

Le brun désigna le cadavre vêtu de noir près d'un lampadaire.

- Helmut Flint, arrêté trois fois l'année dernière pour complicité de meurtre, trois fois relâché. On risque plus de le juger maintenant.

Emmeline acquiesça, les lèvres serrées. Elle en avait vu des scènes de crime sordide, des meurtres perpétrés par Voldemort et ses disciples, mais voir la famille McKinnon au complet étendue inerte, à deux pas du Chaudron Baveur, c'était beaucoup trop pour elle.

- Les vieux sont ...

- Arrête de les appeler comme ça, c'était ...

Benjy lui attrapa le bras brutalement. Ses yeux verts inflexibles plantés dans ceux de la blonde. Il se pencha et lui chuchota à l'oreille.

- Comment t'es sensé connaître les parents d'une gamine de six ans de moins que toi avec qui tu n'avais aucun lien ? Contrôle tes nerfs.

Emmeline se dégagea d'un mouvement brusque et le fusilla du regard, mais elle se tut.

- Je continue. Les vieux sont morts avant elle. Elle a du se défendre, tuer Flint, avant de clamser. On a des témoins qui disent avoir vu un petit groupe, cinq personnes à peu près. On a aussi une probable identification de Travers.

- Pourquoi les témoins ne sont pas descendus aider ?

- À ton avis ? Trop terrifiés pour intervenir. Voldemort gagne chaque jours une emprise plus grande dans le cœur de tous les lâches de Londres dotés d'une baguette magique.

Emmeline secoua la tête, désabusée. Elle leva les yeux et se força à regarder la scène de crime.

Ils étaient au tout début du Chemin de Traverse, près de la barrière en brique magique. Le corps du Mangemort ne semblait pas avoir bougé depuis le moment où il s'était écroulé cette nuit. Abandonné par ses compagnons de crimes.

Les cadavres des deux vieux se tenaient à quelques centimètres l'un de l'autre, leurs mains presque jointes. La bouche de la femme avait été découpée au couteau, la dotant d'un sourire macabre. Le vieux quant à lui avait le visage tuméfié, presque unidentifiable. Comme si ses assassins s'étaient amusés à bourrer de coups, son corps encore chaud.

Enfin Marlène gisait à une dizaine de mètres de là, le combat s'était sûrement déplacé lors des derniers instant de la jeune femme.

Ses longs cheveux blonds décrivaient une auréole autour de sa figure pale. Ses yeux encore ouverts fixaient le ciel qu'elle ne pouvait plus voir. Au coin de sa bouche fleurissait un coquelicot pourpre, fleur de sang morbide, tache rouge sur sa peau blanche.

Une coupure traversait sa joue, comme sur ses bras nus. Marlène n'avait jamais froid. Tout son ventre n'était plus qu'une plaie béante.

- Café ?

La proposition de Benjy la fit sortir de ses pensées, elle acquiesça et lui emboîta le pas, laissant le Chemin de Traverse derrière elle.

Ils mirent un temps fou avant de trouver un établissement moldu, ouvert si tôt le matin.

Une fois installée, Emmeline alluma une cigarette avant de tendre le paquet à son collègue.

- Il va falloir l'annoncer aux autres.

Elle fit oui de la tête, sa gorge trop serrée pour répondre. Elle avala une gorgée du liquide brûlant.

- Ils préfèreront l'apprendre par nous que par la Gazette, Emmeline. Je peux m'occuper de Dorcas, et elle le dira à Sirius. Elle saura comment si prendre.

Dorcas et Benjy n'avait pas grand chose en commun. Chacun était doté d'un caractère enflammé et d'une humeur massacrante le matin. Mais quand Dorcas se révélait douce et compréhensive, Benjy n'était qu'un mur de glace. Pourtant leur couple durait, malgré leurs disputes légendaires et les cris qui résonnaient dans tous le quartier général.

La seule chose qui les liaient était une mission obscure en banlieue de Londres, menées il y a un an. Ils en étaient restés profondément traumatisé, même si aucun des deux ne voulaient l'admettre. Personne n'avait osé les questionner.

- Faudra que tu l'annonce à Gideon.

À l'idée de devoir annoncer au jeune homme que celle qu'il venait de demander en mariage était morte, l'estomac d'Emmeline se tordit violemment.

- Je peux pas Benjy, je peux pas. C'est déjà beaucoup trop dur comme ça.

Benjy lui jeta un regard froid. Il avala d'une traite son café et se leva. Il jeta une poignée de pièce sur la table, avant de lever les yeux vers Emmeline.

- C'est la guerre Vance. Et à la guerre, les gens meurent. Personne à dit que ce serait une partie de plaisir, ni facile. Mais faut faire avec, alors prends sur toi et va chercher Gideon. Et vérifie qu'il ne fait pas de connerie une fois qu'il se sera bourré la gueule.

Il tourna les talons, et sortit du bâtiment, laissant une Emmeline au bord des larmes. Elle renifla et jeta un regard à sa montre.

Il était six heures, le premier août 1981 et Londres émergeait lentement. La Gazette sortait des presses, l'encre à peine sèche. Les employés du Ministère commençait à affluer dans l'atrium et les élèves de Poudlard dormaient encore à poings fermés, lovés dans leur sécurité réconfortante.

Marlène McKinnon était décédée depuis plus de cinq heures.

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