CHAPITRE CINQ

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Lily étouffa un sanglot. Les visages tirés, fatigués, rougis par les pleurs se succédaient.

La grande aiguille de l'horloge qui trônait dans l'entrée, s'immobilisa une fraction de seconde avant de s'arrêter sous le chiffre 12 gravé sur le cadran en lettres d'or.

On était le 4 août 1981, il était onze heure du matin et Lily Evans Potter remplaça son mari dans l'entrée.

Dans le Grand salon qui s'ouvrait à droite, les gens étaient entièrement habillés de noirs, et malgré leur nombre le silence était assourdissant.

La porte d'entrée claqua et Frank et Alice Londubat apparurent.

Frank était fidèle à lui même, les cheveux décoiffés, une paire de grosses chaussures de marches au pied, un immense pardessus usé sur les épaules.

Alice portait un pantalon large qui la laissait libre de ses mouvements. Ses cheveux courts encadraient son visage angélique et son nez rougis par le froid.

Derrière les traits fatigués, tirés, abîmés par les circonstances  et les ravages de leur époques, Lily revoyait ses camarades de classe. Frank, éternel séducteur et leader né, capitaine de l'équipe de Quidditch, du temps de leur scolarité, James ne tarissait jamais d'éloge sur lui.

Alice quant à elle avait une tête de lutin, douce, malicieuse et éternellement réconfortante. Le monde entier aurait pu s'écrouler et elle aurait quand même fait bouillir de l'eau pour sa recette secrète de thé.

La meilleure boisson quand on est triste, répétait elle inlassablement sous les gentilles moqueries de son mari.

Alice Londubat passa les bras autour des épaules de Lily.

- Je suis tellement, tellement désolé Lily.

- Moi aussi Alice, moi aussi.

Lily s'éclaircit la gorge. Ses mains se crispèrent sur la feuille de papier, son cœur battait à cent à l'heure.

Ils étaient tous là. Tous ceux auxquels Marlène tenait était réunis dans le Grand Salon du Quartier Général de l'Ordre. Et elle se tenait au centre de cet essaim de corbeaux lugubre, la voix rauque et les yeux rouges.

Accoudé à la grande cheminée de marbre ornée d'un blason à demi effacé, près des cendres grises et des bûches à demie calcinées de la nuit dernière, Sirius avait les yeux dans le vague. Remus passa son bras autour des épaules de son ami, avant de s'asseoir sur l'un des fauteuils élimés. La soie canari qui les recouvrait avait perdu son lustre d'antan, et pelait misérablement.

Sur la chaise voisine, James adressa à sa femme un triste sourire d'encouragement. Les yeux rivés sur la rousse qui essayait tant bien que mal de se calmer.

Peter semblait démoralisé. Il avait les yeux rougis de larmes et Lily ne l'avait pas entendu prononcer un mot depuis la mort de Marlène. Ses mains potelées se crispaient et se décrispaient sur l'accoudoir du sofa jaune moutarde sur lequel il était assis, les genoux serrés, le corps tendu.

Il partageait le canapé avec Gideon, qui se rasseyait lentement à sa place au côté de son frère, son discours avait été bref, mais Lily aurait juré avoir vu Sirius verser une larme.

Emmeline Vance était au côté de son mari, droite et grave comme à son habitude. Elle était assise dans un fauteuil à haut dossier, près d'une fenêtre qui diffusait la douce lumière froide de cette fin de matinée. Elle semblait profondément ému, et sa main tenait celle de son mari, à la recherche de réconfort.

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