Le collège et internat Jean Calois était un établissement très réputé. Le nombre de places pour y entrer était très restreint, et surtout très convoitées. Les élèves scolarisés là-bas étaient enviés, jalousés ou encore considérés comme extrêmement chanceux et respectés car ils avaient réussi avec succès les différentes étapes permettant de faire le tri parmi le nombre très impressionnant de candidatures.
Émi, bien sûr, se rendait compte de sa chance. Cependant, la discipline y était stricte, et la pression mise sur les élèves afin qu'ils obtiennent de bons résultats était difficile à supporter pour elle. Car oui, en effet, elle faisait partie de cette prestigieuse école, le graal de l'enseignement par excellence.
Sarcastique ? Non. Absolument pas. Alors oui, certes, c'était une école avec un niveau élevé dû à des exigences toutes aussi élevées. Par conséquent, le comportement devait aussi se montrer exemplaire. Avant presque toutes les sorties scolaires, les surveillants rappelaient, avec un air grave, qu'ils représentaient l'école et que leur comportement, leurs actions reflétaient l'école.
Émi avait parfois du mal à supporter cette autorité excessive. Il fallait toujours bien se tenir, respecter le personnel, se conduire de manière sage, si possible ne pas trop s'agiter ni faire de bruit.
Tout cela mettait parfois à cran la jeune fille, bien que personne en s'en rende vraiment compte. En effet, Émi avait un visage qui n'était pas excessivement expressif, et il était parfois difficile de savoir quand elle était triste, en colère, ou stressée quand elle n'en parlait pas.
Elle était blonde, yeux bleus, de taille moyenne, observatrice, intelligente et agissait toujours en fonction des conséquences éventuelles les plus probables de se produire, y compris pour des choses insignifiantes.
Émi revint à l'instant présent. Elle se dépêcha de se reconcentrer sur le cours et le monologue sans fin du professeur de français, qui analysait un texte littéraire (trop, d'ailleurs, pour Émi que la matière ennuyait d'ailleurs profondément).
Elle jetait, de temps à autre, de rapides coup d'œil pour se rendre compte que quoi qu'elle fasse, l'heure ne semblait pas avancer plus vite (enfin, parfois, si, mais comme lui avait moqueusement lancé une fille à qui elle s'était confiée sur ça, « t'es pathétique, ma vieille, tu te fais vraiment des idées. Le temps, c'est le temps, et c'est pas une fille zarbie comme toi qui se verrait accorder le don de le modifier si seulement c'était possible. Bye la cinglée »).
Bizarre. Vraiment cheloue. Totalement tarée. C'est comme ça que certaines personnes l'avaient vues, l'avaient traitée, quand elle s'était ouverte à eux, avait essayé de se révéler un peu plus devant eux. Depuis, elle avait décidé de ne plus tenter l'expérience. Se contenter de conversations banales, réfléchir avant de décider à qui révéler quoi, débattre longuement avant de décider si la personne était réellement son amie, ou si c'était seulement un masque qu'elle enlevait pour cracher sur elle en son absence.
Enfin ! La fin du cours sonna. Elle se dépêcha de ranger ses affaires, et pressa le pas en direction des toilettes pour éviter d'être en retard après l'inter cours.
Pensive, Émi réfléchissait à plusieurs choses, certaines futiles, de son point de vue, comme celles concernant les devoirs. Il fallait d'ailleurs qu'elle pense à commencer le devoir donné par le professeur de sciences.
Elle était tellement dans ses pensées qu'elle ne s'aperçut pas tout de suite que le volume sonore commençait à baisser, et fut tirée de ses réflexions par le silence, chose rare aux inter cours . Elle sortit des toilettes en courant ventre à terre, totalement paniquée à l'idée d'être en retard à son cours de latin, dirigé par la très sévère Mme Bondiu, qui vous filait des heures de colles pour un oui ou pour un non (une fois, Émi était arrivée deux minutes en retard, et Mme Bondiu lui avait donné une heure de colle, et, quand Émi avait voulu s'expliquer, son professeur lui en avait donné une seconde pour lui avoir "insolemment" répondu).
Lorsqu'elle arriva devant sa classe, elle n'y trouva personne. Elle regarda autour d'elle et ne vit aucun élève en train de traîner dans les couloirs comme habituellement. Interloquée, elle voulut aller dans la classe d'à côté pour demander des explications, mais celle-là aussi était vide. Elle les fouilla toutes, mais pas un seul élève n'était là, et pas un seul professeur.
VOUS LISEZ
La maîtresse du temps
ParanormalÉmi est une collégienne normale, qui trouve les cours longs et barbant, lorsqu'un jour, elle s'absente aux toilettes quelques minutes et, à son retour, ne trouve plus personne. C'est là qu'elle découvrira qu'elle est une jeune fille un peu spéciale...