Nucleus

Chapitre 4 : Wells, terreur n°2.

En cours de Latin, l'après-midi, il repassait sans cesse le déroulement de la journée. Tous les phénomènes étaient étranges,inexplicables. Le plus étonnant était le fait que Lena soit venue lui parler, d'autant plus qu'il y avait un tas de garçons beaux et populaires qui rêvaient d'elle depuis la rentrée. Il se re-concentra sur le cours ennuyeux du professeur, à moitié avachi sur sa table, et à chaque petit mouvement de sa part, la chaise sur laquelle Sam était assis couinait à en faire grincer des dents un sourd. Le Latin le faisait sommeiller que quand ils étudiaient en profondeur la langue latine. 

En 5e, Sam avait fait le choix des'inscrire au Latin juste pour l'histoire de Rome ou autre légende tournant autour. Tout ce qui était mythologie gréco-romaine, il était plus calé sur le sujet que le prof lui-même. Rocket, lui,faisait du Latin dans la section « AP ». La seule chose à retenir de ça c'est qu'ils n'étaient jamais ensembles dans cette matière. Et ce petit Rocket préférait largement la langue à l'histoire. Ils se complétaient, l'un l'aidant à apprendre les leçons sur les cas latins, l'autre expliquant la légende de la fondation de Rome. 

Soudainement, la porte de la classe émit un bruit strident. Une grosse tête difforme passa dans l'entrebâillement de celle-ci : Le proviseur Wells.

« - Je viens vous emprunter Sam quelques instants. » Fit-il d'une voix sourde, prenant une expression sévère vers la fin de sa phrase.

Le proviseur Wells était – très - enrobé. Une peau à peu près blanche et granuleuse, un visage placide. une calvitie avec néanmoins quelques cheveux bouclés, gris ainsi que gras, sur les côtés. Des yeux vitreux d'une couleur indiscernable doté de cernes qui n'embellissait aucunement sa tête. Avec un double menton qui s'agitait à chaque fois qu'un mot sortait de sa bouche. Ses dents étaient gâtées par un paquet de cigarette par jour et son haleine empestait le vieux scotch caché sous la latte du parquet de son bureau.
Il était toujours vêtu de la même manière. Une veste de costard grise trop petite, une chemise rouge tomate rentrée dans un pantalon large de la même couleur que la veste. Et de vieilles semelles de cuir usé lui servant de chaussure.

Sam suivit le proviseur sans broncher jusque dans le couloir, ils'attendait déjà à être fusiller sur place. Ils arrêtèrent leur marche au milieu du long couloir sombre, le casier juste derrière eux avait la porte légèrement enfoncée au centre. Il remarqua après ce détail que c'était le lieu de l'affrontement avec Mike,ce matin.
Après la demande du proviseur Wells, Sam conta calmement toute l'histoire, en prenant soin d'enjoliver quelques passages pour plus se faire pour la victime et éviter de plus amples sanctions.

« - Je vais être clair. Vous nous causez beaucoup d'ennuis alors que ce n'est que la 3e semaine que vous passez dans notre établissement. Je ne tolérerai plus aucun écart de votre part.
Et comme je me dois de vous sanctionner pour rétablir l'ordre dans ce lycée, vous aurez une semaine d'exclusion, doublé d'un avertissement comportement à votre dossier scolaire, et bien sûr, votre mère sera convoqué dans mon bureau pour être mise au courant de la situation actuelle, estimez-vous heureux que je ne fasse pas appel à la Police. »

Sam ne put que déglutir, il n'y avait plus aucun échappatoire. Il avait juste envie de filer en douce, disparaître d'un claquement de doigts. Quoique, cela rajouterait une bizarrerie en plus à cette journée de dingue.

Le cours de Latin venait de se clôturer dès qu'il s'était pointé pour revenir à sa place. Quelle aubaine ! Juste après, i lavait Physique – Chimie avec Rocket. Un ensemble parfait pour papoter sur l'événement tout récent qu'était l'intervention de Wells. « Qu'est-ce qu'il te veut encore, ce gros lourdot ? »a fait Rocket, exaspéré par l'attitude du proviseur, juste après l'annonce du drame du cours de Latin. Et Sam se remit à faire son récit, de A à Z, tandis que la professeure de Physique distribuait des fiches sur le TP d'électricité à réaliser l'instant même. Rocket préparait le matériel pendant qu'il finissait d'expliquer chaque détail.

Sam avait juré de ne plus toucher à l'électricité depuis le dernier incident. De plus, il était sur la sellette avec ce que Wells lui avait dit, et ça n'avait rien d'encourageant à tenter de faire exploser le laboratoire, comme il avait l'habitude de dire à chaque début de cours de Chimie. Et Rocket, avec le temps, se débrouilla comme un chef pour faire les manipulations, alors que Sam était plongé sur les calculs. Tenir un stylo bleu n'est pas dangereux,enfin dans le cas de cette étrange journée, vaut mieux ne rien affirmer, Sam et Rocket s'attendaient à tout. 

« -Sam, le générateur a du mal à fonctionner, et moi j'y connais rien du tout dans tout ce qui est moteur et tout ! Le supplia soudainement son ami.

- Je t'ai dit que plus jamais je ne toucherais à un truc pareil. Lâcha catégoriquement Sam.

- Si la prof se rend compte qu'on est en galère, adieu le 20 ! Et en plus, pour rattraper le coup, ça serait cool que t'ai une bonne note aujourd'hui, tu trouves pas ? Minauda Rocket avec une petite voix et un sourire un coin.

- Si il y a le moindre truc qui menace d'exploser, t'es totalement responsable.

- Promis ! Allez dépêche on a pas toute l'heure ! »

Avec une certaine appréhension, Sam posa son doigt sur la grille du générateur, qui avait atteint une température au dessus de la normale. Le moteur se mit à crachoter bruyamment, laissant au passage un léger filet de fumée noirâtre sortir par cette même grille, puis plus aucun bruit. Rocket et lui devinèrent que le moteur venait de s'arrêter. Mais pourquoi quand Sam y pose les mains pour régler le problème ? Il ne préférait pas y penser, et plaqua ses mains derrière son dos, avec une mine qui traduisait : « Ce n'est pas moi, j'ai rien fait ! ». Le contact rompu, le générateur se ralluma de plus belle pour repartir au galop.

« - Tu m'expliques l'opération que tu viens d'effectuer pour ramener ce tas de ferrailles défectueux à la vie ? Questionna Rocket.

-Oublie ce qui vient de se produire. C'est tout, je ne veux pas creuser plus. » Soupira-t-il d'un air las.

Sam en avait plus qu'assez des phénomènes étranges qui planaient sur lui, il préférait tout oublier, et se réveiller dans son matelas douillet, comme-ci c'était un rêve. Et si c'était vraiment un rêve, alors Sam ne savait plus discerner Rêve et Réalité. Mieux vaut vivre dans un rêve entouré de réalité, ou alors dans une réalité emplie de rêves ? Telle est la question, dirait Shakespeare. Mais il n'aimait pas rentrer dans de grandes réflexions.Il partait vite dans tous les sens : Pourquoi l'Homme ?Pourquoi le Monde tout simplement ? Pourquoi tout ce qui l'entourait existait ? En tout cas, Sam en vint à la simple conclusion que ce soir, ils allaient se reposer en taguant des murs,parlant de tout et de rien, de ce qu'ils voudraient faire plus tard.Qu'est-ce que Sam veut faire plus tard ? Toutes ses questions lui embrumait l'esprit, parfois il aimerait arrêter de réfléchir pendant quelques minutes. Arrêter d'exister quelques minutes, qui remarquerait son absence ? Il n'est qu'une poussière dans ce vaste univers.

Après cette intense réflexion, il revint à lui-même, dans le monde réel.Il attrapa son sac de cours, puis serra la main de Rocket, en lui disant qu'ils se reverraient ce soir à leur point de rendez-vous habituel, avec leurs bombes de peintures, et sortit du lycée. Sur son passage, tous les élèves se retournaient puis chuchotaient quelques âneries à son sujet, après la confrontation qu'il y a eu avec Mike, à leur camarade juste à côté. Mais Sam avait appris à passer au dessus des critiques, et même des éloges. Malgré tout ce qu'on lui dira, il restera lui-même.

Il soupira un bon coup avant de monter dans le bus. Sa mère avait déjà dû recevoir un coup de fil, et dès qu'il passera le seuil de sa maison, il sera incendié de toute part, puni de sortie, et devra faire le mur ce soir. Enfin, cette situation, il l'avait vécue tellement de fois que c'était devenu une simple habitude.

« Home Sweet Home. » récita-t-il avant de tourner la poignée de la porte d'entrée.