Nucleus

Chapitre 5 : L'usine désaffectée.

Ce sont dans de telles situations que Sam aimerait bien qu'il soit dans la lune, tout simplement ailleurs, sur une autre planète. Et n'écouter que d'une oreille les reproches de sa mère sur sa naissance, son éducation ou autre. Il avait pris l'habitude de recevoir toutes ses critiques en pleine face. Premièrement, sa réaction ne l'étonnait même plus, il haussait les épaules quand elle lui posait une question. Deuxièmement, il n'en avait plus rien à faire. Des insultes, Sam en avait encaissé un nombre important,et tout ce que sa mère pouvait dire ne dépassera jamais ce qu'il entendait habituellement.

Avec le temps, Sam avait appris à garder sa bonne humeur à toute épreuve. Au collège, ses professeurs disaient que son sourire constant était de l'insolence. Est-ce interdit de profiter du bonheur et d'avoir la joie de vivre ?

Afin de clore le sujet, il prit la peine de se déchausser dans l'entrée,laissant sa paire de converses en vrac sur le paillasson, il soupira bruyamment pour que sa mère comprenne son exaspération, et pour finir, il emprunta les escaliers, montant les marches quatre à quatre pendant qu'elle continuait à faire fuser les insultes et les paroles ingrates qu'elle ne pensait pas – ou peut-être, Sam lui en avait fait tellement voir – haussant le ton à chaque fin de phrase, puis il claqua violemment sa porte de chambre, coupant court au semblant de discussion qu'il entretenait avec sa mère.

D'un coup d'épaule, il balança son sac de cours dans un coin de la pièce, se débarrassa de son blouson, l'envoyant traîner sur le sol, et Sam s'étendit sur le lit, fatigué moralement de la journée qu'il venait de subir. Lui qui voulait enfin instaurer une bonne relation avec sa mère, c'était mal parti. Alors qu'il s'entraînait tous les soirs à frotter les cordes de sa guitare, ce jour-là, il en avait perdu toute envie. Sam était même prêt à dégainer son vieux portable miteux pour annuler cette soirée avec Rocket. Mais il en vint à la conclusion que celle-ci le détendra probablement.

Quelque chose vibra une fois dans sa poche, puis une deuxième fois. Sam rouvrit subitement les yeux. Il ne distinguait plus rien dans sa chambre, la nuit venait de tomber : Sam s'était assoupi, et Rocket était justement en train de l'appeler.

« - T'as oublié vieux?

- Je m'étais juste endormi un coup, rien de grave, j'me mets en route.

- Okay, j'suis déjà en route moi, mais j'ai un peu plus de temps que toi pour y arriver. »

Sam ne répondit même pas, et raccrocha juste après la phrase de son ami. Il avait de la chance, sa grande taille lui permettait de passer sans danger par sa fenêtre de chambre pour atterrir sur la haie qui se trouvait juste en dessous, il risquait juste d'être couvert de feuilles. Il s'approcha à pas de loups vers sa porte de chambre, et y colla une oreille attentive. Aucun bruit à par la télé, sa mère regardait une émission de crimes apparemment, et elle allait à tous les coups s'endormir sur le canapé après cette soirée exténuante pour elle. Pour terminer, il verrouilla avec le plus de discrétion possible la serrure de sa porte de chambre.

Il attrapa un vieux sac couvert de graffitis quelconques et usé jusqu'à la corde qui était accroché à sa chaise, et y fourra plusieurs bombes de peintures de différentes couleurs avec des morceaux de cartons et un gros rouleau de scotch marron, il n'oublia certainement pas d'y caser le maximum de bouteilles de bière qu'il put. Sam mit son sac sur son lit, et se baissa pour scruter le sol en dessous de son sommier : poussiéreux. Mais ce n'est pas ça qui l'intéressait. En tâtant le parquet, il attrapa une paire de baskets tâchées de peinture et vieilles comme le monde. Il ne perdit pas de temps à les enfiler, claqua un bonnet rouge sur sa tête, ne laissant dépasser ses cheveux que sur le devant, lui donnant un air rebelle – plus que d'habitude – et il remit son blouson. Cela faisait une paire de fois qu'il effectuait cette sortie nocturne, Sam commençait tout juste à trouver ça habituel.