Ce n'était pas moi

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Attention, petite histoire inventée grâce à des faits réels, mais ce n'est pas une réelle personne. Je répète : tout est inventé sauf les faits...

Bonne lecture !

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     Bonsoir, bonjour ! Voilà, j'me présente, Audrey, 18 ans au moment où je commence à écrire ceci, et j'ai pas qu'un seul problème dans la vie. Déjà, je suis gay. Ensuite, j'habite dans un pays où l'homosexualité est un problème (en gros, le gouvernement ne nous reconnaît pas et nous traque, nous les LGBT - un peu alambiqué, j'avoue). Et finalement, j'ai créé un groupe de révoltés. Sans le vouloir. Enfin, un peu quand même...

    Comment vous dire... Je condamne la discrimination, de n'importe quel type (homophobie, transphobie, sexisme, discrimination des handicapés, ... ). Et il y a deux ans, on a proposé à notre classe de faire une intervention devant les autres classes. Ils nous ont donné une liste de sujets, et nous devions choisir. Il y avait, comme par hasard, LE sujet à ne pas aborder : l'homosexualité. Parce que celui-ci me plaisait et m'intéressait, je l'ai pris. J'ai travaillé comme une dingue dessus. Et franchement, quand je me suis enregistré, que j'ai regardé tout le travail que j'avais produit, je me suis auto-congratulée. Mais j'ai soudain eu peur...

     Venait le jour de ma présentation. Quand j'ai exposé mon sujet, j'ai eu droit à des regards qui m'indiquaient que j'étais folle de venir. Mon intervention a durée une bonne vingtaine de minutes. Je n'ai pas eu de questions, pas de remarques, rien. Juste le silence. Et soudain, ça a éclaté... Un adolescent est parti prévenir les "autorités", comme on les appelait, enfin, les professeurs, quoi. Et le reste de la classe s'est mis à hurler. Certains me jetaient même leurs crayons, leurs trousses. D'autres, une petite minorité, ont tenté de me protéger. Mais eux aussi ont été grièvement blessés.

     Deux jours plus tard, alors que j'étais en train de reprendre mes esprits et de me rétablir, les véritables autorités - des soldats, j'entends - sont arrivées dans ma chambre d'hôpital. Ils ne m'ont rien dit, juste signifié de m'habiller et de les suivre. J'ai enfilé le pantalon et autres vêtements que les infirmiers avaient laissés au fond de mon lit, et sachant que je n'avais pas le choix, je les ai suivis. Ils m'ont amenée, comme je le redoutais, à un véhicule de transport de troupes. J'étais sûre de la suite...

     Ils m'ont conduite dans un étrange bâtiment, puis dans une salle où se trouvait, debout, raide comme un piquet, une femme. Élégamment habillée et maquillée, elle faisait tout de même trop stricte avec son tailleur bleu. Elle m'a dit de m'asseoir, je me suis exécutée dans un empressement que je ne me connaissais pas. J'ai fixé la table avec obstination. J'avais peur de la suite.

     Elle s'est présentée : Mme DELIEE, gérante des interventions sur l'homosexualité. Pendant une bonne dizaine de minutes, elle m'a fait un discours sur les valeurs du pays, ses traditions. Puis elle a décidé de m'interroger :

    " Ton nom, jeune fille ?

- Audrey

- Ton nom, j'ai dit, pas ton prénom, je le connais déjà.

- MORI...

- La mort... Que c'est charmant, Audrey MOURANTE. Bon ! a-t-elle enchaîné sans me laisser le temps de protester contre cette affabulation. Pourquoi a-tu choisi ce sujet ?

- Lequel... ?

- Ne fais pas l'innocente, voyons ! Celui de ton exposé !

- Parce que j'étais sûre que je serais la seule à le prendre, et que, par conséquent, j'aurais une bonne note...

- Seulement pour ces raisons ?

- Exactement..."

     Je me suis tu, et elle m'a imitée. Elle me fixait, me détallait du regard (je dirais me déshabillait du regard, mais ça fait connotation sexuelle). Finalement, elle a fait signe à ses bouledogues, et ceux-ci m'ont attrapée et placée dans une cellule sordide, pleine de toiles d'araignées - et par conséquent de ces bestioles horribles.

     Je n'ai pas su combien de temps a duré mon enfermement. Ils me traitaient "bien" : ils me donnaient à manger, à boire, m'emmenaient dans une salle pour me laver et me faisaient enfiler de nouveaux vêtements à chaque "douche". L'un des nombreux points négatifs, entre l'interdiction de lire, de voir le soleil, de parler, il y avait leur constante brutalité, qu'ils exerçaient à même mon corps (ils me battaient, quoi). Je donne les grands traits.

     Au final, j'ai été relâchée, en sortant comme changée. Du moins d'après eux. J'estimais avoir gardé ma propre façon de penser, de parler, d'agir. Il semblait juste que j'étais moins apte à parler de ce que je ressentais, et par là même, ce que j'avais vécu dans cette cellule. Personne ne l'a jamais su. Pas même mes parents, mais pour eux, c'était différent, puisqu'ils me traitaient comme une pestiférée.

     Des mois après, j'ai appris qu'une association avait été créée pendant mon enfermement, destinée à contrecarrer le gouvernement et à aider tout LGBT poursuivi et reconnu par ce foutu despotisme. Ce cercle me voulait comme chef, et avait pris mon nom de famille pour le mettre en évidence. Leur slogan ? 

"Nous ne tolérons pas la chute des LGBT, celle du gouvernement, si"

    En attendant cet anéantissement, j'ai obtenu le poste de directrice générale. J'ai affronté de toutes mes forces, ainsi que celles de ma collectivité, cette dame effrontée, perpétuellement en tailleur bleu (how ?).

    J'ai écrit ce texte dans mon bureau, regardant la neige, symbole de la désolation. J'attendais ma mort, proclamée haut et fort par le successeur de Mme DELIEE que j'ai fini par faire assassiner.

Cette neige sera sûrement l'une des dernières choses que je verrais.


MORI Audrey est décédée, à l'âge de 31 ans, exécutée. Elle fut l'une des plus grandes résistantes que le monde ait connu pour la cause des LGBT. Grâce à elle, et à sa société MORI, ceux-ci sont maintenant libres de leurs actions.





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Voilà, voilà, c'est la fin, un peu rapide, il est vrai, mais j'ai pris grand plaisir à écrire cette petite chose d'un peu moins de 1000 mots... (PUTAIN, 1000 !). J'espère que vous avez pris plaisir à la lire.

Bonne journée, ou soirée !

A bientôt :3

SINON VIVE LA NEIGE

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