4.

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Dans le couloir, Jay s’était stoppé, pensif et triste.

Profondément triste.

Il n’était plus qu’un enfant emporté par un océan de malheurs.

Il suffoquait.

Mais avant que cette eau sans fin ne l’engloutisse, il se ressaisit : ce n’était pas le moment de se morfondre.

Et si, finalement, elles s’inquiétaient ?

Jay, arrivant avec difficulté à maintenir sa tête hors de l’eau glacée de ses peines, fut atteint en plein cœur par une vague de culpabilité. Elles s’inquiétaient peut-être…

Il reprit sa marche et arriva rapidement devant la porte de cette pièce qu’il avait tant voulu franchir.
Ses jambes le tiraillaient à force de battre l’eau pour le maintenir à la surface et ses poumons souffraient de l’eau salée de ses remords. Il était essoufflé de sa course et fatigué par ce combat qui faisait rage dans sa tête.
Rien que pour franchir la porte, il lui fallait se faire violence, ravaler la bile qui remontait son œsophage et retenir les larmes qui perlaient aux bords de ses yeux.
Ça lui faisait mal.
Mais il voulait le faire.
Il le devait.
Il leurs devait.

Il posa sa main sur la poignée, appuya, ouvrit et franchit le seuil.

La salle n’était pas vide mais elle n’était pas bondée non plus.
Pourtant, il chercha sans relâche du regard les deux châtains.

Mais soit elles n’étaient pas là.

Soit elles se cachaient de lui.

Jay se rendit à l’évidence et s’écroula dans un coin, ramenant ses genoux à son torse pour sceller ses bras autour.

Tout était de sa faute. Et il ne le savait que trop bien. Il n’avait qu’à pas tomber malade, il tombait toujours malade…

Noyé dans son chagrin, il ne vit pas que le groupe d’enfants l’encerclait, inquiets mais surtout curieux, ni que Pierre s’était penché pour le soulever tout en le serrant chaleureusement contre lui.

Il entendit ses paroles cependant. Des paroles rassurantes. Et il fut surpris de constater qu’il lui tint compagnie tout le reste de la journée.
Il n’avait pas couru appeler le psychologue. Non, il était resté dans la chambre de Jay, avec lui, pour le chouchouter.

Alors ce soir là, Jay s’endormit calé entre les bras du plus vieux, des caresses sur le dessus de sa tête jusque sur sa nuque et le ventre plein de chocolats. Et il était heureux.

JayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant