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Les jours passèrent, sans grands changements notables. Jay oublia lentement -trop lentement à son goût. Il était revenu à sa solitude d’antan, au calme, dans son lit et ses bouquins. Il aimait beaucoup lire. Et dessiner aussi. Mais ses dessins provoquaient toujours des réactions étranges chez les adultes alors il avait arrêté. Ça devait les gêner de ne pas trouver les mots pour lui dire que c’était moche.

Aujourd’hui ressemblait à hier, et hier à avant-hier.

Et demain à aujourd’hui.
Jay avait reconstruit sa bulle d’intimité et s’amusait de nouveau d’un rien. Pierre passait le voir souvent et Jay pensait pouvoir affirmer sans crainte qu’ils étaient amis.

Il avait une nouvelle amie aussi : Myriam.

Elle était jolie. Des cheveux blonds et épais, des joues rondes et rosées, une taille rondelette et de beaux et grands yeux bleus. Ils ont décidé que, plus tard, ils se marieraient -Jay avait accepté parce qu’il l’aimait beaucoup mais il ne pensait pas être amoureux. Mais elle était gentille et belle et lui voulait des câlins.
Il trouvait que Pierre et Myriam allait bien ensemble. Alors, sans que Myriam ne le sache, il avait élaboré un plan.

Enfin… il l’avait vu dans le film Ducobu...

Il allait écrire une lettre d’amour à chacun. Mais il n’était pas bête : il allait changer la calligraphie, le style d’écriture et il allait même mettre du parfum ! Cependant il fallait qu’il en achète… et il n’avait ni l’argent, ni l’autorisation de sortie… Il laissa cette dernière idée en suspens.

Il attendit que Pierre fasse sa visite quotidienne et que Myriam prenne de ses nouvelles et il se mit au travail. Il sortit un crayon à papier, un stylo encre, un feutre fin et des feuilles blanches. Il commença par écrire -en s’appliquant bien évidemment- au crayon pour repasser les traits ensuite. Au feutre pour la lettre à Myriam et au stylo encre pour celle à Pierre, parce que Pierre utilisait toujours un feutre pour prendre ses notes. Cette première partie du plan lui prit une heure.

Quand il eut enfin fini, il sortit de son lit et couru déposer les lettres. Il restait juste à savoir où...

Il regarda à droite puis à gauche, hésitant indéfiniment.

Jay opta finalement pour la droite après avoir fait la plouf dans sa tête. Il chercha, il chercha, il chercha… puis, au détour d’un couloir, il vit la pancarte indiquant où se trouvait le bureau des infirmières. Souriant de toutes ses petites quenottes, il s’y rendit. Mais il fut stoppé dans son élan par une collègue de Myriam.

- C'est interdit pour les enfants ici, avait-elle dit.

Pff... Vraiment n'importe quoi ! Il n'était plus un enfant depuis longtemps ! Pierre lui avait dit un jour que prendre l'avion tout seul c'était être grand et il l'avait fait deux fois ! Alors il supplia de toute son âme, implora son aide assurant que c'était d'une importance capitale. Et ça fonctionna. Il obtint son aide bien qu'à la condition qu'il dévoile tout ce qui manigançait. Il n'eut pour solution que d'accepter à son tour.

JayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant