III. De plus amples explications

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     J'étais déçu. J'avoue que je m'attendais à mieux. J'aurais bien aimé être un loup garou cannibale ou un démon aux yeux jaunes. Au lieu de ça, j'apprenais que je n'étais qu'un ange tout ce qu'il y a de plus classique. Un homme normal avec la tête qui fait de la lumière et des ailes de pigeon dans le dos. Enfin j'espérais que là aussi les stéréotypes étaient faux, sinon c'était vraiment chiant. A voir ma tête déçue, l'elfe, dont je ne connaissais toujours pas le nom, m'a simplement dit :

"- Sache que c'est un honneur pour nous de servir le fils de Saül. Si tu as des questions sur ta véritable nature, je suis là pour y répondre."

Et là, ils se sont agenouillés ! Ouais, ouais, une elfe et un demi-géant se sont mis à genou devant moi. Classe non ? Bref, du coup, je lui ai posé la première question qui me soit venue en tête :

"- J'ai des capacités particulières, hormis le fait que ma tête brille dans le noir et que je vais perdre mes plumes toutes les trente secondes ? "

Elle a souri : "- Décidément, les clichés ont la vie dure. Tout d'abord, ta tête ne fait pas de lumière, ne t'inquiète pas. Ensuite, tu pourras t'en apercevoir une fois que tu pourras tenir tout seul debout, tes ailes sont bel et bien en train de sortir. Mais ne t'inquiète pas, ce ne sont pas des simples ailes d'oiseau. En effet, les anges sont les guerriers de Saül, alors il leur faut des ailes quasiment indestructibles. Premièrement, sache que tu as deux paires d'ailes. Une paire principale, bien plus grande que la deuxième, qui te sert à prendre de la vitesse et te diriger, et une autre qui est là pour te gouverner avec une précision chirurgicale. Tes ailes sont formées de deux parties : la première, un prolongement osseux et creux de tes omoplates assure une fixation parfaite et une légèreté inégalé, et maintient la deuxième partie, une membrane de muscles et de peau qui te permettra d'effectuer des accélérations fulgurantes. Tu pourras plier tes ailes dans ton dos ne t'inquiète pas, elles font quand même deux mètres cinquante d'envergure ! Ah oui, et avec un entrainement adéquat tu pourras voir l'âme des gens, utiliser la magie Saülienne et développer une force surhumaine. D'autres questions ?"

  Alors là, je retire ce que j'ai dit ! Etre un ange c'était quand même vachement plus stylé que ce à quoi je pensais ! Bon, j'avais encore pas mal de questions à leur poser moi !

"- Pourquoi je suis attaché sur une table si je suis de votre côté ? Et au fait, j'aimerais bien connaître votre nom.

- Mon nom... appelle moi Sainik, ça suffira. Et si tu es attaché, c'est tout simplement car je te rappelle que ton dos est une plaie ouverte, il faut bien faire sortir tes ailes. Quand tu auras cicatrisé, nous pourrons envisager de te détacher, mais tu t'écroulerais en avant car tes ailes sont trop légères pour leur taille. Tu devras t'entrainer afin d'en apprendre le fonctionnement. et t'habituer à leur présence.

- Très bien euh... Sainik c'est ça ? Mais je vais m'entrainer où moi ? Et puis ma mère dans tout ça ? Elle doit s'inquiéter la pauvre !

- Tu es mort, tout simplement.

- Pardon ? Pourtant que la douleur que j'éprouve est bien vivante elle ! 

- Enfin non, tu n'es pas vraiment mort. Disons que hier, tu es rentré des cours et t'es tranché les veines. Les services secrets ont récupéré ton corps et tu seras incinéré bientôt. Du moins c'est la version officielle, tu es bel et bien vivant, ici avec nous, mais tu ne reverras plus jamais ta mère. C'est d'ailleurs pour cette raison que tu mettras un masque chaque fois que nous retournerons chez les humains. Car oui, nous allons partir dès que tu seras cicatrisé. Laus te portera dans ces bras et nous irons chez notre mère, Gaïa. Tout est déjà prévu ne t'inquiète pas. Tu devrais être sur pied d'ici un ou deux jours. En attendant, Laus va aller te chercher de la nourriture"

Elle se tourne vers le concerné : "pas vrai mon grand !

- Laus cherché miam miam pour ange !" a-t-il crié avant de partir, tout content de servir à quelque chose.

     Il fallait que je réfléchisse, que je digère toute ses révélations. Je n'étais pas humain. J'étais un ange guerrier, fils de Dieu, euh pardon, de Saül. J'étais considéré comme mort et ne révèrerais plus jamais ma mère. Au lieu de ma vie de lycéen banal, j'allais vivre avec une elfe et un demi-géant chez Gaïa. Vous comprenez pourquoi j'étais perdu ? Je ne savais pas quoi dire ou faire, mon esprit c'était égaré dans ce labyrinthe complexe de pensées. J'avais l'impression que tout m'a vie n'était que mensonge, que l'on m'avait caché la vérité sur qui j'étais, sur ce que j'étais, sur qui était véritablement ma famille. Alors, j'ai pleuré. Pas comme on pleure la mort d'un proche non. Plutôt comme on pleure lorsque c'est trop, trop à cacher, trop de mensonges ou trop à avaler. Je n'ai pas pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai versé une larme, une seule. Mais cette larme qui coulait sur ma joue représentait toute la douleur de la découverte du véritable moi. C'était plus qu'une goutte d'eau qui coulait sur ma joue. C'était mes rêves et mes espoirs qui partaient en fumée, réduit en cendre par ma vraie nature, une bille d'eau qui me brulait la joue mais me soignait le cœur.

     Alors, Sainik a fait quelque chose qui m'a surpris au plus haut point : elle s'est avancée en silence, a tendu le bras et a essuyé ma larme. Elle souriait doucement, d'un sourire maternelle et protecteur. C'est là que j'ai compris qu'elle disait vrai quand elle parlait de me servir avec honneur, et que je pourrais lui faire confiance aveuglément. Après avoir tendrement enlevé ma larme, elle a reculée, puis a murmurer : 

"- Tout ira bien, ne pleure plus." 

     Des mots simples, mais qui m'on aidés à aller mieux, m'ont redonné la force d'avancer. Je me suis senti comme envahit par une force nouvelle. Inconsciemment, j'ai dirigé cette énergie vers ma plaie. C'est à ce moment-là, quand elle eut atteint mes omoplates, que Sainik ferma les yeux, tourna rapidement la tête et que la pièce se remplit d'une aveuglante lumière dorée. Je fermais aussitôt les yeux, et ne les rouvris que cinq minutes plus tard, lorsque la douleur de mon dos s'estompa subitement. A bout de force, je ne pus qu'observer Sainik passer dans mon dos et l'écouter lâcher un :

"- Alors ça, c'est inattendu !" 

     A peine eu t'elle finis sa phrase que je sentais quelque chose de nouveau derrière moi. J'essaya de rentrer en contact avec, et la réponse ne se fit pas attendre. J'entendis un bruissement sourd, et, me tournant le cou, je pus apercevoir deux grandes ailes noires cendres. Je venais de faire bouger mes ailes d'ange pour la première fois.




Le dernier GuerrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant