II. Une étrange vérité

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     Oh putain ! Le rêve bizarre ! Comme si un humain pouvait avoir des ailes ! Normalement, je n'aurais qu'à ouvrir les yeux et je serais dans ma chambre, avec les vêtements sales par terre. Normalement... aller... un... deux... trois... QUOI ? Pourquoi je n'étais pas dans ma chambre ? Ou alors j'avais changé de déco sans le vouloir, mais ça m'étonnerait. Et puis pourquoi je me serais attaché tout seul ? Je suis con mais pas à ce point ! Je vais peut-être vous expliquez un peu mieux non ? Si, si, vous comprendrez mieux pourquoi je stressais encore plus que quand j'ai voulu bruler le bureau du proviseur - une longue histoire... - parce que là, c'était mille fois au-dessus ! Alors, par où commencer... Vous voyez à quoi ça ressemble les égouts ? Non ? Tant mieux parce que moi non plus, mais je les imaginais un peu comme ça : des murs en briques couverts de mousse, un air qui sent le mélange d'un vestiaire de rugbyman et de mes vieilles chaussettes moisis, une absence quasi-totale de lumière et parfois un alligator. Bon, maintenant que vous visualisez, mélangez ça avec Alcatraz ou n'importe quelle prison horrible, un film d'horreur comme un bon Saw, enlevez l'alligator et vous avez là où j'étais.

     J'ai ajouté Saw parce que j'étais au milieu de la pièce, attaché sur une table levée à la verticale, pieds et mains écartés, un peu comme Jésus, avec deux grands trous dans le dos. D'ailleurs, j'avais comme l'impression d'avoir un poids qui me tirait les omoplates en permanence, un peu - encore une fois, je sais, arrêtez de vous plaindre - comme dans Saw. Mais qu'est-ce que je foutais là bordel ! J'ai rien demandé moi ! 

*plic, plouc, plic, plouc*

     C'était quoi ce bruit encore ? Comme si quelque chose tombait au goutte à goutte. Je crois que ça vient de moi. Oui j'en suis sur maintenant, je sentais couler un liquide chaud le long de mon dos. Donc ça devrait tomber sous moi non ? Aller, je regarde. Et merde... c'est du sang. Du sang rouge comme la brique, qui tombe en un bruit semblable à un robinet mal fermé. Récapitulons : J'étais enfermé dans un endroit que je ne connais pas, enchainé sur une table dans une petite pièce sans doute fermée à clé, sans eau ni nourriture, avec une plaie ouverte dans le dos, et tout cela le jour de mon anniversaire. Quelle belle journée ! Mais bon j'avais connu bien pire... ah non en fait excusez-moi. Bon ben y'avait plus qu'à atteindre. Vous allez bien vous ? Moi ? Oh oui, j'avais jamais été aussi bien installé ! J'avais tout ce qu'il me fallait !

    Attendez. J'ai entendu un bruit de serrure qui se déverrouille. Oui, j'avais raison, la porte s'est ouverte dans un grincement. C'était un homme et une femme. Lui était très grand. Rectifications faites, il était gigantesque ! Facilement trois mètres ! Et bien large aussi. Mais étant donné qu'il se baladait en pagne, je peux vous dire que ce n'était pas du gras, loin de là. A mon avis, si Hulk essayait ne serait-ce que de lui faire une pichenette, il se casserait les doigts. Et puis il était chauve aussi, avec une barbe...verte ? Ah non pardon, elle était brune mais remplie de feuilles. Goliath devait aimer faire des câlins aux arbres à mon avis. Son torse était recouvert de tatouages, du gros dragon japonais sur tout son bras gauche au cœur marqué de l'inscription "Gertrude" sur sa grosse main droite. Ce qui était marrant, c'est que l'autre, la femme donc, était toute petite, dans le mètre vingt, pas plus, en costard cravate, tirée à quatre épingles, avec une coupe au carré et des cheveux noirs comme la cendre. Elle était blanche comme la mort et avait surlignée ses lèvres pulpeuses d'un trait de rouge à lèvre brillant. Elle portait de grands talons, de ceux qui vous font prendre dix centimètres, mais ne trompait personne, en tout cas pas moi, sur sa taille. A l'approche de ses deux inconnus, je n'ai réussi à lâcher qu'un simple :

" Salut, ça va ?"  

Pitoyable pas vrai ? Et pourtant c'est ce qui m'est venu tout de suite à l'esprit. Et devinez quoi ? Ils n'ont même pas daigné répondre. Ils se sont juste avancés silencieusement, dans la mesure ou un géant et une naine à talon peuvent être silencieux, et le grand à l'air con c'est arrêté devant moi, tandis que la petite stricte a commencé à faire le tour de la table sur laquelle j'étais attaché, avant de rejoindre le colosse. Puis elle m'a posé une simple question :

"- Sait tu ce que tu es ?

- Samuel Wayward, seize ans, lycéen en seconde, un mètre quatre-vingt, soixante-quinze kilos. Et vous ? 

- Je ne t'ai pas demandé qui tu es. Je t'ai demandé ce que tu es." rétorqua Miss Talon Haut, visiblement pas très amusée.

"- Ben... un individu masculin de l'espèce animal communément appelée humanité, non ?

- Elle ne lui a pas expliqué..." souffla la naine, toujours sans la moindre réaction.

"- M'expliquer quoi ? Vous pourriez développée s'il vous plait ?

- Ah tu joues moins au con tout de suite ! Bon, je vais essayer de te l'annoncer en douceur et de bien tout t'expliquer en détail, alors écoute moi bien, c'est compris ?" me dit-elle.

Et quand une femme vous dit ça avec un regard comme celui qu'elle m'a lancée, croyez-moi, vous êtes obligés de l'écoutez. Je lui ais donc fait un signe positif de la tête pour lui faire comprendre que le message était bien passé.

"- Bien. Alors, par où commencer... pourquoi pas par t'expliquer ce que nous sommes ? Peut-être à tu déjà entendu parler des demi-géants ? Mon ami ici présent en est un. Je sais que c'est difficile à croire, mais je te raconte la stricte vérité. Mais attention, les demi-géants ne sont pas ceux que tu as pu voir au cinéma ou dans les livres. Ils sont bien plus puissants. Ils sont capables de soulever des montagnes, de créer des tornades ou des tsunamis, et encore nombre d'autres facultés naturels. Mais ils sont peu nombreux, car fils de Gaïa, la Terre et de n'importe quel géant. Celui-ci s'appelle Laus et n'est encore qu'un bébé, d'où son langage réduit et sa petite taille. Adulte, il pourra mesurer jusqu'à douze mètres et parler plus de vingt langues. Heureusement, les demi-géants peuvent moduler leur taille comme ils le souhaitent, dans certaines limites bien entendu. C'est d'ailleurs son lien avec la nature qui fait que dans sa barbe pousse des feuilles et qu'il ne se vêtit que d'un pagne. Tu dois maintenant te demander ce que moi je suis. Et bien, sache que tu dois bien connaître les stéréotypes sur mon espèce, mais qu'ils sont tous faux. Tous, sans exception. Je suis une elfe. Et oui ! Pas d'arc, pas de longs cheveux blonds, pas d'oreilles pointues et autres foutaises. Mon peuple est tout sauf proche des arbres. En effet, nous sommes les enfants des volcans, d'où nos cheveux cendres et nos lèvres rouge lave. Notre cœur est une boule de magma en fusion, ce qui nous permet de pouvoir projeter des flammes à travers nos doigts. Nous sommes également capables de supporter des températures extrêmes, et de résister au feu. Notre petite taille nous permet de nous cacher plus facilement un peu où nous le voulons. Voilà pour notre étrange duo. Des questions ?

- Donc si je récapitule, je me tiens face a un bébé demi-géant de trois mètres qui fait un potager dans sa barbe, et une elfe de volcan qui balance du feu ? Trop cool ! Et moi je suis quoi ? un demi-dieux ? Un esprit vengeur ? Un loup-garou ? Et mes pouvoirs, c'est quoi ? Je tire des lasers avec mes narines ? Je peux voyager dans l'esprit des gens ?"  Répondis-je, complétement surexcité par le nombre d'idées qui me venaient en tête.

"- Et bien non, pas vraiment. Mais avant de te révéler ta véritable nature, laisse-moi t'expliquer ce qu'il s'est passé il y a trois cents ans environ. Sache tout d'abord que des entités très puissantes se sont autrefois séparés notre planète en deux partie. L'un, que vous appelé Lucifer, a pris tout ce qui se trouvent sous la terre, de la plus petite graine jusqu'au centre de la planète. Son vrai nom est Méphisto, celui-ci est un peu moins connu, mais c'est bien son véritable nom. L'autre est son frère jumeau. Il a pris tout ce qui était au-dessus de la terre, jusqu'à l'atmosphère. Celui-là, vous l'avez appelé Dieu, personne ne sait pourquoi lui et pas Méphisto, alors qu'il est loin d'être tout-puissant. Son vrai nom est Saül, un peu moins classe pas vrai ? Bref, il y a trois cents an, les deux frères ont commencé une guerre de territoire. En effet, qui des deux avait le contrôle des volcans, puisqu'ils prennent leur lave de sous la terre, royaume de Méphisto mais la rejette au-dessus, dans le royaume de Saül ?  Cette guerre dura précisément soixante-six ans, et Méphisto finis par l'emporter. Mais les deux jumeaux avaient perdus quasiment toutes leurs troupes. Tous les anges de Saül sont morts au combat, tout comme les démons de Méphisto. Celui-ci conquis rapidement mon peuple, contrôlant tout notre territoire. Mais mes ancêtres ont voulu se rebeller, et Méphisto les as tous éradiqués. Heureusement, ma mère m'avait confiée à Gaïa avant de partir au combat. Je suis donc la dernière représentante de mon peuple et je considère Laus comme mon frère adoptif. Mais nous sommes tout les deux dans le même cas mon cher Samuel. Nous sommes tout deux les nouveaux enfants de notre race. Car, je peux maintenant te révéler ta véritable nature : tu es l'Ange Samuel, fils de Saül et venu sur Terre pour rendre à ton père ce qu'il lui appartient." 


Le dernier GuerrierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant