Je n'en revenais pas. Je venais de me soigner tout seul et j'étais maintenant capable de me servir de mes ailes. D'ailleurs, elles étaient quand même vachement stylées. De ce que je pouvais voir, les os qui maintenaient la membrane étaient recouverts de petites plumes sombres comme la nuit. En essayant d'en prendre une, je me suis rendu compte de deux choses : premièrement, mes plumes coupaient comme des lames de rasoirs, deuxièmement, je ne pouvais en enlever une que si je le voulais. Je contrôlais comme je le souhaitait le fait que mes plumes tombent ou non.
Puis, je suivis du regard les trois ramifications de mes ailes, raides comme des piquets, entre lesquels étaient les membranes. D'un violet pâle, elles étaient lisses mais rêches. Je réussis finalement à apercevoir la deuxième paire d'ailles, portrait craché de la première mais en plus petit, environ un mètre d'envergure. J'essayais bientôt les limites de mon contrôle sur ces ailes. J'arrivais dans l'ensemble à les bouger comme je voulais, mais je sentais que je ne pourrais pas tout de suite voler avec, manquant encore cruellement d'expérience. C'est alors que Sainik commença à me diffuser sa science :
"- Et bien ! Je ne pensais te voir bouger tes ailes comme ça avant un petit bout de temps, mais apparemment je m'étais trompé. Sache que tes ailes sont, comme toi, encore en pleine croissance. Jusqu'à tes vingt-et-un an, elles ne cesseront de grandir. Les plus grands anges avaient des ailes de plus de quatre mètres d'envergure et ont même pu voir une troisième paire apparaître. Pour l'instant les tiennes ne sont que quatre et les plus grandes font deux mètres cinquante d'envergure, mais qui sait ? Peut-être un jour aura tu de gigantesques ailes noires !"
Surpris et ravis par cette nouvelle alléchante, je m'imaginais déjà avec mes trois paires d'ailes noires lorsque l'arrivée de Laus, un énorme giga-tacos et une canette de soda dans les bras me tira de ma rêverie. A la vue de tout ce gras, mon ventre gargouilla de plaisir, contre ma volonté bien sûr. Quand le demi-géant aperçus les quatre ailes noires dans mon dos, il déposa la nourriture tant convoitée sur une petite table et se mit à hurler en sautant partout :"Coucou les ailes de Samuel !", tout en tapant dans ses mains. Je souris instinctivement, avant que Sainik ne m'annonce une bonne nouvelle :
"- Et bien, je me demande si on n'essayerait pas de te faire tenir debout sur tes pieds maintenant que tes ailes sont là ?"
Oh putain oui ! Enfin ! L'elfe n'attendit pas ma réponse pour commencer à défaire mes liens. Une fois mes mains libres, je commençais par faire de petits moulinements, afin de réadapter mes muscles, restés trop longtemps immobiles. Quand vient le tour de ma dernière jambe, la droite, Sainik appela son frère adoptif afin qu'il me porte et, ainsi, que je ne tombe pas de la table. Lorsque je fus dans ses gros bras tatoués, il me sera bien fort - oui je fais un câlin à un bébé demi-géant et alors ? - avant de me reposer délicatement.
Je chancelais tout d'abord d'avant en arrière, mon corps ayant encore du mal à trouver son nouveau centre de gravité. Au bout d'une petite minute d'hésitation, je commençais finalement à avancer la jambe. Pour l'instant, pas de problème. C'est là que ça allait devenir plus compliqué. Mes deux compagnons me regardaient attentivement, et j'avais l'impression d'être un nouveau-né faisant ses premiers pas. Je m'appuyais sur ma jambe droite, leva la gauche et... réussis à marcher sans aucun problème ! J'enchaina les pas et commença bientôt à courir dans toute la pièce. Puis, je me rappela le beau giga-tacos posé sur la table en métal. Je m'assis doucement et commença à manger sans la moindre gêne. Pendant ce temps la fille de volcan restait bouche bée.
"- Jamais je n'avais entendu parler d'ange qui arrivait à courir dès l'apparition de leurs ailes. Apparemment, tu n'es pas comme n'importe quel ange, tu sembles... amélioré. Nous devrions partir rapidement, Mère aimera surement étudier ton cas de plus près.
- Che finis cha et ch'arrive !" Répondis-je, la bouche pleine de tacos.
Sainik sourit doucement tandis que son frère riait à gorge déployée.
Quelques heures plus tard, après être passé chez moi prendre tout ce dont j'avais besoin pour un voyage qui pouvait durer... longtemps - je pense que c'est le mot - nous étions de retour dans la cave humide. Sainik sortit de la poche de son jean une pièce d'or, frappé d'un étrange signe, semblable à un arbre en feu.
"- C'est le symbole du royaume détruit de Gaïa après la guerre des Jumeaux, celle dont je t'ai déjà parlée." M'expliqua l'elfe.
Avec la pièce, elle avait aussi rapporté une sorte de bout de bois, comme si elle avait ramassé une branche morte, par terre, sur le trajet. Mais je sentais que ce n'était pas qu'un simple bâton. En effet, l'elfe me fit bientôt signe de m'écarter. Curieux mais prudent, je me recula vite près de Laus, à l'autre bout de la pièce.
"- Je vais ouvrir le portail qui nous mènera jusqu'au royaume caché de Gaïa. Cela va me demander beaucoup d'énergie, alors je risque de m'évanouir. Si jamais ça arrive, suit mon frère sans poser de questions et ne conteste aucune de ses décisions. Il est peut-être bête, mais s'il y a bien quelque chose que son petit cerveau a retenu, c'est le chemin vers la maison.
- Moi amener toi maison de Sainik et moi ! Fais beau à maison !" Conclut le demi-géant après les paroles de sa sœur adoptive, tout content de sa mission.
Une fois qu'il se fut calmé, Sainik commença le rituel. Elle leva son bout de bois le plus haut qu'elle le pus avec ses deux mains, avant de le frapper contre le sol en pierre de la pièce. Aussitôt, des lignes de caractères inconnus partirent dans toutes les directions, et formèrent un cercle d'environ deux mètres de diamètre, dans lequel les symboles dessinèrent bientôt l'arbre en feu que j'avais vu sur la pièce. Pendant ce temps, le bout de bois de Sainik avait pris feu. Il était recouvert de longues flammes bleu, mais ne semblaient pas se consumer. On aurait plutôt dit qu'il se modifiait. En effet, il semblait s'allonger, et le haut du bâton se transforma bientôt en une splendide tête de renard sculptée. J'avais l'impression que ses yeux étaient deux torches incandescentes qui pourraient bruler mon âme d'un simple regard. Puis, des vents violents survinrent brusquement à l'intérieur du cercle mystique, soulevant les cheveux noirs de Sainik, ce qui me permit d'apercevoir ses yeux. Ils étaient bleus. Pas des yeux bleus comme nous en connaissons tous, non. Ses yeux étaient entièrement bleus, révulsés et d'un bleu clair comme celui des flammes qui tournoyaient autour du bâton-renard, un bleu magnifique et naturel.
C'est lorsque les flammes commencèrent à glisser sur les bras de l'elfe que la magie commença vraiment. Sur le mur face à la magicienne apparu une sorte de petite fissure, qui semblaient comme illuminée de l'intérieur. Cette lumière avait quelque chose d'irréel, comme si elle ne venait pas du monde des humains. Soudain, tout s'arrêta. Le crépitement des grandes flammes tournoyantes, le sifflement des symboles sur le sol, le vol du vent vers le plafond, la tête de renard qui regardait dans toutes les directions, tout s'arrêta. Puis, doucement, Sainik ouvrit les bras, ne tenant plus que le bâton dans sa main gauche. Les flammes se dirigèrent alors vers sa main libre, et s'y accumulèrent jusqu'à former une boule de feu bleu. Tout d'un coup, d'un mouvement brusque, l'elfe jeta cette boule sur la mystérieuse brèche.
J'eu à peine le temps de me boucher les oreilles et de détourner le regard que je sentis un énorme souffle d'air dans mon dos. Projeté en avant, j'atterris dans les bras de Laus, qui n'avait pas bougé d'un nanomètre. Lorsque je rouvris mes yeux, la première chose que je vis fus un grand portail de flammes, vertes cette fois, à l'endroit de la petite brèche. Puis j'aperçus Sainik, étendue sur le dos, sans aucune trace du mystérieux rituel qu'elle venait d'accomplir. Laus avança doucement, ramassa le corps de sa sœur et le jeta sur son épaule. Puis d'un pas décidé, il marcha droit vers le portail de flammes vertes, en criant, sourire aux lèvres :
"- Laus renter maison avec petit Ange !"
Et il franchit le portail.
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Le dernier Guerrier
ParanormalA quel point êtes vous normal ? Posez vous la question. Moi, je pensais l'être complètement. Apparemment, je ne me connaissais pas si bien que ça. Ce qu'il m'est arrivé ? Vous ne voulez pas le savoir, croyez moi. Ou plutôt non. Vous ne voulez pas qu...