Chapitre 2

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Une main posée dans le bas de son dos, une grimace de douleur atroce, si quelqu'un lui posait la question, Martin lui répondrait sûrement qu'il vivait à cet instant précis ses dernières heures sur terre.

- ah Yann, dieu soit loué, tu me sauves la vie !

Alors qu'il venait tout juste de passer la porte de l'appartement comme s'il était chez lui, le poivre et sel écarquilla les yeux, en toute honnêteté, il s'était attendu à un tout autre accueil de la part de son insupportable voisin de palier.

- quoi ? Qu'entends-je ? Pas de « papy », « l'ancêtre », « le fossile » ou encore « Toutânkhamon » aujourd'hui ? Qu'est-ce qui t'arrive ? T'es malade ?

- tu peux me passer mon phone s'te plaît ?

- prends-le toi-même, je suis pas ton esclave !

- regarde-moi bien, tu crois que je suis en état de bouger ?

Allongé sur le ventre à même le canapé du salon, le brun avait effectivement l'air très mal en point, Yann le fixa d'un air intrigué.

- qu'est-ce que t'as ?

- je me suis bloqué le dos.

- et après c'est moi que tu traites de vieillard ? Elle est bien bonne celle-là !

Les rires moqueurs du poivre et sel envahirent tout le salon et la mine de Martin devint encore plus maussade qu'avant.

- bon tu me le passes ce téléphone ou pas ?

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l'avocat lui posa son dû sur le canapé, juste devant sa main gauche.

- tiens le voilà !

- merci.

Ni une, ni deux, Martin s'empara de ce dernier et appela directement son médecin traitant alors que Yann prenait place sur le fauteuil qui se trouvait juste en face de lui.

- bonjour, ce serait pour une visite à domicile... aujourd'hui c'est encore possible ? Parce que c'est plutôt urgent... je me suis bloqué le dos... non, plus du tout... DANS UNE HEURE ?... très bien... à tout à l'heure alors... au revoir.

Il raccrocha puis se mit à souffler, lui et la patience ça faisait deux, attendre des plombes, très peu pour lui, ce n'était clairement pas son fort.

- génial, je suis bon pour rester une heure ici sans bouger avant que mon médecin daigne enfin venir me piquer les fesses.

La manière dont ce dernier avait de présenter les choses fit bien sourire Yann et il se surprit lui-même à ressentir une once de pitié pour son meilleur ennemi allongé juste devant lui.

- bon ben je suis déjà là alors vas y, dis-moi ce dont t'as besoin, je connais votre cuisine comme ma poche.

- non c'est bon et puis c'est pas à de la bouffe que je pensais. Par contre, un petit massage de ta part, ce serait pas de refus.

Martin se mit à jouer des sourcils, à la fois fier et enthousiaste d'avoir eu l'idée de cette proposition qui soulagerait assurément son dos.

- tu rigoles ? Et puis quoi encore ?

- allez Yannick, fais pas ta mauvaise tête, un peu d'entraide entre voisins ça existe, se rendre des services ça se fait entre gens civilisés !

- tu m'énerves !

D'un air agacé, le poivre et sel quitta son fauteuil et une fois debout près du canapé, ne sachant plus trop où se placer, il marqua un temps d'hésitation, une hésitation qui n'échappa guère au regard de son cadet.

Le feu et la glaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant