Paris 15 avril 1946,
Assise sur son lit, Catherine se remémorait les vingt années de travail qu'elle avait effectuée chez « maman ». Certes, il y avait eu des moments difficiles, calmes et parfois douloureux, mais les bons moments étaient si nombreux qu'ils avaient effacé toutes ces épreuves liées à ce travail si « diffèrent ».
Une larme a peine dissimulée coulait sur sa joue. Mais d'un discret mouvement de la main fut essuyer aussitôt. Elle jeta un dernier coup d'œil à la maison de Geneviève sa patronne, qui lui avait donnée la chance de gagner sa vie sans dépendre des hommes et de leurs bons vouloirs.
En effet, Catherine subvenait seule à ses propres besoins, ainsi qu'à ceux de sa fille unique, depuis sa séparation d'avec son mari en 1926. Elle avait alors fui le foyer et les coups de cet homme si violent, et courageusement quitter Lyon pour Paris.
Une amie Parisienne venue lui rendre visite au moins de septembre de cette année-là, lui avait conseiller de quitter Alphonse et de la suivre afin de s'en sortir.
Barbara étant une personne de confiance, la jeune femme la suivie sans crainte, et quitta alors son époux en compagnie de sa fidèle amie, et de sa fille née deux ans plus tôt. Son ex époux ne fit rien pour la retenir.
Il savait que rien n'y ferait, et que c'était mieux ainsi. Il était même soulagé de voir partir son enfant, qu'il n'avait jamais su aimé. L'homme avait pourtant tout fait pour qu'elle ne voit jamais le jour, mais rien n'y fit. Pas même les coups de poing qu'il balançait avec rage dans le ventre de sa génitrice. Il avait même envisagé tuer l'indésirable, mais n'en avait pas eu le courage.
Ses débuts furent laborieux dans la profession. A l'époque, elle n'avait connu que son époux, et le jour de son mariage, sa virginité était toujours intacte. Au grand dam de Alphonse qui durant les six premiers mois de leur relation, avait dû se contenter de sa main droite afin de se soulager. Mais au bout de quelques temps, elle s'y était faite, et sa clientèle devint très rapidement nombreuse et fidèle. Il faut dire qu'à l'époque, les hommes étaient très souvent délaissés de leurs épouses qui durant leurs grossesses et allaitements, se refusaient majoritairement aux avances sexuelles de leurs époux. Les laissant désemparé face à leurs tensions péniennes.
Ils n'avaient donc pas d'autre choix dans un premier temps, que de se masturber, et s'imaginer honorer leurs épouses. Mais au bout de quelques mois, parfois mêmes seulement quelques semaines, la masturbation ne suffisait plus. Après tout, ils n'avaient plus quinze ans, et aspirait à mieux que se décharger sur une pensée issue de leurs imaginations.
C'est alors, que le plus naturellement du monde, mais non sans gènes, qu'ils poussaient les portes des établissements tels que chez « maman ».
Elle se souvient presque comme si c'était hier de son premier client :
C'était un jour d'octobre, humide et froid. Il avait la bonne cinquantaine et s'appelait Éric, ou peut-être Emeric ? Enfin son prénom lui échappait un peu, mais elle se souvenait très bien de cette rencontre.
L'homme était veuf, et n'avait plus eu de rapports depuis bientôt trois ans. Il était plutôt anxieux, ce qui servait bien Catherine, qui du fait, se sentait plus à l'aise qu'elle ne l'avait imaginée. Il voulait une « complète » pour deux cents francs. Et avec ses trois ans d'abstinence, l'affaire fut faite en une dizaine de minutes à peine.
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Le couvent des plaisirs
RandomCesser de travailler à quarante-six ans, elle n'y songeait même pas. Elle était beaucoup trop jeune pour cela, et elle était loin d'être riche. Certes, la quarantenaire avait son propre appartement dans le 13ème arrondissement, mais ses économies, n...