Je me lève enfin et m'occupe des tâches ménagères: balayage puis passage de serpiaire. Je vais ensuite me laver, me mettre dans l'une de mes tailles-basse, réarrange mon tissage, et calebasse à la main, je sors pour le marché.
Je ferme ma chambre à clef et me dirige vers la porte de la maison.
A peine l'ai-je ouverte, je tombe sur un homme, environ de la trentaine, une grosse valise et un sac en bandoulière.
-Bonjour!
Lui souris-je embarassée par sa façon de me regarder. Là je le reconnais: j'ai une fois vu sa photo sur le portable de mon mari: c'est son fils, Saliou, celui qui est aux Etats unis. Il est de la ligue anti-moi c'est pourquoi il ne m'a jamais appelé, reste à savoir s'il sait même qui je suis car là, son regard commence à être déplacé et gênée, je brise le silence en lui proposant :
-laisse je vais t'aider! Pas trop fatigué j'espére.
A peine commençais-je á prendre le sac qu'il avait en main, sa femme qui passait accourut.
-hey! Sorciére lâche le immédiatement!
Je sursaute, surprise et me retourne vers elle.
-Espéce d'idiote pourquoi tu es sans vergogne? Tu ne peux pas nous laisser tranquille hein?
M'attaque t-elle devant son mari, qui nous fixe, toujours silencieux, alors qu'elle crie comme une folle, au fait non pas comme une folle, c'est une folle.
Alors pour toute réponse, je décide de l'ignorer en secouant la tête exaspérée par elle pour me tourner vers Saliou qui, comme un spectateur, nous, enfin me regarde. Je lui souris et lui dit.
-Saliou bienvenu, je reviens tout de suite je vais au marché.
A peine ai-je prononcé son nom, il fronce les sourcils et parle enfin! Je croyais qu'il était muet ou ouf! Il me demande dés lors:
-Pardon! Tu me connais?!
-Ah! C'est elle di! La femme de ton pére!
Dit Fama me montrant de sa main avec une de ses grimaces.
-QUOI? !
J'arque un sourcil. Donc pendant tout ce temps, il ne savait pas qui je suis? Ok! Ça explique tout alors. Son cri alerte sa mére, tata Marame qui sort de sa chambre et accourt vers nous.
-Que se...oh! Mon fils!
Coupe t-elle sa phrase un gigantesque sourire aux lèvres.
Mais elle n'a pas eu le temps de le prendre dans ses bras pour que sa belle-fille m'accuse :
-Maman daal c'est cette Soda qui se permet d'accueillir mon mari dans les embrouilles en plus!
Se dépêche de dire Fama ce qui me vaut aussitôt un cri de la vieille:
-Ay Soda dom lakkal nga gnu! Tu nous emmerde! Li mom mba diam la?
Ok! Lá, Saliou vient d'arriver et aucune des deux ne peux l'accueillir, on dirait qu'elles ne tiennent pas á lui. Pendant que sa mére me traite de tous les noms, il continue de me regarder et je baisse la tête en sortant de la maison. Mieux vaut les ignorer comme j'ai l'habitude de le faire.
Comme Saliou est le fils aîné de mon mari, et qu'il revient d'un long voyage, j'ai préparé un délicieux yassa au poulet en rajoutant à la dépense quelques sous de mes économies car je sais que c'est ce que me demanderait de faire Galaye, si il était présent.
A l'heure du déjeuner, j'étale une jolie nappe et pour aujourd'hui dans le séjour oú ils sont tous installés.
Ce n'est que là que Saliou a eu l'occasion de me saluer tout en s'excusant de ne pas l'avoir fait dans la matinée. Comment pouvait-il le faire avec ces deux sorcières! Pour toute réponse je lui ai souris un "j'ai compris" et j'avais pas le temps de continuer les "diamassanté" quand sa mère m'a crié de faire vite avec le repas car elle devait prier.
