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J'ai commencé à lui parler pendant l'été. Au début, il sagissait uniquement de quelques conversations simples. On apprenait à se connaitre. 《 Wouah... on a plein de points communs !》

- J'adore Kygo !
- Moi aussi !

Trucs de dingue ! Je m'étais jamais sentie aussi proche d'un inconnu.

Évidemment on avait plein de différences. J'aimais l'océan et lui les montagnes enneigées. Il était sportif, moi non. J'étais effrayée et lui était près à tout. Je venais de l'Ouest et lui de l'Est. Et encore beaucoup d'autres.

Après ces débuts on l'on s'est découvert l'un l'autre, on s'est réellement attachés. Il ne se passait pas une seule journée sans que l'on se parle. On avait toujours quelque chose à se dire, une vieille histoire à se raconter. Quand j'étais dans un de mes mauvais jours, il me faisait rire. Je faisais semblant d'être exaspérée mais j'étais charmée et je souriais seule, devant mon écran de téléphone.

À la fin de l'été, je lui ai interdit de me dire les trois mots. Ça ne lui a pas empêché de me les dire. Comme ça. Il me les a balancé comme ça. Et après il m'a souhaité une bonne nuit.

Je lui ai interdit parce que notre histoire était impossible. On habitait à des centaines de kilomètres, on avait plusieurs années d'écart. S'il les disait, ça officialisait la chose et je le rappelle : j'étais effrayée et lui était près à tout. Alors il me l'a dit. Alors une nouvelle fois... ça m'a fait fondre. Alors je lui ai dit aussi. Je les pensais. Je n'avais jamais ressenti ça pour personne.

Le temps a passé, on s'est fâché plusieurs fois. Une grosse fois. C'était de ma faute. On ne s'est pas parlé pendant plusieurs semaines, j'étais seule. Très seule.

On a de nouveau recommencé à parler parce qu'on se manquait l'un à l'autre, c'était indeniable. On avait besoin de se parler, besoin de cette attention qu'on se donnait. J'avais l'impression de revivre mais au fond de moi, qquelque chose mourrait.
J'avais du mal à lui parler normalement, alors que je savais que nous allions devoir stopper tout ça. Entre nous c'était impossible. Pas maintenant en tout cas.

Alors une nouvelle fois, je lui ai demandé qu'on arrête. Il l'a toujours accepté. Je ne sais pas si il comprenait mes appréhensions, mes angoisses. Mais il les acceptait. Il m'a dit que si c'était ce dont je voulais, alors il arrêterait.

Je lui ai promis : notre histoire n'est pas terminée.

J'ai certaines visions de lui dans le futur, avec une femme et des enfants. Moi qui réapparait. Tard. Bien trop en retard.

À plusieurs reprises j'ai souhaité lui envoyer un message.

《 Tu me manques. Un peu plus chaque jour.》

《Je ne t'oublie pas.》

《Déteste moi si tu le veux. Je me doute que tu commences à cicatriser, mais ne plus te parler est trop douloureux.》

J'ai peur de le blesser à nouveau. Alors je me tais. Je suis sa vie sur les réseaux sociaux, je me surprend à attendre un de ses messages qu'il m'envoyait avant de se coucher. J'essaie de me convaincre que c'est peut-être sa présence, son attention, qui me manquent. Parler sans cesse à quelqu'un et tout arrêter d'un coup peut jouer sur le manque.

Mais c'est bien lui qui me manque. La personne que je suis quand je lui parle me manque. Ses trois mots, ses blagues (vaseuses), ses blessures, sa gentillesse, son amour, ses qualités et tous ses défauts. Tout me manque.

Je sais qu'un jour je le verrai et même si il sera tard, ça ne pourra jamais être trop tard.


Je m'en remet au destin. Notre destin, à toi et à moi.

bitter thoughtsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant