J'ai mal au coeur. Je sais, c'est bizarre de dire ça à deux heures vingt et une du matin, mais c'est ce que je ressens. J'ai mal au coeur, mes tempes battent et je suis collante.Assise dans mon lit, la main griffant ma peau près de mon coeur. J'ai mal.
Les larmes coulent sur mes joues sans que je m'en rende compte, l'eau coule sur le matelas. Il fait noir, j'ai peur du noir.
Ma bouche s'ouvre sans que je ne contrôle rien et un cri de désespoir naît dans ma gorge pour mourir dans l'air. Les cauchemars. Ils sont mon quotidien et régulent chacune de mes nuits. C'est épuisant de revivre chaque nuit la même chose. Je sais que des cernes sont permanentes sous mes yeux, que mon corps s'affaiblit et que je m'isole. Mais c'est trop dur.
Je cris, je hurle à rompre mes cordes vocales.
Il fait noir, il fait mal, il fait peur.
Je balance ma tête en arrière, contre le mur. Je tente de réguler ma respiration. Je n'y arrive pas. Je rentre mes ongles près de la poitrine, contre mon coeur.
La porte grince, puis claque contre le mur. Il est là. Debout dans la lumière qui vient d'apparaître et m'éblouit. Il a un caleçon et une chemise ouverte. Il est aussi épuisée que moi.
-Cali, souffle-t-il. Encore ?
-J'ai mal au coeur, j'ai mal au ventre et c'est le tonnerre dans ma gorge.
Romain s'avance, doucement. Il s'assoit sur le bord du lit et me prend dans ses bras. Je m'accroche à lui, je lui griffe le dos tellement je le serre fort, mais il ne dit rien. Il a l'habitude, depuis deux mois. J'enfouis ma tête contre lui et pleure. Je croyais que je n'aurais plus de larmes, mais chaque soir elles renaissent, plus nombreuses.
Je renifle et me calme petit à petit.
-J'en ai marre.
-Je sais, me murmure-t-il en caressant mes cheveux, je sais. Mais dis-moi, pourquoi ?
Je remue la tête de droite à gauche. Romain est le seul être au monde que je peux encore toucher, prendre dans mes bras. Et encore, j'accepte qu'ils me touche seulement quand je me réveille en cauchemar. Le reste du temps, c'est comme les autres. Je ne peux pas le toucher, je ne veux pas qu'il me prenne dans ses bras. Et je vois dans ses yeux qu'il en souffre.
-Cali, si tu veux guérir, tu dois parler. Pourquoi tu fais des cauchemars ? Refuse que les gens te touchent, tu s peur du noir ?
-Je veux pas, je veux pas, je veux pas !
Je réagis comme une gamine mais je ne peux plus faire autrement. Les mots s'embouteillent dans ma gorge. Je refuse.
Romain me serre contre lui à m'étouffer avant de m'éloigner.
-Tu veux que j'allume une lumière ? Que je reste ?
Je renifle.
-Non.
-Tu sais, peut-être que si on allumait une lumière, tu ne crierais plus. Ça guérirais, non.
-Je veux pas. Je veux que tu viennes me voir.
Il sourit tristement et pose ses lèvres sur mon front. Je ferme les yeux. Il me prend par les épaules et me recouche, ramenant la couverture sur mes épaules.
-Tu dormira ?
-J'essayerais, dis-je en gardant mes yeux fermés.
Je refuse de les ouvrir dans le noir. J'hurlerais à nouveau. Il faut qu'il dorme.
-Dis, Cali, tu m'expliquera un jour ?
Une larme roule sur ma joue et s'étouffe dans mon cou. Je hausse les épaules. Je le sens hésiter, puis, il s'en va et claque la porte.
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Carmin - Les étoiles brilleront
General FictionUne ruelle un peu sombre, des cris étouffés et des larmes qui coulent. Calliopé revit chaque soir le même cauchemar. La scène tourne en boucle dans sa tête, sans jamais s'arrêter. Mais c'est son secret. Personne ne le sait, personne ne le saura jam...