2. Vivre comme Eloïse

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J'ai pas pu prendre Calliopé dans mes bras, pas pu la soutenir. Elle cri quand on la prend dans nos bras, elle sursaute quand on la touche. Alors je lui ai soufflé des mots, j'ai fait comme j'ai pu. Elle a pleuré pendant tout le cours de philo, Monsieur Uranius ne s'en est pas aperçu, heureusement.

Je ne sais pas ce qu'elle a. Perdu un proche ? Une maladie ? Elle ne va pas bien. Et pire. On dirait qu'elle meurt à petit feu.

Le cours finit. Tout le monde sort, mais Calliopé ne bouge pas. Elle ne supporte plus les humains et le monde. En tout cas, le contact. J'attends avec elle et quand tout le monde est sorti, on s'en va enfin. Lexy s'étonne de plus en plus de son comportement, moi-même je ne comprends pas. Il y a quelque chose qui la brise, je ne sais pas quoi.

On descend les escaliers.

-Je...je vais au toilette.

Calliopé a les yeux rouges, renifle et semble tomber à chaque pas. J'ai mal pour elle. Il y a tant de choses que j'aimerai lui dire qui passe par le contact, je ne trouve plus les mots. Avant, quand elle pleurait, je la serrais dans mes bras. Aujourd'hui, je ne peux que parler.

Elle s'enferme dans les toilettes et Lexy me rejoins, une bulle de chewing-gum aux lèvres.

-T'en veux un ?

Lexy est petite et Cali et moi, on fait la même taille. Parfois, je me dis qu'elle aussi elle ne va pas bien, qu'on est pas capable de le voir. Elle pourrait complexer sur sa taille. Je ne veux pas qu'elle se perde comme Cali.

Je repousse ces pensées.

-Oui ! Ils sont à quoi ?

-Menthe, répond mon amie en me mettant deux chewing-gum dans ma paume.

Je les avale d'un coup et grimace. C'est fort. Elle rit.

-Merchi.

-Mais, reprend Lexy en s'adossant au mur, t'es sûre que ça ne te gêne pas que je vienne chez toi ?

-Tu rigole ? T'es seule chez toi pour huit jours, c'est pas drôle de manger seule. Tu peux même venir passer l'après midi.

-On est samedi, je pourrais déranger.

Je revois ma mère et l'ambiance chez moi. On est pratiquement jamais que nous six pour manger, il y a toujours des invités.

-Pas du tout ! Je suis sûre qu'avec un peu de chance, tu pourrais dormir, rester dimanche, jusqu'à lundi.

-Non ! s'empresse de reprendre Lexy. Je veux pas déranger.

J'éclate de rire.

-Il y a toujours quelqu'un chez moi, on est jamais tranquille. Ça ne gênera personne.

-Bon. D'accord, mais faut que je passe prendre des affaires chez moi.

-Pas la peine, je réponds en secouant ma tête de droite à gauche, ma sœur fait la même taille que toi.

Elle hausse les épaules et fait une bulle qui éclate sur son visage. On rit. Elle tente d'enlever la matière en demandant.

-T'as combien de frère et sœur ?

-Une sœur jumelle, une grande sœur et un petit frère.

-Ça fait du monde ! Presque autant que chez moi.

-Combien ? je demande.

-Quatre petites soeurs. Je m'appelle Lexy et les autres c'est Léliane, Lior et Leïla. Et Luan aussi.

Je ris.

-Tes parents étaient à fond.

-Ouais, grimace-t-elle, comme si ça la gênais que je dise ça.

Carmin - Les étoiles brillerontOù les histoires vivent. Découvrez maintenant