Le bruit de la pluie, qui percute le toit du chalet, venue pour mourir, me dérange dans ma tentative de suicide...
Je suis de retour à la triste réalité qu'est la mienne. Une réalité imparfaite dont je me serais bien gardé de vivre. Et pourtant, c'est dans l'ordre des choses. Le monde est si cruel, tellement sourd à mes appels étouffés, et ironiquement apaisant quand l'idée de la mort vient se glisser subrepticement et sournoisement entre l'homme et son corps... C'est une immense envie de fuir le monde dans l'espoir de se fuir définitivement peut-être. Ça sort de l'intérieur, comme un repas qu'on vomirait. C'est une envie hésitante, effrayante et inconnue. Ensuite cette envie se transforme en désir qu'il faut indubitablement assouvir. Lui seul compte... Ce silence, dur à l'écoute, se brise dans une prise de conscience aiguë du monde. Il me renvoie à mon propre cri : « ferme ta gueule ! »
C'est dingue de croire à un moment de sa vie, que les choses les plus simples sont les plus importantes... Mais c'est faux ; c'est un mensonge. Si les choses étaient aussi importantes il y aurait de quoi s'accrocher à la vie, non ? Je ne sais pas moi, comme le vole d'une mouche par exemple. Mais qu'est que j'en ai à foutre de la mouche !
Il n'y a plus rien qui ne compte... non... rien... Pas de femme qui viendrait me sauver d'une mort certaine... Tout se perd dans ma tête. Tout se perd dans mon passé. Un passé proche, si proche que je baigne dedans comme je tremperais dans ma propre merde...
L'accident puis... elle...
Je suis condamné dans un fauteuil, compagnon absurde, près de la cheminée vivante, je contemple les flammes, elles sentent bons, et, sont si généreuses dans leur donation chaleureuse et à la fois si cruelles dans leur quête dévorante du bois. Elles détruisent leur monde pour pouvoir exister (ne devrais-je pas en faire autant ?). Les flammes dansent, crépitent et vacillent dans un échange de couleurs, passant du jaune lumière au rouge vif. Elles lèchent le bois, le dévorant, absorbant une part de lui, le brûlant, comme on brule la vie. À trop les regarder, j'ai le sentiment qu'elles ont ce même pouvoir qu'ont les femmes, qui à cause de l'amour rendent les hommes esclaves d'eux-mêmes.
La femme est la « prima immagine » qui s'offre au regard de l'homme et comme le dit si bien l'adage chinois une image vaut mille mots...
Mes yeux quittent le feu, et tombent sur un journal posé sur le bord de la cheminée. Son journal. Mes mains se tendent et le saisissent. Je reste un instant hésitant, j'ouvre les pages, (j'ai toujours pensé d'elle, qu'elle était une écrivaine de l'ombre). Et je lis...
La lecture
« L'attente... Sur un petit rocher non loin de la maison. Loin de tout... de Toi. Parfois impatiente, parfois trop patiente. Coléreuse, naïve et désespérée... Peut-être as-tu rencontré quelqu'un d'autre... Lâche ! Je te méprise et te préfèrerais savoir mort...
Non ! Mien. Pour toujours.
Un autre jour et une autre nuit. Heure après heure...Tu ne viendras pas... plus. Aucune ombre à l'horizon.
Les nuits passent si lentement dans la tentative de sommeil, je ne dors pas, n'arrive pas à dormir. J'ai si peur. Peur du même cauchemar qui m'assaille lorsque le sommeil m'emporte enfin. Je suis pleines d'images de ce que je voudrais, mais que je ne puis avoir. Tu es le reflet de ma vie : je suis dans un endroit en dehors de ma maison, notre maison. Je te vois. Tu me tournes le dos. Je t'appelle, crie, hurle...rien. Tu ne m'entends pas. Tu poursuis ton chemin sans daigner te retourner. Je crie de nouveau. Tu ne veux pas m'entendre. Je voudrais Te rattraper, mais je ne peux pas bouger. Je suis paralysée. Je suis si pleine de douleurs que je ne puis faire un seul pas. Je reste là, impuissante, Toi disparaissant petit à petit. Restée seule, je tombe à genoux...
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L'Attente
Short StoryUne femme voit son homme partir.. Elle relate les moment d'absences... les espoirs de retour...ou.. sans retour...