troisième histoire

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"Jungkook. Je t'ai dis que j'allais revenir. Je t'ai dis que tu viendrais pour les fêtes de Noël, dis Taehyung.

-Je ne veux pas laisser Jin seul pour les fêtes de Noel.

-Le nouveau traitement qu'il prend va...

-...le guérir. Je le sais.

-Non. Ça ne fera surement pas d'effet.

-Si.

-Non c'est une dernière tentative.

-Si ça va le guérir! Je le sais. C'est pour ça qu'il vient tous les soirs.

-De quoi tu parles?

-Du monstre.

-Quoi?

-Moi aussi j'y croyais pas au début. Mais il vient tous les soirs à 00H07.

-Arrête c'est un rêve. Je suis désolé que tu doives affronter ça mais il faut que tu sois courageux. Allez... Je te promets que je reviendrais.

-Et si tu reviens trop tard?

-Jungkook...

-Ça va...

-Qu'est-ce qu'y va ?

-Tu es pas obligé..."

Je n'ai pas pu dire la fin. On se serra dans les bras. Très fort. Puis il repartis. Quand à moi, je termina de ranger le chaos du salon. Puis je partis me coucher.

Je me réveilla pendant la nuit. Ce n'était pas le monstre. C'était la télé. Yoongi regardait les vidéos que Jin envoyait à Taehyung. Dans la vidéo, mon frère m'expliquer comment peindre une aquarelle. Il me disait que la vie était dans les yeux. C'était comme cela que l'on savait que quelqu'un était vivant. Il m'inspira. Je lui emmena un dessin le lendemain. Puis le soir même, je regarda une autre vidéo. Et je lui refis un dessin que je lui emmena de nouveau. Et plusieurs jours passèrent comme cela. Des jours pendant lesquels Jin devenait fatigué. Il tenait difficilement debout. Il mangeait très peu. Il dormait beaucoup. Ses cheveux étaient tous tombés. Ses côtes et le moindre de ses os étaient visibles. Seule une fine couche de peau recouvrait son ossature. Ses joues possédaient un creux vertigineux. Et sa voix, autrefois chaude et réconfortante, se faisait faible et rocailleuse. 


J'étais retourné à l'école évidemment. Durant tous ces jours, c'était bien là le seul endroit qui n'avait pas empirer. Aujourd'hui, comme les autres jours, j'étais un élément en plus de tout le système de cette école. Comme les autres jours, j'étais seul à ma table de travail. Comme les autres jours, j'étais seul à la cantine. Comme les autres jours, je me retrouvais seul jusqu'à ce que tout le monde parte. Exceptionnellement, mon bourreau vint à moi. Il renversa un verre d'eau sur mon cahier. Je me leva dans un sursaut et me retrouva face à lui.

"Je sais ce que tu veux en fait. Tous les jours, tu attends que je vienne te mettre ta raclée. C'est ça ton kiff. Mais tu sais quoi. Je ne suis plus comme avant. Au revoir Jeon Junkook. Maintenant pour moi aussi tu es invisible. J'espère que ta mère va guérir."

Il me serra la main et me tourna le dos. Le vase déborda. Je tapa du poing sur la table. Mon cœur s'accéléra. Il était 12h07. Le monstre arriva au milieu de la cantine presque vide.

"Tu en as mis du temps, lui dis-je les dents serrées.

-L'heure est venu pour la troisième histoire.

C'est l'histoire d'un homme qui était invisible. Mais il en avait assez que personne ne le voit. En réalité, il n'était pas vraiment invisible. Les gens avaient juste pris l'habitude ne plus le voir. Un beau jour, il ne le supporta plus. Alors il se demanda : si l'on est vu par personne, existe t-on vraiment?"

Durant ces quelques mots ma pression sanguine s'étaient accrue. Mes tempes battaient la chamade. Mes jambes tremblaient. Mon cœur s'accélérait. Mes dents se serraient. Mes mains se fermèrent pour devenir de gros poings.

"Qu'a t-il fait alors?

-Il fit appelle à un monstre."

Je me rua sur mon bourreau de toujours en criant. Le monstre rugit et me talonna comme un renfort. Il renversa les tables dans un cri puissant. Mais tout ce que les dernières personnes présentes pouvaient voir était moi-même fonçant droit sur mon oppresseur. Je me jeta sur lui. Mes poings lui assénèrent coup sur coup. J'essaya de rattraper toutes ces années de harcèlement. Sa lèvre fissurée ne m'arrêta pas. Ni le sang s'échappant de sa bouche. Il ne m'avait jamais heurté physiquement alors j'aurais du aussi le détruire psychologiquement. Mais là ce n'était pas possible. Tant que je pouvais faire quelque chose, il fallait que je le fasse tout de suite. "JE. NE. SUIS. PAS. IN-VI-SI-BLE!!!", lui répétais-je plusieurs dizaines de fois. Et son sang se déversait toujours plus. C'était comme si le liquide sortait de son cœur pour mieux y laisser entrer mes mots.

Evidemment, je me retrouva dans le bureau de la directrice. Elle m'avoua ne pas savoir quoi dire. J'avais envoyer mon "camarade" à l'hôpital. Ses parents voulaient porter plainte. Quand je lui dis que ce n'était pas réellement moi qui l'avait frappé. Elle me dit seulement que si je voulais me faire remarquer, il fallait le faire autrement. Normalement, la sentence aurait du être le renvoi. Mais elle argumenta ne pas être une bonne éducatrice si elle prenait cette décision. "Ce sera tout pour aujourd'hui. Nous en reparlerons une autre fois. Retournez en classe." C'est la seule chose qu'elle dit. Je répondis : "Vous n'allez pas me punir?". Elle rétorqua : "Quel serait l'intérêt de vous punir?". Alors je me retrouva en classe. Pour une fois, tout le monde me regardait. Mais rien n'était plaisant. Au contraire.


Yoongi ne me dis rien à propos de cet incident. Et quand je retourna voir Jin, je sus qu'il ne lui avait rien dis non plus. Mais ce n'est pas la seule chose que j'appris. Il voulait me voir et me parler. Yoongi n'entra pas. Il refusa. Cela me stressa car habituellement son nez et ses oreilles étaient toujours présentes.

"Tout le monde veut me parler en ce moment, fis-je remarquer.

-Jungkook, j'ai vu le docteur ce matin. Le traitement ne fonctionne pas.

-Celui qui vient de l'if?

-Oui."

Je resta un petit moment muet. C'était impossible. L'if guérissait toutes es maladies. Et je le savais de source sure.

"Comment c'est possible?

-La maladie est juste allait trop vite."

Et ce que ça devrait entrer en compte étant donné la puissance de l'if? Cet arbre parle, bouge et a vécu des siècles. Aucune catastrophe. Aucune maladie n'a pu l'abîmer ou le dé-raciné. Sa force devrait être transmise aux malades.

"Comment ça se fait?

-Je sais pas, Kookie.

-C'est quoi le prochain traitement alors?

-Je suis désolé. Tellement. Je ne l'ai jamais autant été."

Je n'aime pas ces mots. Je refuse d'aller dans cet direction. Je baissa la tête. La colère, le mal-être et les larmes montaient trop vite. Mais ne rien n'aller sortir. Je refusais de faire cela devant lui. Il ne le méritait pas. Ce n'était pas juste.

"Tu as le droit d'être en colère. Je le suis aussi. Mais, un jour, si tu y repense et que tu te sens mal de ne pas avoir pu me parler de ta colère. Ce n'est pas grave... Je le sais... Je l'ai toujours su... Et je n'aurais jamais besoin que tu le dise à haute voix... Et si tu veux casser des choses... Fait-le et je le ferais à tes côtés... Fais-le de toute tes forces... Soulage ton cœur."

Il sanglotait. Il tentait de ne pas pleurer. Mais je voyais que c'était difficile pour lui. Son regard était résigné. Comment c'était possible? Je ne le serais pas! Je ne pleurerais pas non plus. Je voulais être son pilier.

"J'aimerais une centaine d'année à tes côtés."


Quelques minutes après minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant