deuxième histoire

28 0 0
                                    


Tout se mit à trembler. Et le monstre-arbre faufila sa tête, ses bras et son buste dans la demeure en détruisant les murs.

"Question destruction je trouve que tu es plutôt pitoyable. Mais bon... C'est l'heure de la deuxième histoire!

-J'espère qu'elle est mieux que l'autre.

-Elle s'achève par une vrai destruction si c'est ce que tu veux réellement savoir. Elle parle d'un homme qui ne pensait qu'à lui et qui a reçu la punition qu'il méritait.

-Tes histoires sont toutes bidons.

-Les histoires sont des animaux sauvages. Lorsqu'on les lâche, on ne sait pas ce qu'elles vont faire, dit-il avec un sourire narquois.

-D'accord. Raconte."

Ses racines coururent sur les murs. Elles recouvrirent tous les objets, le sol et les fenêtres. Même les lampes et leur lumière furent avalées. Ce fut le noir total. Puis je me retrouva immergé dans un monde de dessins manga une nouvelle fois.

"Il y a 150 ans le monde moderne arriva. Les usines poussèrent comme la mauvaise herbe. Les arbres tombèrent. Les rivières noircirent. Et le ciel fut asphyxié par la fumée et la cendre. Mais il y avait toujours du vert là où on savait regarder. 

A la lisière de la forêt vivait un homme qui refusait tout ce changement. Il faisait des remèdes avec des herbes à l'ancienne et des infusions à base de baies et de feuilles. Les villageois l'avait surnommé l'Apothicaire.

-Le quoi?

-L'Apothicaire. C'est l'ancien nom du pharmacien.

-Ah d'accord! Pourquoi tu le dis pas directement?

- Il y avait aussi un jeune pasteur. C'était un homme bon : il voulait que sa paroisse soit heureuse et en bonne santé. Tous ses sermons étaient tournés contre l'Apothicaire et sa médecine à l'ancienne. Ce qui le discréditait. En plus de cela, le caractère colérique et têtu de celui-ci était connu de tous.  Donc, même si l'Apothicaire voulait aider les gens, on lui claquait la porte au nez. Peu à peu ses affaires coulèrent et il devint encore plus amère. 

Sur les terres du presbytère trônait un grand if.

-Comme toi.

-Oui. C'est un arbre important car la sève, les feuilles, l'écorce et tout ce qui constitue cette arbre est réputé pour guérir la maladie.

-Laquelle?

-Toutes. A condition que le remède soit préparé par le bon apothicaire. Notre Apothicaire voulait désespérément cet if. Seulement il fallait le faire abattre pour cela. Or le prêtre s'y opposait vigoureusement. 

Ce prêtre avait également deux filles. C'était un père aimant qui aurait fais n'importe quoi pour ses enfants. Un jour, ces deux petites filles furent touchées par la maladie. Il essaya plusieurs remèdes de la médecine moderne. Il réalisa plusieurs dizaines de prières. Mais l'état de ses deux enfants ne changeaient jamais pour le mieux. Cela empirait toujours. Donc il n'eut pas d'autres choix que d'aller voir l'Apothicaire. 

« Ne viendrez-vous pas en aide à mes filles? le supplia t-il. Ce sont deux petites filles innocentes!

-Pourquoi le ferais-je? Vous avez fais fuir ma clientèle avec vos prêches. Et vous m'interdisez l'accès à l'if qui est à l'origine de mes potions.

-Dans ce cas, prenez l'if. Et je ferais des sermons en faveur de votre médecine. Je ferais n'importe quoi si vous sauvez mes filles!

- Renonceriez-vous à votre foi? 

-Oui! A tout ce que vous voulez si vous les sauvez!

- Alors je ne peux rien faire pour vous.»

 Le lendemain, les deux petites filles moururent.

-Hein?

-Et cette nuit là je marchais vers lui.

-Ah génial! Il méritait sa punition!

-Et je réduisis la maison du pasteur en miette.

-Quoi? Mais c'est l'apothicaire qui est en tord!

-Il était cupide certes. Mais même avec ce défaut, il restait un guérisseur. Qu'était le pasteur? Un homme de foi qui n'avait pas la foi. La foi est très importante car c'est le premier chemin sur la guérison. Elle est si précieuse, qu'on ne peut pas se permettre de la placer dans n'importe quoi ou en n'importe qui. Alors dis moi que dois-je détruire maintenant?

-Quoi?

-Détruire donne beaucoup de satisfaction. Je te l'assure. Dis moi que veux tu que je détruise dans la maison du pasteur?

-Euh...Leur cheminée? Leur lit? Les armoires. Les tables. Les chaises. La vaisselle. Les murs. Les fenêtres!

-Les fenêtres? Vas-y! Fait le toi-même avec ce bout de bois. Amuse toi! Défoule toi! Voilà! Comme ça! Allez! Ça fait du bien, non?"

Je m'acharna dans la maison du pasteur. J'avais l'impression que ma cage thoracique s'était ouverte et que mon cœur pouvait crier tout ce qui le gênait. Les tensions partait de mon organe vital pour courir dans mes bras et terminer leur course dans le bâton qui frappait les objets. Des choses volèrent. D'autres se brisèrent. D'autres se déformèrent. Mais j'étais insatisfait. J'en voulais plus. Il m'en fallait plus à détruire. Ma colère était grande. Donc une grande quantité de chose à mettre en pièce s'imposait. Je leva encore mon arme. Mes paupières clignèrent. Puis je me retrouva dans le salon de Yoongi. Tout était ravagé. Plus rien ne tenait debout sauf un meuble. Les objets fragiles ne pouvaient plus orner le moindre meuble. Les rideaux servaient de tapis. Le tapis était invisible. L'horloge n'était qu'un tas de bois. Les coussins étaient même déchirés. L'ampoule du plafond était cassée. Mais il restait une lampe qui permettait de voir l'ampleur du carnage. 

Mon corps était tétanisé. Je ne savais absolument pas quoi faire. Je ne savais même pas ce que j'avais fais pour commencer. La bouche béante. Je tournais sur moi-même pour tout regarder. Le bâton tomba de ma main. Ma gorge commença à me picoter. J'eus l'impression qu'elle enflait. L'air entrait mal dans mes poumons. Je respirais fort. Mes yeux s'humidifièrent un peu trop. Pourtant le trop plein d'eau ne coula pas sur mes joues. Je ne savais pas. Je ne savais rien. Comment? 

Ce fut ce moment là que Yoongi choisit pour revenir. Il était dans l'entrée en train d'enlever ses chaussures et son manteau. Sa tête se tourna vers l'unique source de lumière provenant du salon. Mes yeux scrutaient l'entre-bâillement de la porte. Je voyais ses sourcils se fronçaient. Je le vis s'avancer en plein doute. Puis il ouvrit la porte délicatement. "Yoongi" fut le seul mot qui s'échappa de mes lèvres dans un sanglot. Ses yeux s'écarquillèrent. Sa mâchoire se contracta. Son corps entier se crispa. Lui aussi commençait à respirer difficilement. Il se prit la tête entre les mains. Un gémissement s'échappa brièvement de sa bouche mais s'étouffa dans sa gorge. "Yoongi, s'il te plait.., l'implorais-je". Je ne savais pas ce que j'implorais. Son pardon? Pour le chaos que j'avais mis? Sa clémence? Que je ne méritais pas? Sa colère? Ses cris? Yoongi mit le dernier meuble stable au sol en criant de rage. Puis il monta silencieusement en se tenant au mur. Je le suivis des yeux. J'avais foiré là. J'en avais parfaitement conscience. Et mon corps aussi le savait. Je ne pouvais pas quitter mon état de stupeur et de choc. Il n'y avait pas de mot pour décrire ce que je ressentais à ce moment là. Peut-être que c'était normal. Je ressentais plein de chose à la fois. Certaines étaient incompatibles. Mais toutes me faisait me sentir mal et très fatigué. Mes jambes commencèrent à bouger. Par miracle, je ne m'écroula pas. Elles montèrent les marches de l'escalier lentement et ne s'arrêtèrent qu'une fois postées devant la chambre de Yoongi. Mon bras se souleva lourdement comme si toute la culpabilité du monde se trouvait en lui. Lorsque la porte s'ouvrit. Il n'y avait personne. Yoongi n'était pas là. Yoongi était dans la seule pièce à la quelle je n'avait pas accès. Yoongi était derrière la porte verrouillée.

Quelques minutes après minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant