entre film et réalité

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Le collège. Parlons-en. Je pense que c'est un endroit horrible pour n'importe quel garçon de mon âge. Jin m'a assuré que je ne penserais pas cela toute ma vie. Honnêtement j'ai du mal à y croire. Il me dit aussi que c'es un cadeau de pouvoir y aller. Je veux bien le croire mais j'aimerais qu'il m'explique pourquoi. En soit le décor est plaisant car l'établissement est situé à la campagne. Seulement je ne profite pas vraiment de ce détail. Je fais la route en regardant mes pieds la plupart du temps. Je frôle toujours les murs en pierre couverts de mousse. De temps en temps, lorsque j'entends d'autres élèves derrière moi, je lève la tête et je les regarde passer. Puis quand ils ont pris un peu de distance, je continue ma route. En fait, je m'arrête à chaque fois qu'il y a quelqu'un. J'appréhende. Si jamais l'autre monstre venait me frapper encore? J'essaye de l'éviter pour être tranquille mais il arrive toujours à me trouver. Pourtant je suis seul. Il ne devrait pas me repérer aussi facilement. J'ai l'impression qu'il m'a mis un radar. Ça doit être ça. Dès que je m'assois sur ma chaise au fond de la salle de classe, il tourne son regard vers moi pour vérifier que je soit là. Où est-ce que je pourrais être? Je ne peux pas partir d'ici de toute manière. Je dois m'occuper de mon frère. De toute façon, qu'est-ce que je pourrais faire à mon âge? Absolument rien. Donc je subis. Et comme je ne suis pas assez fort pour me défendre j'attends que ça passe. Et à chaque fois qu'il m'attrape par le col de ma chemise, dans un petit coin de la cour de récré, j'espère qu'il se lassera. A chaque fois, qu'il me jette par terre devant le regard de ses potes débiles, j'espère aussi que j'aurais un jour le courage de me défendre et de lui rendre en mille tout ce qu'il me fait subir depuis plusieurs années. "Tu ne réagis pas?". "Tu vas te réfugier dans les bras de ta mère?". D'ailleurs, lorsque je suis seule à ma table au fond de la classe, je me dessine souvent comme un grand chevalier courageux. Ça me remonte le moral. Puis le professeur arrive. "Tu vas bien Jungkook?" Tout le monde se retourne vers moi à chaque fois. Je n'aime pas être au centre de l'attention. En plus, j'ai l'impression que certain découvre que j'existe dans ces moments là. 

"Tu as l'air fatigué. Tu as du mal à dormir? Si tu as envie de parler tu peux venir me voir.

-Non, je vais bien.

-D'accord. Comme je le disais..."

Et le cour continue.

Je rentre chez moi rapidement en général. Il faut que j'aide mon frère Jin. Je n'aime pas le laissé seul toute la journée. Passer du tout ensemble est vraiment ce qu'il y a de mieux. 

"Hey Kookie! Regarde ce que j'ai retrouvé.

-Qu'est-ce que c'est? Un ancien projecteur de film?

-Oui. Il appartenait à notre grand-père. 

-Comment il était grand-père?

-Adorable, toujours de bonne humeur et très marrant. Il a toujours eu cette capacité exceptionnelle pour remonter le moral des gens. D'ailleurs Yoongi a eu l'occasion de le rencontrer plusieurs fois. Même lui s'adoucissait et rayonnait à son contact.

-Ah bon c'est possible?"

Ma remarque fit rire mon frère. Il ajouta que ma réaction était très enfantine. Je ne vois pas pourquoi : je ne fais que dire la vérité.

Ce soir-là, nous avons regarder King Kong en noir et blanc. C'était génial. J'étais bien blottis contre mon frère. J'avais chaud. J'étais bien.

"Jin, pourquoi est-ce qu'il veulent tuer King Kong ?

-Il n'a pas une taille normale. Lorsque quelque chose d'anormal apparaît, les gens n'aiment pas cela. La vérité est qu'ils en ont peur.

-King Kong pourrait les broyer si il le voulait. D'un seul coup.

-Boom."

Quelques minutes plus tard, je releva les yeux vers mon frère. Je vis qu'il s'était endormi avant la fin du film mais il devait surement déjà la connaitre. Son souffle était paisible. Une bonne nuit semblait s'annoncer malgré les ombres menaçantes des cernes sous ses yeux.

Je regardais donc jusqu'au bout le film. King Kong meurt sous les tirs de l'avion. Il tombe du haut du building. Ce passage me toucha bizarrement.

J'éteignis absolument tout et veilla à bien couvrir mon frère de couvertures. Dormir sur le canapé n'était peut-être pas le meilleur choix étant donné son état. Mais j'avais peur qu'il se réveille et qu'il ne puisse plus se rendormir. Il fallait vraiment qu'il dorme. Il en avait besoin.

Je monta dans ma chambre pour me mettre en pyjama et brosser mes dents. Au lieu de dormir, je m'installa à mon bureau pour dessiner. Je mis mon casque de musique autour de mes oreilles. La musique est mieux que le silence ou le bruit des feuilles d'arbre secouées par le vent. J'aurais pu être inspiré par les mélodies. Seulement je bloquais. Alors je tapa en rythme avec mon crayon en attendant que cela vienne. Et cela vint. Je dessina une case de BD. Je la remplie avec un personnage. C'était un arbre avec une forme d'humain. Sa peau était de l'écorce et il avait des branches et des feuilles sur la tête. Ses racines avaient des formes de pieds. A l'intérieur de son corps brûlait un feu dont la lumière transperçait sa peau à quelques endroits. 

Je tourna mon visage vers la fenêtre. Il y avait cet arbre à côté de l'église. 

Je tourna ma tête vers mon réveil : 00h07.

Mon crayon tomba par terre et roula jusque sous ma fenêtre.

J'alla le cherche. J'ouvris la vitre en portant mon regard sur l'horizon.

Il faisait nuit.

Le vent s'agitait.

L'arbre de l'église se mit à bouger.


Quelques minutes après minuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant