Du sang.
Du sang, partout.
Sur les draps, sur son linge, sur le matelas.
Du sang.
Rouge.
Vif.
Agonisant.
En débardeur et pantalon fluide, flottant autour de ses jambes maigres, Emma parvient à sortir dehors, pénétrant dans la brume épaisse et blanchâtre du jour qui se lève. Elle ne sent ni l'humidité, ni le froid la mordre de toutes parts. Elle ne sent que le liquide chaud qui coule à flot le long de ses jambes, de ses pieds nus sur le sol dur, piquant et glacé. Elle avance, sans trop savoir où aller.
Mais où qu'elle aille, elle n'y arrivera pas.
Elle sent la douleur de ses genoux contre le sol, quand ils plient, sans prévenir, sous elle. La paume de ses mains la brûlent, instantanément, en se claquant violemment à leur tour par terre.
Elle n'y arrivera pas cette fois.
Elle reprend son souffle, à quatre pattes, à terre. Des mèches ondulées tombent et s'étalent sur le sol, d'autres plus courtes, de toutes les tailles, s'éparpillent autour de sa tête, lui barrant le visage qu'elle relève encore une fois, ne sachant quoi regarder, quoi chercher, quel but viser.
Mais elle se recroqueville encore au sol, ouvrant la bouche de souffrance, muette. La douleur lui vrille les entrailles, par vagues, aigües, imparables. Elle sait pourquoi. Elle sait que ce sont les derniers cris d'agonie de l'avenir du monde. Ce n'est qu'un monstre, qu'elle a en elle. Un monstre qui se meurt. Un monstre qui la torture pour la dernière fois. Un monstre qui va sans doute parvenir à l'emmener avec lui, pour qu'il ne soit pas seul dans son enfer.
Emma entend des voix qui s'approchent, alarmées, puis catastrophées. Elle voit des ombres se pencher au dessus d'elle, n'identifiant personne à contre jour sur le ciel laiteux au dessus.
Puis sa tête, son corps, se soulèvent sans effort. Seule la douleur de son ventre sourd sans bruit en elle.
Emma ouvre faiblement les yeux, sa bouche et son nez viennent se poser contre une épaule, contre une clavicule. Elle n'a plus les pieds au sol et pourtant elle avance, elle recule plutôt. Elle ne peut enlever ses poings serrés de son bas-ventre qui la fait encore souffrir davantage, alors que ses jambes se rapprochent un peu de son abdomen. Elle serre les dents pour ne pas crier. Si le moindre son passe ses lèvres, elle sait qu'elle ne pourra plus s'arrêter de hurler. Alors, pour n'affoler personne, et ne surtout pas céder à la panique, elle doit garder le silence.
Elle est à moitié assise. Elle comprend qu'on la porte. Elle connaît la voix, l'odeur, mais la douleur emplit autant son corps que sa lucidité et elle est incapable de se formuler le nom de celui qui la soulève. En plus, ses yeux ne voient que Daryl qui ralentit son pas, avant de s'immobiliser, avant de s'éloigner, les bras ballants, face à elle. A moins que ce ne soit elle qui parte loin de lui.
Elle n'a pas voulu le réveiller.
Il dormait enfin.
Elle s'était sans doute aussi assoupie, écartelée par cette douleur aussi subite qu'intolérable.
Elle a serré les dents et est sortie le plus silencieusement possible de la pièce, a descendu l'escalier tant bien que mal, appuyée contre le mur. Puis Emma est sortie, telle que, sans prendre de quoi se couvrir, voulant juste sortir, comme pour tenter de fuir cette douleur fulgurante.
Mais elle a du faire encore trop de bruit avant de partir.
Il ne dort plus.
D'abord désolée, déçue de l'avoir éveillé, elle est vite saisie de honte. Il a donc vu l'état du lit. Sinon, il ne serait pas là au milieu de la rue. Il a donc compris... Il a tout compris... C'est obligé. Et c'est pour cette raison sans doute qu'il n'avance plus. Qu'il laisse faire. Qu'il la laisse. Qu'il lui en veut.
Le ver meurt. Elle espère cela depuis des semaines, depuis qu'elle se doute. Depuis, elle fait aussi tout pour le tuer. En silence. Dans le noir. Quand ils ne sont que tous les deux. Elle s'est camouflée. Elle s'est éclipsée. Elle a menti. A tous. A lui. Volontairement.
Alors c'est une merveilleuse nouvelle.
C'est le principal.
Même si elle n'y survit pas.
Non ?
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Le ver d'Alexandria - TWD - [TOME 5]
Fanfiction7x00 Sentant l'effet, bien avant de le comprendre, il serre les dents. Cela fait des mois et des mois qu'il n'a été avec personne. Cela fait longtemps qu'il ne compte même plus. Alors songer encore à se retenir vu qu'il s'est laissé allonger par une...