Théo

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Mathieu n'en avait pas fini avec ses jeunes loups. Le quartier des cerisiers était, à chaque pleine lune, le théâtre de dégradations. Poubelles renversées, pelouses endommagées, potagers mis à sac, bref, des détériorations de gamins ! Les habitants excédés avaient plusieurs fois dénoncé la venue d'un chien sauvage. Ils  en arriveraient à lui tirer dessus si l'on n'y prenait garde. Le commandant et ses hommes se mirent donc en planque dans les rues. Soit c'était un chien ordinaire, soit ce qu'il soupçonnait être, un jeune louveteau. Jusqu'à présent il n'avait attrapé que des adolescents, jamais de jeunes de moins de treize ans. Mais tout était possible.

    A peine la lune était elle dans son apogée, éclairant le quartier de son halo doré qu'on entendit le hurlement d'un chiot. Mathieu mis sa main sur son front en soupirant. Encore un ! Combien d'année durerait cette traque ? La ville se dépeuplerait de toute une génération d'adolescents à la longue. Le conseil de santé envisageait d'interdire de s'embrasser sur la bouche prétextant la contamination par une bactérie tueuse. Tu parles ! Dans les années 1980 le sida avait fait son apparition et malgré les mises en gardes, les gens continuaient à faire l'amour sans préservatif ! Les ados se sentaient immortels, pour éradiquer le processus il n'y avait que le vaccin de vraiment efficace. Mathieu aurait encore de nombreuses nuits à passer dehors.

    Tout à coup un bruit de ferraille se répercuta en écho dans le silence de la nuit. La voix du soldat Etienne se fit entendre dans la radio du commandant.

- Mon commandant, nous avons en vu un chiot qui s'amuse à balancer les poubelles dans la rue transversale à la vôtre, quels sont vos ordres ?

- A-t-il un comportement curieux ?

- Ben c'est-à-dire qu'il renverse les conteneurs et les fait rouler, il fouille pas comme un chien ordinaire le ferait. Vous croyez que c'est un de nos petits ?

- Ca m'en a tout l'air, tachez de le rabattre vers moi sans l'effrayez.

- A vos ordres commandant.

Le soldat et deux de ses compagnons se dirigèrent lentement vers le petit animal qui se figea en les voyant. Il jappa et se mit à gambader autour d'eux, puis couru vers le fond de la rue. Les hommes se lancèrent à sa poursuite, ils eurent juste le temps de le voir s'engouffrer dans le jardin d'une belle bâtisse.

- Commandant, il est entré dans la propriété du maire.

- Bor... ! Tant pis, laissons le s'amuser un peu. Le maire après le saccage de son jardin se remuera peut-être un peu plus les fesses pour faire accélérer les choses !

     La villa était entourée d'une grande pelouse au milieu de laquelle trônait un bassin. Le jeune chiot traversa le gazon et se mit debout contre le rebord, regardant l'eau jaillir de la fontaine Tout d'un coup il bondit dedans et barbota un moment en jappant de plaisir. Mathieu ordonna par radio à ses hommes, de se regrouper autour de la bâtisse. Ils observaient médusés la petite boule de poils blonds qui sautait, gambadait, se roulait dans l'herbe.

     Au bout d'un certain temps, le chiot s'ébroua et couru vers le pied d'un massif d'hortensias pour se soulager. En trottinant, il s'en alla rejoindre un groupe de nains de jardin disposés sur une rocaille. Il les observa un moment en les reniflant, puis d'un coup de patte bien sentis les renversa. Les céramique se brisèrent en morceaux, on vit alors le louveteau sautiller de joie. Les soldats ne pouvaient s'empêcher de rire tout bas, il était à croquer. Son petit manège dura un moment, tous les nains du jardin y passèrent.

- J'ai jamais trop aimé, moi non plus cette idée de déco, de fiche des petits bonshommes un peu partout, murmura l'un des soldats en pouffant.

Planète BleizOù les histoires vivent. Découvrez maintenant