Ayle

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La matinée est brumeuse, la cime des arbres cachée et l'air frais lorsque je mets le pied à terre. Après avoir déployé des efforts surhumains, je réussis à m'extirper du tas de paille et de plumes qui me sert de lit. Ne prenant pas la peine de me peigner, je me rends à la table où le petit déjeuner m'attend. De petite taille pour l'âge que j'ai, 14 étés passés, je suis pourtant accoutumé à une vie rude autant qu'étrange. Mes cheveux châtains, mes yeux gris et mes sourcils expressifs me différencient des autres jeunes... du moins, à ce qu'on m'a dit, car en réalité, jamais je n'ai croisé quiconque de mon âge. La vérité complète serait plutôt que je ne connais personne d'autre que ma mère et mon père.

Mes parents sont de toute évidence partis chasser. Normalement, la chasse, considérée comme du braconnage, est illégale, mais il faut que le seigneur le sache pour nous punir, or, personne ne connaît même notre existence, vu le fait que nous soyons reclus dans les bois, isolés du monde extérieur, de l'effervescence de la ville et du brouhaha du marché. Pourquoi isolés? La réponse est simple et se tient en un mot : différent. Mes parents sont nés tous deux d'une famille pauvre et n'ont pas souhaité pour moi la même vie, ils ont donc pris, après de longues années de réflexion, la décision de se terrer au fin fond de la forêt des rois, la plus grande étendue d'arbres connue d'eux. Toutefois, la raison de notre exil volontaire ne comprend pas que cela. Nous sommes différents de par notre religion. En effet, nous faisons partie des derniers pratiquants de l'Ancienne religion, qui existe depuis la nuit des temps, depuis que l'homme est apparu et, selon mes parents, même avant cela. Cette religion vénère les forces de la nature, les quatre éléments et les symboles sacrés.

J'ai longtemps vu mes parents la pratiquer. À chaque rituel, je sentais une grande énergie se déployer, mais je n'ai toujours pas réussi à répéter l'exploit. «Ça viendra, tu vas voir, prends le temps le découvrir par toi même. Commence par parler aux dieux, communique avec les esprits et les éléments et le pouvoir s'installera tranquillement » m'avais dit un jour ma mère. N'étant pas un impatient de nature, j'ai su attendre, et j'attends toujours.

Je saisis mon bol d'eau et en bois la moitiée avant d'avaler quelques bouchées de pain pour ensuite me tourner vers le saumon fumé, attrapé dans la rivière coulant à quelques mètres. L'habitation que nous nous sommes construit mériterait le surnom de «cabane » vu ses murs de bois, son toit d'aiguille de sapin et sa petite taille : elle ne contient qu'une pièce. Néanmoins, l'espace presqu'infini qui nous entoure compense largement la petite taille de l'intérieur et offre, par la même occasion, une foule de ressources et une variété de loisirs inégalée.

Le ventre satisfait, je me dirige vers la porte tout en saisissant ma dague, cadeau de Landor, mon père. Après être sorti de ma maison, je rejoins mon autel pour communiquer avec mon élément.
« Ô terre toute puissante, élément du calme, de la patience, de la persévérance et de la rigueur, accorde moi tes qualités » dis-je en saupoudrant de la terre sur ma dague. Depuis quelques temps, j'ai l'impression que l'énergie vient à moi, que les puissances de ce monde me répondent. Ma dague me semble plus vibrante, plus puissante, mais après tout, peut-être n'est-ce qu'une impression... Je me relève, et après être allé chercher mon sac contenant arc et flèches, je m'enfonce dans les bois dans le but de participer au ravitaillement de ma famille en allant vérifier mes pièges.

Le premier que je regarde est un piège à colet, vide, mais le suivant contient à ma grande joie un lapin de bonne taille, ce qui est rare à ce temps-ci de l'année. L'hiver venant de se terminer, les animaux commencent à peine à reprendre des forces, ma proie est donc une rareté. Je saisis la bête par le cou, c'est un jeune animal, sûrement près de ses deux ans, qui est mort depuis deux jours selon mon estimation. Je jette le corps dans mon sac lorsque, soudain, j'aperçois un daim. Convaincu que mon jour de chance est arrivé, j'encoche mon arc et me déplace de quelques pas dans le but de l'abattre avec une de mes flèches. Je me déplace silencieusement comme mon père me l'a montré, et je suis bientôt à moins d'une douzaine de mètres du mammifère lorsque je bande mon arme. Décochant une flèche vers l'animal, je le manque d'un mètre, me rapellant que la pratique de l'art du tir à l'arc s'impose. La bête fuit peu après, disparaissant de mes yeux avant que j'aie pu retenter ma chance.

Quelques peu désillusionné, je retourne sur mes pas afin de continuer la tournée de mes pièges. Prochaine étape : le piège à poisson, mais avant, mieux vaut aller chercher ma belle prise de la journée pour éviter qu'un quelconque carnivore ne me la vole. Je marche donc en direction de mon lièvre mort pour retrouver mon sac... vide. Profondément déçu par ce double coup de malchance, je ne remarque qu'après un certain temps la silhouette s'éloignant au loin, ma proie à la main.

Cette personne, visiblement humaine, ne ressemble en rien à mon père ou encore à ma mère, je dégaine donc ma dague en foncant vers elle, lorsqu'elle se retourne...

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Premier chapitre de mon histoire, en espérant que ça vous plaise :) la suite viendra sous peu, laissez moi vos commentaires et vos avis! Il se peut qu'il y ait quelques fautes, vous m'en pardonnerez, et si jamais ça vous tente de me les signaler, je les corrigerai de suite.

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