[1] Aide morale et physique

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{Pdv Lexa}
J'étais accablée par la honte, et implorait le pardon de maman, tout en sachant que cette dernière ne m'en voulait pas, elle n'en voulait jamais à personne. Le pire dans tout ça était sûrement que je n'avais pas été forcée à parler, j'aurais pu ne rien dire et me débattre avant de m'enfuir. Mais c'est comme si j'avais été hypnotisée, happée par une force extérieure. J'avais parlé avec une voix claire et douce, comme si je n'avais jamais cessé de l'utiliser, comme si je m'adressais à quelqu'un de confiance. Un sentiment de trahison m'envahissait alors, pendant que la blonde attendait toujours ma réponse. Mais la trahison, c'était moi-même qui me l'était infligée.

Je voulais partir en courant, dire merde à tous ces gens qui font comme s'ils vous comprenaient, mais en fin de compte ces gros cons n'ont jamais connu la tristesse humiliante, celle qui vous brise jusqu'à la derniere cellule de cotre corps, et l'amertume répugnante de la vie. Je voulais partir en courant, oui, mais la femme aux yeux qui transpercent mon âme me tenait fermement. Je tremblais, imaginais toutes les fins possibles à cette histoire, et aucune ne me convenait. Comme un refuge inespéré, je replongeais mes yeux dans ceux de cette femme. Tout s'effondrait, j'oubliais ma haine, et il me semblait que la petite voix dans ma tête, qui autrefois me disait d'emmerder le monde, me disait aujourd'hui que la haine était dediée aux faibles, et qu'on bâtissait sa force grâce aux autres. Le sol vacillait, les larmes me montaient aux yeux, mes poings se desserraient et ma bouche s'entrouvrait alors, laissant un léger soupir s'évader du plus profond de mes poumons. Je lachais prise.

Elle détournait le regard. Me revenaient alors les couleurs des arbres et du ciel, le vent qui souffle dans mon nez et mes cheveux, la sensation de l'humidité du banc sur mes fesses, les doigts de cette femme sur mon bras, et surtout, son parfum. Son doux parfum.

-Dis moi au moins comment tu t'appelles, dit-elle, impatiente. Je suis Clarke, Clarke Griffin.

Bien que totalement éloignée des médias, son nom me disait quelque chose, mais je ne savais ni d'où ni comment je le connaissais.

-Lexa, dis-je d'une voix faible et peu certaine.

Elle hochait la tête comme si elle était heureuse d'avoir réussi à me sous-tirer des informations, bien qu'elle ait dû attendre quelques minutes avant d'aboir une réponse. Mais elle ne s'arrêtait pas là, elle continuait sur sa lancée en me demandant pourquoi, comment et quand j'en étais arrivée là. J'hésitais longuement à répondre, mais qu'est ce que je pouvais bien perdre à ce jeu là ? Le temps j'en avais beaucoup devant moi, toute la vie pour être précise, et puis j'avais déjà commencé à parler, autant continuer, c'était plus le moment de faire demi-tour. Je me confiais alors, comme un enfant, comme si je mourrai demain, comme si je n'avais plus rien à faire d'autre. Elle m'écoutait beaucoup et ne posait plus, ou presque, de questions, j'étais lancée, je parlais de maman, de combien elle était formidable, et il me semblait que Clarke riait quand je lui expliquais ma haine pour les hommes.

-Tu sais, j'ai aussi connu l'injustice. Mon père à été tué pour un crime qu'il n'avait pas commis. Tu peux être en paix, dis-toi que ta maman l'est sûrement.

Elle parlait peu, mais efficacement. Ses quelques mots ont rechauffé mon cœur et ont redonné de l'espoir à mon corps engourdi.

-Tu comptes faire quoi ? dit-elle sans me regarder. Je veux dire, si tu pouvais choisir, tu voudrais faire quoi ?
-Je voudrais être heureuse, si c'est pas trop tard.

Elle caressa mon bras en le relachant, et en soutenant son regard dans le mien elle me dit que tout est possible, quand on le veut. Un sourire un peu niais s'affichait alors sur mon visage et la blonde me le rendait bien. On continuait à parler, et petit à petit on en apprenait plus l'une sur l'autre. Elle ne voulait pas me dire en quoi elle travaillait, mais tout ce que je savais c'est qu'elle devait gérer son emploi du temps comme elle le voulait puisque dix heures allaient sonner, et on était toujours là, sur ce banc mouillé.

Au bout d'un bon moment, Clarke semblait vouloir me demander quelque chose, mais hésitait. Alors après un instant qui durait éternité, elle prit enfin la parole.

-J'ai un appart' pas loin, ça te dirait de venir ? Tu pourrais te laver, te nourrir, te reposer, et tout ça sans importuner les gens.. Puis repartir après, je ne te propose pas une prison non plus !

J'étais très gênée de sa proposition, je ne voulais pas m'inviter ni déranger qui que ce soit. J'étais sur le point de refuser, mais ma petite voix ne faisait que de répéter :

"Si tu lui dis non, tu regretteras et sa proposition, et sa présence"

Je souriais alors, et hochais la tête en signe d'accord. On se mettait très vite en route, et en effet, elle n'habitait pas loin du tout, dans la Oxford St, pratiquement attenante au Hyde Park, je n'étais donc pas dépaysée du tout.

On entrait dans son appartement, et là, ma machoire subit le même sort que lorsque j'ai vu Clarke pour la première fois. Il n'était pas très grand mais était aménagé d'une manière si belle, que le temps d'un instant je crus être dans un magasin de meubles. À travers la grande fenêtre du séjour, on pouvait voir la cour de l'immeuble, ses quatre bancs qui se faisaient face deux par deux, des carrés de terre étaient vides, et j'imaginais qu'en été se trouvent ici des jacinthes, lilas, fraisiers, ou tout autre type de fleurs.

Totalement ébahie, j'en perdais le fil de ma discussion avec la blonde. Elle partait dans une petite pièce, et c'est tout naturellement que je la suivais. J'entrais et là une pointe au cœur me prit. Dans cette salle de bain, un miroir reflétait tout ce qui pouvait avoir de plus répugnant, mais le pire c'est que ce reflet, c'était le mien.

Le choc était dur à encaisser, mais alors que j'étais sur le point de pleurer, je sentais Clarke poser sa main sur mon épaule.

-Je te laisse si tu veux, prends ta douche, les serviettes sont dans le tiroir du bas. Quand tu sors fait-le moi savoir, je te prêterai des vêtements.

Je hochais la tête et je la remerciais, elle en faisait beaucoup pour moi alors que rien ne l'y obligeait. C'est vrai, elle aurait pu simplement appeler à l'aide lorsque j'avais encore ma main dans son sac, et j'imagine qu'une dizaine de mecs aurait accouru à sa rescousse. Mais non. En plus d'avoir été discrète, elle a été compréhensive, et à l'heure actuelle elle est comme un chauffage dans le grand froid du canada, indispensable.

Je rentrais dans la douche, l'eau avait à peine eu le temps de chauffer, mais je ne pouvais plus attendre. Je sentais chacune des gouttes degouniler sur mon corps, elles dansaient et me chatouillaient. Cette sensation pourtant si singulière me fit sourire, et sans vraiment m'en rendre compte, je dansais avec elles. Je ne restais pas trop longtemps sous l'eau maintenant bouillante, ne voulant pas user de la bonté de mon hôte. Je sentais bon, mes cheveux mouillés et aplatis me faisaient une tête que je n'avais pas vue depuis longtemps, j'étais heureuse.

Je sortais de la salle de bain, la serviette enroulée autour de moi, et appelais Clarke. Elle accourait tout de suite, et ses joues sont devenues rouges à une vitesse hallucinante, j'avoue ne pas avoir compris. Elle semblait étonnée de me voir, pourtant je l'avais appelée, et elle savait très bien que j'étais chez elle.

-C'est fou comme une douche peut changer une personne !

Elle souriait de toutes ses dents, et je lui rendais très vite son sourire. Avec beaucoup d'entrain, elle me tirait dans sa grande garde robe. Elle était immense, un nombre incalculable de fringues et de chaussures y étaient entassées. Je regardais autour de moi, et observais beaucoup de robes et de hauts sophistiqués. Je ne voulais pas faire la compliquée, mais j'ai toujours été un garçon manqué, et ce n'est pas mon style de porter des strass. Clarke a du le ressentir, ou le voir à ma tête, a fouillé dans quelques tiroirs, pour enfin me sortir un pull très large ainsi qu'un jean basique. Elle savait comment me plaire. Je comptais aller dormir un petit coup et repartir dans la rue juste après, mais la blonde en avait décidé autrement.

-On mange un bout, et on part faire du shopping ! J'ai qu'un sweat faut qu'on trouve d'autres choses à te mettre !

J'étais touchée, mais pourquoi faisait-elle tout ça pour moi, pour quelqu'un qu'elle ne connaissait pas ?

Ma plus belle erreur -clexa-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant