Chapitre 1

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Le soleil disparaît derrière la mer comme dans les mauvaises comédies romantiques. Nan je déconne il n'y a pas de mer en Allemagne.
John , occupé à tenter ouvertement de draguer la jeune femme du stand de crêpe, qui au passage est vraiment charmante , semble avoir oublié que Dean est plutôt du genre ... impatient. Et perturbé. Oui je crois que c'est le bon terme.
Dean , 21 ans , fume une cigarette mal roulé et comme un jeu idiot , s'amuse à souffler la fumée sur les passants. La plupart du temps il ne reçoit qu'un simple regard dėsaprobateur. Et comme d'habitude il me tend le reste de sa drogue :

- Je ne fume pas tu le sais bien Dean.
- Tu finiras par t'y mettre petit. Comme ton petit frère John. D'ailleurs tu m'explique pourquoi ce môme de 13 ans emmerde une femme qui a le double de son âge ?

La vendeuse semble , en effet , plutôt importuner par l'agent qui me sert de petit frère pour cette mission. Il se penche ouvertement pour regarder le décolleté de la femme qui finit par rougir. Elle lui chuchotte quelque chose que John ne semble pas comprendre. Je me mord la joue pour retenir un fou rire. Il est mignon John mais il ne sait absolument pas s'y prendre avec les filles , même celles du campus.

- Au fait Mathias toujours pas intéressé par Brenda ?
- Je t'ai déjà dit hors de question de m'engager dans une relation.

Impossible pour moi de sortir avec une fille autre que Mélissa même pour les besoins d'une mission. On est ensemble depuis l'âge de 11 ans et je ne compte pas gâcher notre histoire de cette manière.
A l'instant où Dean allait me répondre que sa soeur appréciait vraiment mon côté charmeur , des cris se font entendre de l'autre côté de la place. Et ces voix je les connais. Dean roule des yeux paniqués et lâche un juron peu commode en allemand avant de me désigner nos deux bolides de la main :

- Prend ton frère et casse toi Matt ! On est morts si ces types nous chopent !

John alerté par les voix des chefs de gangs ennemis de Dean m'a déjà rejoint et enfilé son casque. J'enfourche la moto et mets les gaz. John me hurle un truc sur les limitations de vitesse tandis que je lui rétorque de fermer sa gueule. On était censé attendre tranquillement un pote de Dean pour parler affaire et recueillir des infos compromettantes permettant d'arrêter le gang de Dean. Sauf que la c'est mort. Les deux motards qui nous suivent sont des malades. Des vrais , comme j'en ai vu peu. Dans mon rétro je vois clairement le reflet de leurs armes métalliques qui brillent sous le soleil de Munich.
Merde , merde. Ces types n'étaient pas censé être en ville aujourd'hui. Ça fait des semaines qu'on les évite...
Wolfgang tire dans les pneus de Dean et les miens. Dean saute de sa moto en même temps qu'explose sa cervelle. C'est dégeulasse , bordel !
Je crie à John de descendre , de courir et d'appeler Kerry. Je ne m'arrête même pas lorsqu'il saute du véhicule à deux roues et retourne en arrière. Sinon John ne pourra jamais se tailler , il va se faire descendre.
La tête de Dean est vraiment en bouillie. Je retiens un haut le coeur tandis que je retire mon casque.

Wolfgang et son acolyte , un typé asiatique , me pointent avec une arme et je lève les mains en l'air.

- À genoux connard!

Mélissa. Je t'aime. Putain je veux pas mourir. Je te le promet , je veux te revoir , te serer dans mes bras , t'embrasser. Sentir ton odeur. Je ne veux pas mourir Mél tu le sais n'est ce pas ? Mais je dois protéger John et c'est le seul moyen. Lui faire gagner du temps. Peu importe le prix et la mission. Mon amour j'aimerais tellement que tu m'entendes , que tu sois la spirituellement. Je n'ai besoin que de toi mon ange. C'est pas de cette manière que j'avais imaginé partir.

- Dis donc ce serait pas Mathias Heinzel ? Le nouveau bras droit de ce cher...Dean ?

Le regard fixé sur l'horizon , j'acquiesce . Pourquoi nier ?

- Wolf des gens arrivent bute le ! Dépêche toi !

J'entend des cris. La voix de Kerry , comment peut-elle être déjà là ? A moins qu'elle nous surveillaient... J'entend le singulier bruit d'une arme qu'on décharge deux fois. Deux douleurs intensent dans la poitrine. Le visage de ma petite amie dans l'esprit et mon corps baignant dans le rouge. Un tourbillons d'image , de sons et de sensations. Mon Dieu comme j'ai mal. Je n'ai jamais ressenti une telle douleur. La mort n'est pas douce... Une violente quinte de toux me prend et je crache un filet de bave écarlate. J'ai dit un filet. Sérieusement ? Mon torse est littéralement en feu et mes poumons remplis de sang empêchent l'oxygène dont j'ai tellement besoin pour rester en vie , d'atteindre mes poumons . Je tente de m'appuyer sur mes genoux mais la douleur me fait plier et je m'affale lamentablement sur le bitume.

- MATHIAS !!!!! Merde , merde reste avec moi ok ? Les secours arrivent ok ? Ne ferme pas les yeux , reste avec moi , Matt! Matt !
- Par....don...Kerry...Je suis désolé.
- Reste calme , reste calme ....
- Dis lui que je l'aime.
- Tu lui diras toi même , me répond Kerry en me caressant doucement les cheveux. Alors je lui souris. Je lui souris parce que ses bras me rappellent ceux de ma mère , cette femme que je vais rejoindre. Puis je ferme les yeux , incapable de tenir une seconde de plus.

J'entend encore des bruits , des sons que je ne saurais identifier. La voix de John , mon "petit frère". Il est au téléphone. Je suis triste pour lui , triste qu'il ai du assister à tout cela. Il y a des voix inconnues aussi , de l'allemand que je n'arrive plus à comprendre. Bordel je ne comprend même plus ma langue maternelle.
Kerry me parle toujours. Elle pleure. Je distingue parfaitement ses sanglots étouffés et sens sa main tenir la mienne tandis que son autre bras soutient mon dos pour me permettre de mieux respirer. Je vais crever je le sais. Et Kerry pleure parce que elle le sait aussi.

****

Je suis ce qu'on pourrait appeler une légende, au campus. Je suis revenu de ma première mission avec le T-Shirt bleu marine et j'ai obtenu le noir lors de ma troisième. J'ai déjoué un attentat. J'ai pourri la vie de pas mal de connard. Je ne suis sortie qu'avec une seule fille. Ok ça personne ne l'admire et c'est bien regrettable. J'ai perdu mes parents à l'âge de 10 ans dans un cambriolage qui a mal tourné ou j'ai failli y passer aussi. Côtoyer la mort c'est devenu mon quotidien.

En parlant avec d'anciens agents on se rend bien compte que la mentalité a évolué. En mal. La plupart des missions sont en liens avec le terrorisme et un agent a perdu la vie il y a deux ans. Parfois je regrette d'avoir rejoint cette organisation....

****

- Mathias?

Le bruit des sirènes de l'ambulance résonnent dans mon crâne. C'est horrible. J'essaye de respirer mais tout ce que je sens c'est cet affreux liquide écarlate qui coule le long de ma bouche. Je suis pris d'une violente quinte de toux et c'est à ce moment là que je constate que je suis sous oxygène. Je me sens tellement mal et ce masque ne fait que sauver les apparences.

- On a réussi à le réannimer mais il est loin d'être tiré d'affaire. Son coeur ne pompe plus assez de sang. Transfusion inutile , le sang ressortirait immédiatement par ses plaies torsales.

Nouvel arrêt cardiaque. Je le sens au fond de moi que je vais repartir. J'ai le temps d'apercevoir John qui se tient la tête entre ses mains. Kerry est là à côté toujours en train de me serrer la main comme si j'allais m'enfuir. Je ne comprend pas tout ce qu'elle dit à part que je dois me battre. Évidemment c'est toujours moi qui doit fournir les efforts....
Mes yeux se ferment brutalement mais j'entend tout de même le moniteur cardiaque hurler à la mort avant de perdre connaissance.

CHERUB : L'autre face EN PAUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant