Kaléidoscope.

Après la pluie . #3

Les choses peuvent paraître insupportables, lorsqu'on est dans un mauvais état d'esprit, nous avons la mauvaise habitude de baisser les bras rapidement, de nous auto-mutiler mentalement avec des reproches ? Des sermons. C'est dans ces moments qu'on a tendance à se remettre en question ou au contraire nous laisser submerger par nos désirs égoïstes. Nos pulsions refoulées. On a cette facilitée à nous dé-responsabiliser de nos actes et de nos défauts avec les arguments fatalistes. À coup de « parce que c'est comme ça !».

Il est beaucoup plus dur de se battre que d'abandonner. Se battre demande des efforts physiques et mentaux et surtout une endurance et une ténacité que nous n'arrivons pas toujours à trouver ou que nous ne voulons pas trouver, car il y a bien une chose que cette expérience m'a apprise, c'est que l'être humain s'adapte à tous, même à la douleur. Donc l'excuse de la fatalité n'est pas justifiée la plupart du temps. Savoir que quel que soit le prétexte, nous aimons nous entretenir d'un déni qui nous pousse à ne pas agir. Dans un sens général, c'est juste la manifestation du péché de la paresse.

Ce n'est pas parce que j'ai conscience de ce défaut humain que j'en suis épargné, au contraire, je suis qu'une simple humaine comme tant d'autre. Il m'arrive de juger, de me déplaire et de commenter mais, sans pour autant y changer quoique ce soit. Je me dis souvent que je n'ai pas vraiment à me plaindre, ou de façon obscure que je me complais dans la souffrance que cette situation m'apporte.

Parce que je suis trop lâche pour vouloir combattre.

...

Vous savez avant d'avoir le cancer, j'étais une fille nerveuse et rapidement angoissée et je me vengeais rapidement sur la nourriture. Je ne me souviens plus du nombre de fois où je me suis levée la nuit pour manger jusqu'à en vomir par pure boulimie, ou le nombre de fois que je me suis gavée de bonbons ou de chocolat jusqu'à en avoir une crise de foie. Le cancer a emporté beaucoup de choses de moi et cette mauvaise habitude en faisait partie. Mais maintenant je suis un bébé de huit mois, en pleine croissance et qui a aussi une dent sucrée. Pauline avait commencée à me nourrir qu'autrement que par le sein et elle avait commencé à me nourrir par des purées. Je m'en plaignais pas trop, je dois avouer que je commençais à être sérieusement mal à l'aise de coller ma bouche sur sa poitrine alors que j'avais l'explicite conscience que je n'étais peut-être pas la seule à la monopoliser.

Pauline et Evrard étaient des adultes encore jeune, proche de la trentaine à mon avis. Et n'oubliez pas que je suis une ado de 16 ans qui a fréquenté le lycée. Vous savez, ce lieu où on rassemble des ados boutonneux remplis d'hormones frémissantes.

- À ce que je vois t'aime la purée de carotte, je me souviens encore de Jean qui faisait des pieds et des mains parce qu'il ne voulait pas manger de légumes. Sourit doucement Pauline, le concerné devint rapidement rouge-pivoine.

- Maman ! S'écriât-il horrifier alors que ses amis puissent se moquer royalement de lui. Je ne pus moi-même empêcher un ricanement, mauvaise idée, je commençais à dégouliner de purée et je repeignais la table dans une imitation assez réussite d'une œuvre de Jackson Pollock.

- Ah beurk Cassie t'es en train de baver ! Jean fit une moue dégoûtée à mon faciès baveux. Je ne pouvais pas lui en vouloir, je ne devais pas avoir le sexe appeal de Marylin Monroe sur le coup.

- Bah quoi Jean, quand on voit ta face de furet, y'a d'quoi perdre les mots ! Je ne pus m'empêcher de commençer à rire de façon hystérique quand je vis le visage littéralement déconfit de mon frère face à la blague d'un de ses amis.

Mais quand je vis que je suis la seule à rire, je me pose questions et balaya du regard la pièce, ma mère et Jean me regardaient avec des yeux globuleux.