Chapitre 3

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Jour 1

Bonjour Katrina, je me doute que tu es affublé de ton pyjama jaune qui ferais peur à un canard, et je sais que tu as un programme surchargé pour cette première journée . Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir être avec toi aujourd'hui ni les cinq prochains jours... Je dois retrouver mes parents, ça va faire bientôt dix-sept ans que je ne les ai pas vue et j'espère que tu comprendras. J'ai hésité à te parler de ça ou même à t'emmener voir mes parents avec moi... mais je me suis ravisé. Sache que je suis heureux d'être à Paris avec toi, dans cinq jours je te ferai visiter pleins de petits coins sympa, on s'amusera bien tu verras.
Bisous, ton papa.

PS: j'ai fait les courses, tout est dans le frigo

Ce petit mot charmant était écrit sur du papier rose collé sur la porte du réfrigérateur de l'appartement de papa dans le 15e arrondissement. Sûrement s'était -il dit que j'aurais cinq jours pour oublier qu'il m'avait totalement abandonné. Je comprenais qu'il avait besoin de voir ses parents mais tout de même, me laisser toute seule dès le premier jour.

L'appartement n'était pas très grand, pour ne pas dire tout petit. Il y avait deux chambres tellement étriqués que l'on ne pouvait pas mettre autres chose qu'un lit simple, une salle de bain sans bain malheureusement et un salon-cuisine. Autant dire que c'était ma pièce préférée, la plus spacieuse, deux grandes fenêtres qui donnait sur les toits de Paris permettaient à la lumière de rentrer. Je vais à présent m'étendre sur le canapé toujours accompagnée de mon magnifique pyjama jaune.

Après quelque minutes de réflection et de recherche approfondie dans le livre-guide de Paris et j'ai trouvé mon programme de la journée.

Je me débarrassais enfin de mon pyjama et enfilais un jeans noir et un sweat à capuche de la même couleur. Je me fie rapidement une queue-de-cheval, mis mes chaussures, attrapais mes écouteurs et partie en claquant la porte. Je descendus les huit étages qui me séparaient de la rue, en route pour la visite.

Je marchais dans les ruelles pavées en direction du métro, j'avais prévue de monter les 1000 marchés de la tour Montparnasse avant que la chanson une belle histoire de Michel Fugain n'atteigne la dernière note, un vrai chalenge!
Toute excitée par mes projets je rentrais dans une brasserie et m'achetais une salade de pâtes.

Dans le métro je sentais le regard des gens, certain tournait la tête, regardant mon visage avec étonnement. J'augmentais le volume de la musique et remontais ma capuche de sorte à cacher mon visage constellé de tâches de rousseurs.

Une petite fille de mon âge s'approchait, elle était brune et portait une jolie robe rose. Elle semblait sûr d'elle et marchait telle une reine vers moi. Elle s'assit sur une balançoire à côté de moi et tourna sa tête vers moi.
-Es-tu le diable ? Demanda t-elle de sa voix innocente
-Bien sûr que non, je fronçais mes sourcils roux en grimaçant
-Maman dit que tu es le diable, affirma la petite, elle m'a dit "Victoire ne t'approche pas du diable, il est vil, sournois et mauvais. Il peut prendre l'apparence d'une fille innocente mais tu le reconnaîtrai, il a les cheveux rouges comme l'enfer, des taches de rousseur cachent son visage tel une vaine tentative pour masquer sa nature abominable. Promet moi de partir en courant si tu as, un jour, le malheur de croiser son chemin."
Je haussais les épaules pas du tout choqué par les propos de Victoire, dans mon esprit de fillette de cinq ans, cette fille racontait quelques bêtises pour me faire rire. J'avais tellement hâte de jouer que je ne la laissais même pas ouvrir la bouche et lui demandais
-Tu veux qu'on joue à cache-cache ?
Victoire était sur le point de dire quelque chose lorsqu'une femme, que je supposais être sa mère, arriva en courant l'air paniquée.
-Victoire éloigne-toi tout de suite du diable, cria t-elle, il pourrait te faire du mal!

A partir de ce moment j'ai eu honte de moi et de mon visage. Je pris alors l'habitude de porter de grands chapeaux ou des capuches qui cacheraient ma face.

Je continuais mon chemin jusqu'à un imposant bâtiment, tellement haut qu'il me donnait le tournis : la tour Montparnasse se dressait devant moi. Je m'engouffrais alors dans le hall, devant l'ascenseur se trouvait une queue monstre. Je me dirigeais vers une petite porte à l'écart, les escaliers. Quelques personnes courageuses s'y trouvaient déjà et gravissaient les marches en soufflant. Je lançais la musique, je courrais, je courrais encore et encore avec de plus en plus de difficultés. Les paroles d'une belle histoire défilaient rapidement, trop rapidement. J'accélérais le plus possible, contre le temps qui se réduit, contre la musique... il rentra chez lui, là haut vers le brouillard, elle est descendue là-bas dans le midi, c'est un beau roman, c'est une belle histoire, c'est une romance d'aujourd'hui. Les dernières notes de la mélodie retentirent, j'étais essoufflée et pas du tout en haut de la tour pourtant je me mis à sourire, les gens me regardaient bizarrement mais j'étais heureuse.

J'observais Paris depuis la terrasse de la tour Montparnasse, on apercevait la célèbre Tour Eiffel, le sacré cœur, les invalides, les jardins du Luxembourg... c'était superbe, à couper le souffle.
J'ai dû rester une heure au moins devant cette vue panoramique de la capitale.

J'ai pris le métro pour revenir à l'appart et je me suis fait un bon thé chaud en rentrant avant de m'affaler sur le canapé en pyjama jaune.

Ma première journée à Paris, toute seule...

SunshineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant