Condamnation

La sonnerie du réveil vient de retentir violemment. Un bruit grinçant et sourd sort brutalement Anne de son sommeil. Encore à  moitié consciente,  elle peine à reprendre ses esprits. Elle sort du brouillard matinal seulement lorsqu'elle s'aperçoit que son mari est absent du lit conjugal. 

C'est bizarre, il est pourtant rentrer tard hier soir. Pour une histoire de boulot soit disant. D'la merde! Des conneries tout ça. C'est le même blabla infâme qu'il dégurgite à chaque fois de sa bouche dégueulasse .

Son mari n'était pas passé inaperçue dans le ménage l'autre soir  lorsque il rentra une fois ces occupations terminées.  En effet , il se débattait parmi tout les objets qui encombraient l'appartement . Cette lutte se déroula dans le noir à défaut de ne pas avoir trouver une source de lumière suffisante. Désorienté par l'ivresse et déconcentré par les relents de Whisky qui lui remontaient depuis l'estomac , il fit de son passage de la porte d'entrée à la chambre une véritable épopée. 

Confuse, Anne se lève et se rend en direction de la cuisine en traînant des pieds. Son passage fait virevolter des feuilles  qui étaient  empilées les unes sur les autres .  Elle les ramasse dans un effort considérable pour ensuite les balancer sur la table basse sans même donner l'illusion d' un semblant d'ordre. L'appartement est dans un piteuse état. Des tas de poussière volent au moindre mouvement. Des miettes de pain rassis , des tâches collantes virant vers le jaune  dont la composition est difficile à déterminer tapissent le sol. Des piles de vêtements de toutes sortes disposés aléatoirement occupent de plus en plus le reste de l'espace disponible.

Arrivé dans la cuisine , elle est immédiatement agressé par une odeur  répugnante et vive  qui se prolifère dans la pièce. 

  "Merde"  

Il est là , face à elle. Le teint pale, les yeux vides , son corps flasque est effondré par terre dans une position improbable. On peut voir une tâche verdâtre qui commence a apparaître au bas du ventre dévoilé par le bouton de sa chemise qui est mal fermé.  

"il s'est tué putain"

 Un rire nerveux lui échappe.  Elle commence par ouvrir la fenêtre , l'odeur est tout simplement atroce.  Un mélange d'alcool bon marché et de vomi vient s'ajouté à celle émise par le corps. 

Dehors le temps est brumeux, quelques rayon de soleils transparaissent à travers le brouillard et la fumé noire. Celle si  s'échappe des entreprises en activité de plus en plus nombreuses dans les villes . Le vent matinale pénètre dans la pièce, un courant d'air  se fait ressentir mais cela ne permet pas de masquer l'odeur qui s'était  imprégné.  La ville commence peu à peu à s'éclairer , en revanche il fait encore sombre à l'intérieure.  

Anne se concentre de nouveau sur le mort. Pour certaines raisons éthiques, elle ne peut pas le laisser tel quel. Il faut se débarrasser du corps avant que les enfants ne  se réveillent  pour  leur épargner ce spectacle dont ils pourraient se passer .  Manifestement ils éprouvent de l'affection envers cet homme qui était leur père après tout . Ces problèmes semblent préoccuper Anne plus que la mort de son marie  elle même. Il  faudra leur annoncer la nouvelle, c'est inévitable.  

Dégoutté, elle soulève son corps immonde en essayant de le maintenir sous les aisselles. Elle tire une sale grimace et peine à garder l'équilibre. Il est peu probable que son corps fin et fébrile  fasse  le poid pour le soulever sans difficultés. D'ailleurs peu de temps s'écoule avant qu'elle ne cède . Les mains pâles et tâchés du mari  glissent le long du corps d'Anne . Il finit à genoux et sa tête heurte le bas du ventre de sa femme ce qui souilla inévitablement sa robe de chambre.  Anne , outré par les avances répugnantes du cadavre  perd l'équilibre en essayant de le dégager.Elle  tombe en arrière et la tête de ce qui était son mari atterri sur le sol en s'avançant entre ces jambes. La femme peine à reprendre son souffle. C'est bouleversé  et dépassé par les événements qu'elle repousse la tête par un coup de pied précipité et mal adroit dans un élan de violence.