Essais lunaires

Chapitre 3 : L'interrogation...

À peine ai-je le temps de réaliser la promiscuité de ce face-à-face que la propriétaire de ce visage se recule pour venir se poster derrière les deux autres déjà aperçus plus tôt. Quelle n'est pas ma surprise que de constater que contrairement à eux, ses membres sont des proportions similaires au mien, affermissant mon interrogation quant à leurs identités, réflexion coupé net par la prise de parole de la jeune femme...

-Le sujet semble pleinement conscient, non agressif et entièrement remis, mais au vu de son comportement, des dommages cérébraux sont possibles.

C'est interloqué et un peu vexé que je réplique aussitôt :

-Essayez la cryogénisation, restez des années dans votre tube, puis revenez à la vie totalement défiguré au milieu d'inconnus et tentez d'agir normalement ! m'écriai-je tout en me redressant, repoussant la couverture qui me faisant maintenant plus l'effet d'un linceul que d'une protection.

-Vous ne po...

-Il suffit, ce n'est pas à vous de lui dicter sa conduite, certes il possède un corps comme le vôtre, mais la ressemblance s'arrête là, il vous est bien supérieur.

-Comme vous voudrez, répond-elle immédiatement au baissant le regard.

Je comprends que la jeune femme, essayant de me réprimander pour mon éclat de voix, s'est elle-même exposée à une réprimande au nom d'une différence que m'échappe. Pourtant cet échange montre qu'il semble exister une sorte de hiérarchie définie par la morphologie où ceux me ressemblant semblent être inférieurs. Je ne peux cependant pas réfléchir davantage à la question, une des deux long-bras reprenant la parole.

-Veuillez excuser son insolence et surtout son ignorance, ils ne connaissent rien des contraintes imposées par nos voyages.

L'autre long-bras enchaine aussitôt, commençant un étrange monologue à deux voixparfaitement maitrisé.

-Vous êtes le premier ancien que nous rencontrons, nous étions déjà étonnés de retrouver un vaisseau datant d'avant l'hendo...

-D'ailleurs, à ce propos nous aurions quelques qu...

Unesirène retentit soudainement ne laissant plus que les mouvements de lèvresindiquer que leurs discours continuent un moment. Je n'ai même pas le temps definir de m'interroger quant à la source et à la signification de cette alarmeque déjà elle se tait.

C'est donc avec effroi que je constate qu'elles onteffectivement continué comme si de rien n'était alors que l'autre, la jouetoujours écarlate, semblait affectée elle aussi à en juger par la légèregrimace qu'elle arborait alors.

Profitant d'une pause, je m'apprête à les couper pour leurs demander de répéter quand d'un même mouvement, parfaitement synchronisés ... Inhumain les deux sortent de la pièce.

Je constate que celle que je nomme maintenant écarlate, ne connaissant bien évidemment pas son prénom, reste quant à elle écrire ce qui me semble être un rapport tout en me jetant quelques regards aussi furtifs qu'intrigués.

Je nepeux pas rester ici les bras croisés, surtout sans connaitre l'intégralité dudiscours des deux autres. Et si elles avaient dit quelque chose à propos de monvaisseau ou encore de mon équipage ? De plus, quel est cet hendo dontelles ont fait référence ? Un évènement, une date, qui sait ?

C'est donc la tête pleine d'interrogations que je porte mon regard sur écarlate et m'éclaircis la gorge...

Elle porte sur moi un regard intrigué que je prendscomme une invitation au dialogue. Je me redresse alors, essayant de trouver uneposition à la fois plus confortable et plus apte à la conversation.

-Tout d'abord, je suis désolé c'est à cause de moi qu'elles vous ont frappée non ?

Écarlate se penche en avant et me regarde fixement.

-Ceci est-il un test ?

Je fais non de la tête. Je ne vois pas du tout de quoi elle veut parler.

Elle éclate soudain de rire, un rire nerveux presque forcé qui une fois calmée la laisse pantelante.

-Si c'est n'est pas un test, tu n'as pas compris ce qu'elles ont dit durant le rappel, rappel que tu as également entendu donc ?

Je réponds cette fois par l'affirmative. Je ne vois toujours pas où cette conversation nous mène, créant d'autant plus de questions sans réponses. Ma nouvelle perplexité laisse rapidement place à l'incrédulité quand je la vois repartir de plus belle dans un rire, semble-t-il, incontrôlable.

-Pouvez-vous arrêter de rire et m'expliquer ce qui se passe ? En quelle année sommes-nous ?

Le temps de se recomposer une expression neutre, elle me répond très calmement :

-Nous sommes en 337 après l'hendo...