C'est rythmé par une mélopée électronique que lentement je m'éveil, refaisant connaissance avec des sensations qu'il me semblait ne plus connaitre. Après la reconquête de mes sensations, vint le moment de retrouver un autre de mes sens, la vue. Ce moment à la fois redouté et désiré ne peut plus attendre car plus je m'attarde sur mes sensations, plus les sentiments qui y sont rattachés se précisent et je ne me sens pas encore prêt à les affronter.
C'est donc chargé d'appréhensions mais aussi d'une grande curiosité que j'ordonne à mes paupières de se soulever, dévoilant à mon âme un monde me semblant tout aussi proche que lointain. Je commence donc la lente inspection de mon environnement, motivé par ma soif toujours plus grande de ne pas laisser court à mes émotions et encore pire souvenirs toujours plus pressant au fil des minutes.
Le plafond d'un blanc nacré se tenant à seulement un mètre de ma tête n'est entaché que d'une large balafre qu'il me faut du temps pour appeler fenêtre devant l'absence de paysage extérieur. Seule une noirceur sans nom est visible, simplement ponctuée de lumière vacillante qui me semble bien lointaine.
Une fois lassé de ce morne tableau je porte mon regard sur le lieu en lui-même. J'observe donc des murs tout aussi blancs mais cette fois-ci comme capitonné, une table d'un noir de jais sur lequel repose un pichet rempli d'un liquide cristallin. Un moment perplexe, mon corps réagit immédiatement, réclamant à grand cris de quoi étancher une soif dévorante.
Je parviens finalement à reprendre le contrôle quelques instants plus tard, luttant pour empêcher mon corps de se jeter de ce qui me semble être un lit pour atteindre la table. Qui aurait cru que la simple envie de boire serait plus dur à contenir que les souvenirs et autres sentiments plus complexes ? C'est donc avec prudence et après une série de longues inspiration que je continue mon inspection, me rapprochant d'un moment crucial, celui où je vais suffisamment baisser le regard pour regarder mon corps, à la fois mien et étranger ne sachant pas à quoi m'attendre.
Le hasard ne pouvait pas être plus cruel car c'est en parcourant le reste de la pièce que mon regard accroche ce qui me semble être une porte ouverte vers une autre chambre, comportant le même aménagement que le mien, le lit également occupé mais par une créature indéfinissable, sorte de simulacre humain avec son corps décharné, presque diaphane, et son crâne chauve. Je contemple donc cette étrange vision, m'agite pour trouver une position plus confortable puis me fige horrifié.
En effet, c'est avec effarement que je réalise que ce que je prends pour une porte est en fait un miroir et que la créature me faisant face n'était autre que...moi. C'est donc pris de panique que mon corps que se convulse, refusant la vérité, et je sombre à nouveau dans des ténèbres qui me semblent bien douces...
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Essais lunaires
Ciencia FicciónRécit d'une histoire écrite au sein des couvertures, abreuvée de nombreux rêves, lectures et chocolat chaud, bercée par la voute étoilé et d'envoutante musique. L'immensitée de l'espace est bien vide, mais le reste t'elle indéfiniment ?