II. Septembre, encore

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Septembre, encore.

Maintenant, ils se connaissent mieux.

Maintenant, chaque matin, elle lui claque une bise sonore sur chaque joue.

Maintenant, chaque matin après l'avoir salué, elle lui sourie et glisse sa main à elle dans ses cheveux à lui.

Et maintenant, à chaque fois qu'elle lui caresse la tête, il soupire de contentement et lui sourie en retour, toujours un peu plus heureux de cette proximité.

Et même s'ils ne le remarquent pas encore, leurs attention durent tous les jours un peu plus longtemps. Elle effleure toujours un peu plus longtemps sa chevelure, et il incurve toujours ses lèvres plus haut.

Le temps passe et ils deviennent inséparables, on ne voit jamais l'un sans l'autre. A coté dans presque tous les cours, ils ne parlent pourtant jamais. Ils attendent patiemment la fin. Et une fois sortis, ils explosent.Souvent de rire.

Chaque jeudi, ils sont séparés pour quatre heures, en demi-groupe. C'est long quatre heures. Français, histoire, physique pour l'un. Histoire, français, SVT pour l'autre. Et puis on tourne. Semaine A. Semaine B. A. B.

Mais, c'est long quatre heures, alors ils font passer le temps en s'envoyant des messages pendant le cours. Ici je vais bien. Vite la prof de français ne regarde pas.

Et puis comme s'ils ne s'étaient pas quittés, ils se retrouvent et rient ensemble.

Ils ont toujours les mêmes habitudes. Un rituel. Leur rituel. A chaque pause, ils s'assoient sur le banc de leur rencontre en regardant les lycéens passer. Souvent ils sont en retard après la récréation. Ils étaient dans leur univers. Dans leur galaxie. Coupés du monde.

Ils les voyaient tous.Les sportifs. Les gamers. Les clowns. Ceux qui dorment encore. Ceux qui, au contraire, sont beaucoup trop réveillés. Les fumeurs, de cigarettes, ou pas. Ceux qui avaient des bonnes notes. Ceux qui criaient tout le temps. Ceux qui riaient. Ceux qui chantaient,parfois bien, parfois pas. Et surtout, ils y avaient ceux qui ne faisaient que passer. Ceux qui ne s'arrêtent jamais.

Pas comme elle. Pas comme lui. Pas comme vous.

Eux, ils prennent toujours le temps de s'arrêter, de respirer. Et quand la sonnerie retentit, ils attendent encore, il faut que la cour se vide. Et seulement à ce moment. Ils rentrent aussi. Apaisés. Satisfaits.

Et alors, plus vite qu'un cheval au galop, la fin arrive. Brutal. Mais tant attendu. Elle soulage. Tout le monde sort. Le plus vite possible. Il faut rentrer.

Mais pas elle. Elle patiente toujours un petit peu, elle savoure le moment. Les couloirs.Vides. Les salles de classe, les escaliers. Vides. Plus aucun son.Plus aucun bruit. Personne. Personne à part elle.

Même pas lui, il rentre vite le soir. Il se dépêche, plus il va vite, plus vite il est chez lui. Il l'adore mais voir le lycée vide lui fait peur. C'est le seul moment qu'ils ne partagent pas encore.

Quand elle est rentrée,que la nuit est tombée, elle sort son téléphone. Elle l'appelle.Il décroche.

« Bonne nuit »



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