III. Octobre

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Octobre

Septembre est fini, l'été aussi.

Les jours raccourcissent.La nuit arrive toujours plus tôt, toujours plus vite. Le moral est en berne mais les vacances sont en vu.

Tous les lycéens ont hâte, ils attendent impatiemment. Cela leurs permet de tenir jusqu'à la pause. Ils se ruent alors sur les bancs intérieurs. En Octobre,il pleut.

Mais, ni lui, ni elle ne reste dans l'enceinte du lycée. Qu'il pleuve ou bien qu'il vente,ils passent toujours un moment dans la cour. Sur leur banc. Témoins de tant de secrets. Ils en savent plus à présent. Autant sur l'un que sur l'autre. Ainsi leur relation continue d'évoluer. Ils se parlent toujours autant, mais les conversations sont moins futiles.Plus sincères, plus réfléchies. Ils discutent.

Ils discutent tout le temps, sur leur banc, en sortant des classes, en rentrant dans les classes. Ils arrivent même en avance au lycée le matin pour avoir le plaisir de se voir en tête à tête. Chaque jour ils se découvrent un peu plus. Maintenant, ils sont amis.

Et puis, pour eux aussi les vacances arrivent. Ils ont prévu de passer Halloween ensemble.Il adore se déguiser, et elle, adore les sucreries. Ils étaient faits pour se rencontrer. Même si, elle aime les livres alors qu'il préfère les films.

Ils se complètent,comme le ying et le yang, comme la lune et le soleil, comme le noir et le blanc. L'écrivain et les mots. La musique et les notes. Le papier et le crayon. L'encre et la plume. Le jour et la nuit.

Elle est devenue l'étoile qui éclaire ses nuits. Il ne la quitte des yeux que pour y replonger à nouveau. Ce jour-là il lui écrit une phrase dans son cahier.

« Tes yeux sont si profond qu'en me penchant pour boire j'ai vu tous les soleils venir s'y miraient ». D'ailleurs, ses yeux à elle deviennent pétillants et malicieux. Elle lui lance un sourire radieux. Et pour le remercier, elle glisse sa main dans ses cheveux. Puis, tandis qu'il profite de son contact en soupirant de bien être et de contentement, elle se penche à son tour et marque sur sa feuille.

« Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire ».

Il y jette un coup d'œil et se réjouit en voyant qu'elle avait reconnu la référence. Il tourne la tête vers elle. Elle tourne la tête vers lui. Leurs regards se croisent et ils n'ont besoin d'aucune phrase. D'aucun mot.D'aucun geste. Ils s'étaient compris.

Et le soir, installés dans leur lits respectifs, ils repensaient à cette journée. Un léger sourire aux lèvres. Dès la nuit tombée, ils se précipitent sur leurs mobiles, hésitant à appeler. Pour une fois, il l'appelle et elle décroche. Durant de longues minutes, ils parlent de tout et de rien.

Mais peu à peu,l'agitation laisse place au silence. Seulement les bruits ambiants.Un ventilateur. Une route. Des voix. Deux respirations. Au même rythme. Une douce symphonie.

Inspire. Expire. Inspire. Expire. Rires nerveux.

L'instant est brisé. Ce n'est pas grave. Le silence encore. Et puis, sa voix. A lui.

« Dis moi Estelle,je ne savais pas que tu appréciais Aragon.

Helios, tu te trompe. Je ne l'apprécie pas, je l'adore. »



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