Chapitre 1

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J'ouvre un œil, puis deux. Je soupire. Il fait encore nuit et je suis incapable de me réveiller après 7h en ce moment. Je repousse mes couvertures et pose mes pieds sur le sol carrelé dont la froideur me fait frissonner. Je m'étire puis vais regarder par ma fenêtre. Tout est paisible, et hormis quelques lumières disparates, la ville semble endormie. Je me détourne de ce spectacle en souriant. J'enfile un gros pull par-dessus mon pyjama et me dirige vers mon salon, un peu groggy.

Cela fait 2 jours que j'ai emménagé à Boston. Je n'ai pas encore eu le temps de visiter la ville à cause des dizaines de cartons qui jonchent le sol de mon nouvel appartement mais aujourd'hui j'ai envie de voir à quoi elle ressemble. J'attrape une veste et un jean qui traînent sur mon canapé, mets mes clés dans ma poche et claque la porte.

Je me suis trouvé un studio en plein centre-ville, au deuxième étage d'un bâtiment un peu art déco, mais surtout à 5 minutes à pied de ma nouvelle école.

Je longe deux rues avant d'apercevoir la Berklee School of Music. L'édifice me surplombe de toute sa hauteur. Avec ses colonnes et sa façade géorgienne, il pourrait tout à fait avoir sa place dans une coquette rue de Londres. Je m'arrête sur le trottoir en face de l'entrée. Je n'arrive pas à croire que je suis ici. J'ai passé toute ma vie dans une petite ville du Vermont, persuadée que je finirai éleveuse de chèvres ou troubadour et voilà que je suis acceptée dans une école de musique à Boston.

Je suis tirée de mes pensées par un groupe d'étudiants ivres qui passe devant moi. Certains titubent, d'autres s'appuient les uns sur les autres. Je fronce le nez et tourne les talons. J'ai la soudaine envie d'appeler quelqu'un pour lui partager mon excitation mais en y réfléchissant, je n'ai personne à qui parler. Je mets mes mains dans mes poches. Peu importe.

La ville s'éveille peu à peu dans la douceur du mois de septembre. Je passe le reste de la journée à la parcourir. Mon vagabondage se termine dans un petit bibliocafé dans les environs de mon appartement, qui je sens va devenir mon endroit favori. Je sirote mon thé avec satisfaction. J'ai repéré les endroits qui m'intéressent, c'est-à-dire le parc, la bibliothèque et tous les vendeurs de vinyles qui puissent exister à Boston.

Ce soir-là, quand je me brosse les dents face à mon miroir, je marque d'un temps d'arrêt pour observer mon reflet.

Cheveux brun foncé, presque noirs, jusqu'aux épaules. Grands yeux verts.

Cernes.

Je réprime un sourire et une pensée me traverse l'esprit : "Tout ira bien."

Je ne me doutais pas à quel point j'avais tort.

Meurtres à BerkleeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant