|| Partie 6 : Attachés ||

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Exténués, brisés d'épuisement, Lucas et Maxence saluèrent chaque membre du magasin qui les avait accueillis si gentiment. Dans un dernier effort qui leur paru insurmontable, ils sourirent encore à ce personnel dont le travail d'aujourd'hui avait comblé les deux youtubers.

Tout le monde avait mis de ces tripes dans cette rencontre pour que tout se passe parfaitement dans les règles de l'art tout en laissant la fantaisie du binôme d'auteur s'exprimer pleinement. Le résultat était sans appel : des corps vidés mais des esprits enflés de bonheur et des yeux remplis d'étoiles suite au contact de la foule pétillante de joie.

Lucas et Maxence étaient les deux plus éreintés. Évidemment puisque c'était eux qui avait crié, écris, ris, joué toute l'après-midi sans s'arrêter ne serait-ce que cinq minutes. Compatissante envers leur mine surmenée, la patrone les dispensa de toute aide au rangement et les libéra dans une ultime poignée amicale.

C'est entre mélancolie et soulagement que Lucas et Maxence quittèrent donc le bâtiment par le même ascenseur de service. Tout deux étaient ravis de cette journée magique passée aux côtés de leurs abonnés mais aussi tristes d'avoir vu cet événement formidable prendre fin. Cependant ils étaient tellement fourbus qu'être resté une petite heure de plus dans cette atmosphère fiévreuse les aurait sûrement achevé sans qu'ils s'en rendent compte.

En effet, comme s'ils avaient été sous anesthésie générale depuis le début, les deux compagnons commençaient seulement à sentir doucement les douleurs musculaires se réveiller une par une aux quatre coins de leur corps. Pourtant, ce mal restait grisant, puisqu'il était le symbole de leur fait accompli avec brio : celui d'avoir rendu heureux tous leurs fans.

Ni Lucas, ni Maxence ne parvint à placer une phrase entre le trajet qui séparait le magasin de la station de métro. Ils n'avaient tout simplement plus de voix pour le faire. Le plus jeune sentait que le seul son qu'il parviendrait à produire serait un grésillement rocailleux des moins harmonieux.

De plus, son cerveau embrumé ne lui permettrait pas d'aligner des mots. Par dessus tout, les deux compères avaient dû marcher jusqu'aux sous-terrains afin d'attraper leur transport en commun ce qui leur avait définitivement enlevé l'envie de faire des efforts de communication.

Traînant sa valise comme un boulet d'une tonne, Maxence suivait mécaniquement Lucas comme si ce dernier était son messie. Ce n'est qu'une fois que le métro démarra que le chanteur souffla avant de s'affaler sur un fauteuil libre. Lucas en fit de même. Sauf que le plus jeune prit appui sur un bord de fenêtre, reposa sa tête sur son poing et sombra presque immédiatement dans un sommeil proche de l'inconscience totale.

Dans cette pénombre brutale qui lui tomba dessus, Lucas repensa à ce qu'il avait vécu aujourd'hui. Les rires de ses admirateurs semblaient encore lui résonner dans les tympans, venant s'ajouter au bruit ambiant des roues glissants sur les rails rouillés. Mais rien ne parvint à le faire revenir à lui : il avait trop besoin de ce minuscule moment de plénitude interne.

Une ombre vint soudainement obscurcir le tableau, un visage, plus précisément. Celui d'un homme aux yeux noisettes, aux cheveux aux reflets dorés sous le soleil au zénith et dont la voix mélodieuse l'avait accompagnée aujourd'hui. C'est un flot de doute qui vint troubler ses bons souvenirs, suite à l'apparition de cette silhouette vaporeuse.

Lucas, malgré son semi-coma d'épuisement, sentit son cœur se serrer pour remonter dans sa gorge. Il ne savait tout simplement plus où il en était. Que devait-il faire ? Valait il mieux ignorer ces sentiments qui poussaient en lui ? Ou bien foncer pour le laisser grandir et devenir une grande pouce fière ? Mais avant toute chose, quels étaient les enjeux ?

En premier lieu, sa relation avec Marie était directement compromise par le deuxième choix. Était-il prêt à affronter le regard déconfit de cette adorable jeune fille quand il lui annoncerait qu'il en pinçait pour quelque d'autre ? Lucas avait le courage de dire la vérité, mais il avouait qu'il n'était pas friand de ce genre de sensation désagréable de culpabilité qui venait l'écraser quand il annonçait une mauvaise nouvelle.

|| Juste pour rire ||    Squeezie × MaxenssOù les histoires vivent. Découvrez maintenant