Jour 1

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Jour 1

Nous avions atteint l'altiport depuis cinq bonnes minutes et nous marchions vers le hall. Le trajet s'était déroulé en silence. À huit heures du matin la chaleur était écrasante, la voiture ne possédant pas de clim, nous avions roulé les fenêtres ouvertes durant une demi-heure, avec pour seul bruit, le son des bourrasques dans l'habitacle.

— Prenons les escaliers jusqu'au quatrième étage, exigea Maxan.

Je dépassai l'ascenseur avec frustration. J'étais déjà en sueur dans mon débardeur et pantalon kaki. Mon sac pesait lourd, mais je me tus et obtempérai en le suivant. Il arriva avant moi, je le vis saluer une hôtesse. Cette dernière bavait devant lui. Je savais reconnaître un bel homme, même si plus aucun ne me donnait l'envie de m'investir. Personne ne m'avait touchée depuis six ans. Ça faisait long... très long. Mon corps ainsi que mes désirs féminins, me le rappelaient sans cesse. Mais c'était comme ça. Je ne me forcerais pas. D'après Cécile, je n'avais pas encore trouvé mon antidote, c'est-à-dire la bonne personne qui soignerait ma blessure. Toutefois, j'étais prête à essayer. J'examinai Maxan. C'était un beau brun, au visage bien dessiné et hâlé par le soleil. Une coupe militaire s'associait à son allure athlétique, des cils épais conféraient encore plus de puissance à son regard noir. Il me fit signe de poser mon sac sur une table ce qui me permit de me remettre les idées en place. Il se positionna en face et l'inspecta dans tous les sens.

— Avez-vous bien pris tout ce qui était noté sur la liste d'Agnès ?

Je hochai la tête en guise de réponse. Je n'avais pas encore retrouvé une respiration normale.

— Je n'ai pas besoin de vérifier ?

Je fis non. Il fronça les sourcils, perplexe par ma subite absence de parole. Je me mordis la lèvre, honteuse... mais c'était la seule solution pour ne pas trahir mon essoufflement.

— Donc, rien oublié ? insista-t-il.

Risque pas !

Ce n'était pas qu'une simple randonnée de huit jours dans un milieu aride, mouillé, chaud et froid, mais un exil ! On emportait ni cuisine, ni douche, ni w.-c., ni bouteille. Rien. Nada. Juste une popote basique, une gourde qu'on remplirait au fil des jours si nous trouvions de l'eau, et le strict minimum au niveau vêtements et en soins médicaux. Le reste, on le trouvera dans ce que la nature nous offrira. Alors non, je ne risquais pas d'oublier quoi que ce soit !

Je secouai de nouveau la tête. Il soupira, exaspéré et il pianota sur son téléphone.

— André, c'est Maxan. Nous décollons d'ici quinze minutes. Je voulais juste te signaler que nous changeons de parcours.

Je lui adressai mon regard le plus noir. Il souleva un sourcil, amusé.

— On prendra le B... Hum... OK... Oui, je t'envoie un message lorsque nous serons arrivés à la première balise. Ciao André.

Dès qu'il eut raccroché, je m'emportai :

— Vous n'avez pas le droit de changer de parcours ! Je suis venue jusqu'ici pour aller à l'infini !

— On se calme ! Nous empruntons juste un autre itinéraire, qui nous rallongera d'environ deux jours.

— Pourquoi ce changement ? répondis-je moins énervée.

Rendez vous à l'infini (publié chez REINES BEAUX)Where stories live. Discover now